mardi 4 mars 2014

PHANTOM OF THE PARADISE. Grand Prix à Avoriaz, 1975

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site badazzmofo.com

de Brian De Palma. 1974. U.S.A. 1h32. Avec Paul Williams, William Finley, Jessica Harper, George Memmoli, Gerrit Graham.

Grand Prix au Festival International d'Avoriaz en 1975

Sortie salles France: 25 Février 1975. U.S: 31 Octobre 1974

FILMOGRAPHIE: Brian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis.
1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted.


Auréolé du prestigieux Grand Prix à Avoriaz quelques mois après sa sortie, Phantom of the Paradise a remporté tous les suffrages pour édifier le chef-d'oeuvre de De Palma au rang d'authentique film-culte ! Brassant tous les genres cinématographiques avec une harmonie miraculeuse, cette satire musicale sur le milieu du Showbizz s'avère un moment d'émotion d'une intensité vertigineuse. Tour à tour romantique, fantastique, horrifique, délirant et tragique, Phantom of the Paradise ne possède aucun code de conduite pour parfaire l'entertainment, à l'instar des styles musicaux hétéroclites qui émaillent l'intrigue et qui vont provoquer chez le spectateur un sentiment d'euphorie proche de l'hallucination. Avec un désir de bousculer nos habitudes conventionnelles, Brian De Palma réactualise le mythe de Faust et du Fantôme de l'opéra dans une forme contemporaine où l'extravagance est reine ! 


Soutiré de son texte musical, un jeune compositeur de talent décide de se venger auprès de son producteur en semant la terreur à l'intérieur de son palais, le Paradise, un show musical où la mort fait partie intégrante de la scène ! A partir de ce postulat mainte fois adapté au cinéma, le réalisateur en extrait une frénésie visuelle où le délire satirique est une manoeuvre afin de dénoncer l'opportunisme dans le métier du spectacle. Un univers de paillettes entièrement bâti sur le profit, l'esprit de compétition et l'apparence car exploitant sans vergogne le talent d'artistes charismatiques en quête de reconnaissance. Les effets indésirables de la drogue sont notamment mis en exergue pour épauler le soutien moral de ces interprètes populaires réduits aux caprices d'une nouvelle vie dissipée. Bourré de clins d'oeil ironiques aux classiques du genre (le cabinet du Dr Caligari, Frankenstein, le Portrait de Dorian Gray, Psychose), Brian De Palma en profite pour y déclarer sa flamme avec le soutien de Winslow, fantôme déchu de ses écrits musicaux mais rendu fou amoureux de la douce voix de Phoenix ! Incarné par Jessica Harper, l'actrice nous dévoile ici ses talents de cantate avec une grâce épurée que le public aphone du Paradise écoute dans une vigilance troublée ! Quand bien même l'extravagant Beef venait de rendre l'âme sur l'autel de la scène rock dans une représentation gay de Frankenstein ! Quand à la noce du mariage inaugurée au sein du Paradise, De Palma l'organise à la manière d'une messe mortuaire que Winslow tentera de déjouer pour sauvegarder sa bien-aimée ! Cette conclusion tragique converge au paroxysme de la folie, à l'instar de la fougue erratique du public de la salle qui ira jusqu'à célébrer la mort dans une inconscience collective ! Ce moment de délire incontrôlé, nous le subissons de plein fouet par la force des images d'hystérie commune mais aussi par la compassion amoureuse qui unissent fatalement le couple maudit.  


Souhaitant cristalliser un spectacle musical hors norme et décadent, Brian De Palma a transcendé avec Phantom of the Paradise un univers fantastique inoxydable (Faust lui même semble l'avoir diabolisé !) où la notion de cinéma ne possède plus de repère. A la manière d'un trip binaire, cet opéra rock versicolore incarne de manière effrontée une certaine idée du paradis, avant que l'amour et la mort nous rappelle à la raison d'une tragédie humaine ! 

Bruno Matéï
5èx

2 commentaires:

  1. Il repasse au ciné, franchement c'est dur de résister, de ne pas voir une nouvelle fois ce film génial.

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  2. C'est justement ce qui m'a incité à le revoir une 5è fois !
    Mais sérieux au ciné, ça doit être carrément magique !

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