mercredi 19 février 2014

TWELVE YEARS A SLAVE

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site theartscentregc.com.au

de Steve Mc Queen. 2013. U.S.A/Angleterre. 2h13. Avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Lupita Nyong'o, Benedict Cumberbatch, Paul Dano, Paul Giamatti, Brad Pitt, Alfre Woodard.

Sortie salles France: 22 Janvier 2014. U.S: 8 Novembre 2013

FILMOGRAPHIE: Steve Rodney McQueen est un artiste et réalisateur anglais, né le 9 Octobre 1969 à Londres.
2008: Hunger. 2011: Shame. 2013: Twelve years a slave.


La publication de la terrible histoire de Solomon Northup, Douze ans d'esclavage, a donné lieu à des questionnements quant à la véracité de son témoignage. Pour l'édition de 1968 des mémoires, les historiens Sue Eakin et Joseph Logsdon ont authentifié les faits mentionnés par Northup. Plusieurs historiens s'accordent à dire que Douze ans d'esclavage est le témoignage le plus authentique jamais écrit par un esclave.

Tiré de l'autobiographie de Solomon Northup, Twelve years a slave retrace sa longue descente aux enfers avec un souci de réalisme éprouvant. Après sa rencontre avec deux artistes sans vergogne, Solomon Northup est soutiré à sa famille pour être kidnappé afin de devenir l'esclave d'un propriétaire de coton. Uppercut émotionnel d'une intensité dramatique parfois insupportable (le châtiment du fouet infligé à Patsey nous bouleverse jusqu'à la gêne !), Twelve years a slave retrace la captivité et l'épreuve de force d'un esclave noir, soumis à l'autorité de deux riches titulaires. 


Avec souci de vérité, Steve Mc Queen reconstitue l'époque de l'esclavage du 19è siècle, juste avant que la guerre de sécession n'y mette un terme ! Durant plus de 2h15, nous sommes témoins des conditions inhumaines infligées à une poignée d'esclaves de la Nouvelle-Orléans, vulgairement traités comme du bétail par des propriétaires racistes assoiffés de haine. Steve Mc Queen s'attarde donc à retranscrire leurs conditions de survie, en particulier celui d'un charpentier afro-américain aujourd'hui réduit à la soumission mais prudemment studieux afin de mieux s'adapter à sa misère. Avec crudité et souci de vérité historique, le réalisateur dénonce l'horreur de l'esclavage dans sa forme physique et psychologique. Celle de paisibles africains soutirés à leur famille du jour au lendemain car condamnés à l'allégeance de riches capitalistes motivés par l'économie. Des africains dénués d'une moindre considération car exploités à s'épuiser dans les champs pour la cueillette du coton. Et si l'un d'entre eux n'apporte pas la quantité journalière espérée, le châtiment du fouet leur est systématiquement imposé. Pire encore, pour un motif dérisoire ou inconnu, d'autres se retrouvent même pendus sous la corde d'un arbre de la manière la plus archaïque, quand bien même, les plus désespérés songent au suicide afin d'épargner leur labeur.   
Avec ces personnages orduriers remplis de fiel et de lâcheté, vautrés dans leur égocentrisme et leur confort, le réalisateur met en exergue leur idéologie raciste dans sa forme la plus amorale. Le fait d'observer quotidiennement l'endurance de survie de ces domestiques, incessamment confrontés aux humiliations, viols, tortures et travaux forcés, nous confine dans le nihilisme du désespoir. Qui plus est, l'environnement solaire dans lequel ils évoluent laisse transparaître une aura malsaine où la sueur, le sang et la mort se sont emparés de l'atmosphère ! 


Réquisitoire cinglant contre l'esclavagisme et l'intolérance du racisme, Twelve Years a slave est un moment de cinéma à rude épreuve, le genre d'expérience émotionnelle où il est impossible d'en sortir indemne. Témoignage de survie pour Solomon Northup et hommage plein d'humilité à la communauté noire (12 millions d'africains ont été concernés par l'esclavagisme !), Twelve Years a slave est un document essentiel sur une période honteuse de l'Amérique. 

Bruno Matéï

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