lundi 24 mars 2014

THE IMMIGRANT

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de James Gray. 2013. U.S.A. 1h57. Avec Joaquin Phoenix, Marion Cotillard, Jeremy Renner, Dagmara Dominczyk, Angela Sarafyan, Antoni Corone.

Sortie salles France: 27 Novembre 2013

FILMOGRAPHIE: James Gray est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né en 1969 à New-York.
1994: Little Odessa. 2000: The Yards. 2007: La Nuit nous appartient. 2008. Two overs. 2013: The Immigrant.


Cinq ans après Two Lovers, James Gray renoue avec le mélo afin de transposer The Immigrant, l'histoire douloureuse de deux soeurs polonaises fuyant leur pays pour accomplir le rêve américain après la première guerre mondiale. Arrivée à New-York, l'une d'elles est arrêtée par la police à cause de sa tuberculose et se voit admise dans un hôpital. Mais le jour de leur arrivée, l'aînée rencontre un gentleman affable décidé à lui venir en aide. En attente d'être prochainement expulsées, Ewa tente de trouver l'argent nécessaire pour sauver sa soeur mais se retrouve embarquée dans un réseau de prostitution.


Drame romantique dominé par la présence divine de Marion Cotillard, The Immigrant tire parti de son interprétation et des rapports équivoques qu'entretiennent le couple Ewa et Bruno, ce dernier s'avérant un insidieux maquereau. Si de prime abord, Ewa n'éprouve que du dégoût pour ce personnage sans scrupule et pour sa condition de prostituée, leur relation va peu à peu évoluer depuis que Bruno osera avouer ses sentiments. Avec l'intrusion du cousin Orlando, magicien de cabaret beaucoup plus intègre et tout aussi décidé à conquérir le coeur d'Ewa, on imagine que l'intrigue s'articulera autour d'un triangle amoureux, quand bien même un évènement inopiné va remettre en cause notre hypothèse. A travers cette liaison romantique inappropriée, James Gray brosse le portrait d'un anti-héros rongé par ses démons et sa médiocrité, mais rattrapé par une prise de conscience en quête de rédemption. Face à l'autorité de ce maître chanteur, Ewa nous retransmet son désarroi d'une femme humiliée gagnée par la honte et partagée entre le dilemme de deux hommes aux moralités contradictoires. Avec fragilité humaine, Mario Cotillard livre une fois de plus une interprétation magistrale pour incarner une immigrante timorée à la noble dignité lorsqu'il s'agit de s'opposer à l'injustice afin de sauvegarder l'existence de sa soeur.


Si l'intrigue manque inévitablement d'intensité émotionnelle dans sa dramaturgie imposée et dans la caractérisation de certains personnages (les rapports de force qu'entretiennent Bruno et Orlando ne s'avèrent pas très convaincants dans leur conflit d'autorité), la réalisation s'avère suffisamment compétente et soignée (la reconstitution d'époque est criante de vérité et la photo ocre illumine sa scénographie séculaire !) pour s'y laisser convaincre. Porté à bout de bras par le talent sobre de Marion Cotillard mais secondé par la présence cabotine de Joaquin Phoenix (sa confession finale invoquée à Ewa inspire l'outrance), The Immigrant réussit tout de même à nous séduire afin de nous impliquer dans leur idylle impossible.  

Bruno Matéï

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