mardi 18 mars 2014

LE DEMON DES ARMES (Gun Crazy / Deadly is the Female)

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site listal.com

de Joseph H. Lewis. 1950. U.S.A. 1h27. Avec Peggy Cummins, John Dall, Berry Kroeger, Morris Carnovsky, Annabel Shaw, Harry Lewis.

Sortie salles France: 20 Janvier 1950

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joseph H. Lewis est un réalisateur américain, né le 6 Avril 1907 à New-York (Etats-Unis), décédé le 30 Août 2000 à Santa Monica (Californie).
1945: My name is Julia Ross. 1946: So dark the night. 1948: Le Manoir de la Haine. 1949: Le Maître du gang. 1950: Le Démon des Armes. 1950: La Dame sans passeport. 1952: Quatre jours d'angoisse. 1955: Man on a bus. 1955: Association Criminelle. 1955: Ville sans loi. 1958: Terreur au Texas.


Bien avant le chef-d'oeuvre d'Arthur Penn, un film noir s'était lui aussi inspiré des méfaits délinquants du couple meurtrier Bonnie and Clyde. Film noir d'une beauté diaphane, Le Démon des armes retrace avec réalisme (du moins pour l'époque !) l'équipée sauvage d'un couple d'amants, spécialiste des armes à feu et des braquages de banques. Au fil de leur périple infernal, ils vont s'attirer une triste renommée auprès des médias et des journaux au point de mobiliser toutes les polices de l'état qui finiront par leur soumettre une traque inlassable (l'haletante chasse à l'homme investie dans la forêt et en amont des marais reste ancrée dans les mémoires).


A travers cette course poursuite effrénée d'un couple de gangsters avides de liberté et de richesse, Joseph H. Lewis dresse un magnifique portrait de marginaux totalement tributaires de leur passion amoureuse autant que celle, indissociable, de leurs armes à feu. Des personnages burnés mais à la dimension humaine fragile et désespérée car entraînés malgré eux dans une virée criminelle toujours plus houleuse et irréversible. Par leurs exactions délinquantes, on sent bien que le réalisateur s'épanche sur la fascination des armes exercée envers le citoyen américain. Ici, c'est son côté perfide et malsain qui est mis en valeur par l'autorité d'un couple spécialiste du tir et des braquages. Le goût du risque, l'adrénaline et la détermination de leurs actes rebelles découlant d'une attirance semi-inconsciente pour une violence vénale ! (c'est ce que Bart avouera à sa compagne après avoir tenté de tuer un policier, alors que cette dernière est capable de braver l'acte par une peur irraisonnée !). Ce couple d'amants communément fous d'amour mais incapables de s'extirper de leur existence asociale est incarné à l'écran par des acteurs transis d'émoi ! Avec son charisme longiligne et son humanisme sentencieux, John Dall campe un gangster fasciné depuis l'enfance par sa passion des armes au point d'endosser finalement le rôle d'un gangster pour l'amour de sa compagne. Trouble et vénéneuse et beaucoup moins circonspecte, Peggy Cummins retransmet à merveille une criminelle toute aussi obsédée par le tir mais véritable instigatrice d'avoir impliqué son compagnon jusqu'au point de non retour. A eux deux, ils forment un duo aussi mythique que le couple Warren Beatty/Faye Dunaway recruté 17 ans plus tard dans Bonnie and Clyde, et doivent beaucoup à l'intensité furieuse et émotionnelle du récit.


Chef-d'oeuvre avant-coureur du film noir symbolisant les "amants criminels", Le Démon des Armes (titre français encore plus incisif et révélateur que son modèle !) est habité par l'exaltation amoureuse mais compromis par l'acte suicidaire d'un couple marginal pris dans l'engrenage de la violence. 

Bruno Matéï
2èx




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