jeudi 9 janvier 2014

CANNIBAL MAN (La semana del asesino)

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site mondoexploito.com

de Eloy De La Iglesia. 1972. Espagne. 1h30. Avec Vicente Parra, Emma Cohen, Eusebio Ponsela, Charly Bravo, Fernando Sanchez Polack, Goyo Lebrero.

Sortie salle Espagne: 22 Avril 1974

FILMOGRAPHIE: Eloy Germán de la Iglesia (Zarautz, Guipuscoa, 1er janvier 1944 - 23 mars 2006) est un réalisateur espagnol. 1966: Fantasia... 3. 1969: Algo amargo en la boca. 1970: Cuadrilatero. 1971: El techo de cristal. 1972: Cannibal Man. 1973: Nadie oyo gritar. 1973: Una gota de sangre para morir amando. 1975: Juego de amor prohibido. 1976: La otra alcoba. 1977: Los placeres ocultos. 1977: La Criatura. 1979: El diputado. 1979: El sacerdote. 1980: Miedo a salir de noche. 1981: La mujer del ministro. 1981: Navajeros. 1982: Colegas. 1983: El Pico. 1984: El Pico 2. 1985: Otra vuelta de tuerca. 1985: La Estanquera de Vallecas. 1987: La Estanquera de Vallecas. 2001: Caligula. 2003: l'Amant bulgare.


Film majeur au sein de la filmographie de Eloy De La Iglesia et pour le répertoire du cinéma d'horreur ibérique, Cannibal Man (titre stupide car infondé !) retrace la dérive meurtrière d'un assassin après avoir porté assistance à l'agression de sa fiancée. Replié sur lui même et plongé dans le remord, il n'ose avouer son crime accidentel à la police, faute de préjugés sur sa condition sociale. Bien avant Maniac, Henry ou l'étonnant Pyromaniac de Joseph Ellison, un réalisateur s'intéressait déjà à traiter d'un cas de serial-killer dans sa plus stricte intimité, au coeur d'une claustration poisseuse. La scénographie confinée autour d'un bidonville distillant ici un climat dépressif tangible qui ira se répercuter sur la dégénérescence morale de notre individu. Dans sa condition de prolétaire, notre tueur est en l'occurrence un ouvrier besogneux exerçant son activité au sein d'un abattoir.


Déjà épris de névroses pathologiques bien avant ses meurtres (son malaise viscéral face à des photos de charme), il semble déjà souffrir d'un refoulement identitaire (une potentielle attirance homosexuelle ?). Sa rancoeur d'avoir accompli un meurtre et son incapacité à accepter la réalité de son acte vont le plonger dans une contrainte ingérable et le pousser à répercuter la violence en éliminant tous les témoins gênants. Durant 1h30, le réalisateur nous projette dans sa quotidienneté avec souci de réalisme sordide (les meurtres graphiques sont parfois impressionnants quand bien même l'atmosphère irrespirable dégage une odeur de rance émanant des cadavres de la chambre !) épaulé d'une dimension psychologique scrupuleuse (son sens de la vie n'accorde plus aucun bénéfice). A travers ses diverses relations familières (la soeur de son frangin) ou amicales (la tenancière, la passante et le voisin homosexuel), le réalisateur dresse également l'état des lieux d'une population repliée sur elle même car livrée à l'abandon, l'ennui et la solitude. Par leur situation précaire où l'insalubrité urbaine et le chômage sont indissociables de leur environnement, nos protagonistes sont confinés dans le désarroi affectif, le refoulement sexuel, voir notamment la dépression. Et si la rédemption du tueur verra finalement le jour, c'est grâce à la compassion d'un individu à tendance suicidaire où la peur de mourir n'aura plus lieu d'être.


Dérangeant et malsain, désenchanté et dépressif, Cannibal Man est d'autant plus déstabilisant qu'il est accentué d'une mise en scène expérimentale usant de métaphores et d'un contrepoint musical tantôt dissonant, tantôt mélancolique. Si la pauvreté des dialogues et le jeu perfectible des comédiens peut au départ prêter à préjudice, il finit par renforcer une ambiance interlope des plus troublantes. Enfin, on peut louer l'interprétation de Vicente Parra en tueur déprimé, qui, en dépit de son visage inexpressif, sait tout de même retransmettre désarroi et affliction dans son inextricable solitude. Un psycho-killer crépusculaire où le sentiment de désespoir est notamment engendré par la misère sociale, l'exclusion et le chômage. 

La critique de Pyromaniac (adulé par Tarantino !)  http://brunomatei.blogspot.fr/2013/05/pyromaniac-dont-go-in-house.html
La critique de Henryhttp://brunomatei.blogspot.fr/2013/10/henry-portrait-dun-serial-killer-henry.html
La critique de Maniachttp://brunomatei.blogspot.fr/2011/02/maniac.html

09.01.14. 2èx
Bruno Matéï 

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