jeudi 16 janvier 2014

ALABAMA MONROE (The Broken Circle Breakdown)


                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Felix van Groeningen. 2012. Belgique. 1h52. Avec Veerle Baetens, Johan Heldenbergh, Nell Cattrysse, Geert Van Rampelberg, Nils De Caster, Robby Cleiren, Bert Huysentruyt, Jan Armoise, Blanka Heirman.

Récompenses: César du Meilleur Film Etranger, 2014
Label Europa Cinemas du Meilleur Film européen, Prix du Public Panorama, 2013
Prix du Meilleur Scénario au Festival du film de Tribeca, 2013.
Prix du Public au Festival CPH PIX à Copenhague.
Prix Ensor du Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Montage, Meilleurs Costumes, Meilleure musique, Meilleure Photographie, Meilleure Actrice, Veerle Baetens, Meilleure Direction Artistique, Prix de l'Industrie pour Van Lauwereys au Festival du film d'Ostende.
Meilleure Actrice, Veerle Baetens au European Films Awards à Berlin.
Nomination aux Oscars pour le film en langue étrangère, 2014

Sortie salles France: 28 Août 2013. Belgique: 9 Octobre 2012

FILMOGRAPHIE: Felix van Groeningen est un réalisateur belge flamand, né à Gand en 1977.
2000: 50CC. 2004: Steve + Sky. 2007: Dagen zonder lief (des jours sans amour). 2009: La Merditude des Choses. 2012: The Broken Circle Breakdown


Electrochoc d'une intensité émotionnelle traumatisante, à tel point que des larmes s'épanchent sur mon clavier au moment même où j'essaie d'extérioriser mes impressions, Alabama Monroe est un drame sur le deuil infantile du point de vue parental. Le réalisateur se focalisant sur la reconstruction du couple après que leur fille eut été emportée par un cancer.


En alternant les évènements du passé et ceux du présent, le réalisateur établit un contraste entre les joies de l'épanouissement et l'infortune funeste vis à vis d'une relation conjugale. Lui, est un chanteur féru de country music, athée et caractériel. Elle, est une tatoueuse de métier, croyante et spontanée. A eux deux, ils forment un couple harmonieux auquel le mariage finira par les unir pour le meilleur et pour le pire. Au rythme de la country chantonnée dans les vieux cabarets à guichet fermé, Felix van Groeningen nous entraîne dans un tourbillon musical auquel l'icone des tatouages et la nature spirituelle vont venir cristalliser une réflexion inhérente sur la foi. Avec une émotion viscérale au plus près de l'affliction des parents, le réalisateur observe leur divergence d'opinion fondée sur le fondement catholique et le nihilisme du néant. Quand bien même Didier et Elise accumuleront les disputes dérisoires pour se reprocher mutuellement la mort de Maybelle. A travers leur destin, où l'alchimie du bonheur et l'épreuve du malheur ne cessent de se télescoper, le réalisateur scande notamment l'hymne existentiel au sein d'une nature candide, en y opposant l'idéologie optimiste (la foi en la réincarnation) et le défaitisme de la désillusion (la résolution du néant). Cette rancune furibonde engendrée par Didier (notamment sa remise en cause du fondamentalisme ricain réfrénant le progrès médical) va confiner le couple dans une discorde psychologique destructrice, quand bien même Elise était prête à pardonner la fatalité du deuil. L'affrontement moral, la violence de leurs sentiments vont atteindre un point de non-retour, avant qu'une perspective d'aspiration ne vienne bousculer les repères de Didier !


Vivre et mourir
Sans aucun sentimentalisme outré et avec l'aide d'un habile montage, Felix van Groeningen délivre sans anesthésie un portrait sensitif sur ce couple en berne, incapable de surmonter l'obstacle du deuil, faute de leur chagrin et d'une philosophie antinomique. Mais avec le pouvoir exaltant de la country et la destinée mystique d'un volatile, Alabama Monroe en extrait finalement une élégie incandescente inscrite dans la croyance. Avec son thème délicat traité avec autant de dignité et refus de voyeurisme, Alabama Monroe est un crève-coeur d'une intensité difficilement gérable (jusqu'au malaise !), que les comédiens, transis d'expression viscérale, vont immortaliser dans leur écorchure meurtrie.  
Pour public averti

La critique de La Merditude des Choses (la): http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-merditude-des-choses-de-…

Dédicace à Jenny Winter
Bruno Matéï


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