mercredi 16 avril 2014

SEVEN

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de David Fincher. 1995. U.S.A. 2h07. Avec Brad Pitt, Morgan Freeman, Kevin Spacey, Gwyneth Paltrow, R. Lee Ermey, Richard Roundtree, John C. McGinley.

Sortie salles France: 31 Janvier 1996. U.S: 22 Septembre 1995

FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962 à Denver (Colorado). 1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac. 2008: L'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network. 2011: Millénium. 2014: Gone Girl.


Ernest Hemingway a écrit: "le monde est beau et vaut qu'on se batte pour lui". 
La seconde partie, je suis d'accord.

Référence absolue du genre (avec son acolyte le Silence des Agneaux), Seven fut autant un succès commercial que critique lors de sa sortie. Le revoir aujourd'hui prouve à quel point David Fincher a entrepris avec son 2è long-métrage une oeuvre proche de la perfection, à l'instar du travail méthodique accompli par John Doe, un tueur inspiré des 7 pêchers capitaux. A sept jours de la retraite, l'inspecteur Somerset est contraint de résoudre une affaire criminelle particulièrement difficile avec l'aide du jeune recru, David Mills. Ensemble, ils vont tenter de mettre la main sur l'un des tueurs les plus retors et machiavéliques ayant comme seul ambition de parfaire son chef-d'oeuvre ! Thriller morbide d'une noirceur nihiliste, Seven réexploite l'investigation criminelle et la traque au serial-killer avec un goût prononcé pour l'amertume. De par l'aigreur d'un flicard sclérosé, fatigué d'avoir eu à régler des affaires sordides dans un monde gangrené par le pêcher, et par l'éthique amorale d'un criminel studieux entièrement soumis à l'autorité de Dieu. Avec son climat pluvieux inscrit dans la morosité, David Fincher annonce la couleur blafarde d'une cité urbaine entièrement soumise à l'arrogance du tueur auquel deux inspecteurs sur le qui-vive redoubleront d'effort afin de déjouer son prochain homicide. Sans jamais verser dans une quelconque complaisance, Fincher joue la carte de la suggestion car nous ne verrons jamais de quelle manière explicite le tueur accomplit ses exactions.


C'est dans la résultante du crime et dans la version des faits exposés que Seven laisse gambader notre imaginaire vers un abîme d'ignominies. Que ce soit le châtiment invoqué à la gourmandise (l'obèse mort étouffé par sa propre bouffe !), à la paresse (la lente agonie d'un drogué avachi sur son lit durant 365 jours !), à l'orgueil (le visage d'une jolie femme lacérée au couteau) ou à la luxure (le jeu sexuel du godemiché perforant !), les tortures infligées sur chacune des victimes nous sont remémorées avec force et détails par les témoins, médecins ou complices éventuels (tel celui contraint de collaborer au pêcher de la luxure !). Sans compter sur la sagacité de notre duo d'inspecteurs ! Outre la rigueur géométrique d'une mise en scène virtuose (la poursuite impromptue dans l'immeuble du tueur culminant vers le centre urbain), David Fincher élabore une montée en puissance du suspense qui atteindra son apogée lors d'un final apocalyptique. La tension graduelle dont John Doe sait faire preuve pour intimider les inspecteurs lors de son escorte en véhicule redouble d'acuité lorsque ce dernier osera leur avouer ses deux plus beaux méfaits. Cette dernière partie anthologique distille un tel climat de malaise si bien que le Mal en personne semble y être le principal instigateur. On peut d'ailleurs établir une filiation avec l'aura malsaine d'une entité maléfique qui imprégnait la pellicule de Friedkin dans le fameux Exorciste, notamment cette analogie entre l'inspecteur Somerset et le père Damien Karras puisque tous deux gagnés par une non-croyance ! Qui plus est, le tueur venu de nulle part (John Doe est une fausse identité !) souhaite y laisser son empreinte et transmettre son rituel biblique à tous les dégénérés de la terre !


"La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance"
Chef-d'oeuvre de suspense et de tension dévoilant un regard sinistré sur la nature humaine, Seven demeure notamment un fabuleux numéro d'acteurs que Kevin Spacey monopolise avec autant de tranquillité apathique que de cynisme impassible ! Vertigineux jusqu'au malaise viscéral !

Bruno Matéï
3èx

Récompenses:
Meilleur film et meilleur scénario au festival Fantasporto,1996.
Saturn Awards du meilleur scénario et du meilleur maquillage en 1996.
MTV Movie Awards du meilleur film et du meilleur méchant (Kevin Spacey) en 1996.
Hochi Film Award du meilleur film étranger en 1996.
Empire Awards du meilleur film et du meilleur acteur (Morgan Freeman) en 1997.
Prix du public du meilleur film étranger aux prix Sant Jordi du cinéma en 1997.
Blue Ribbon Award du meilleur film étranger en 1996.

2 commentaires:

  1. Le malaise est saisissant dés le générique, anthologique, qui fit école puisque souvent copié même si jamais égalé, il nous montre un musée des horreurs qu'on imagine non fictionnel et installe un climat de malaise qui ne lâchera le spectateur que longtemps après le film. Hitchcock disait que le "méchant" devait être bon pour que le film le soit, ce métrage lui donne raison comme aucun autre. Mon souvenir est aussi celui de la confirmation du talent incroyable de l'interprète de John Doe qui vole les scènes dans lesquelles il apparaît avec un économie d'effet qui force l'admiration face à ses partenaires chevronnés.... Son apparition sous forme de reddition en est l'exemple le plus frappant. Seven restera comme un exemple dans le genre à égalité avec Silence des agneaux et ces deux films ne se démodent pas. Merci Bruno!

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  2. Excellent ton commentaire Yves que je rejoins dans son intégralité ! Merci aussi ^^

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