mercredi 15 janvier 2014

A.C.A.B.: All Cops Are Bastards. Prix sang neuf, Beaune 2012.


                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site movpins.com

de Stefano Sollima. 2012. Italie. 1h30. Avec Pierfrancesco Favino, Filippo Nigro, Marco Giallini, Andrea Sartoretti, Domenico Diele, Roberta Spagnuolo.

Sortie salles France: 18 Juillet 2012. Italie: 27 Janvier 2012

Récompense: Prix sang neuf au Festival International du film policier de Beaune, 2012

FILMOGRAPHIE: Stefano Sollima est un réalisateur italien, né le 4 Mai 1966 à Rome.
2012: A.C.A.B.


Pour rappel, A.C.A.B. (All Cops are Bastards / "Tous les flics sont des batards") est un sigle d'intimidation exploité par les skinheads anglais durant les années 70. Avec souci de réalisme au coeur des affrontements, le film relate la quotidienneté d'un trio de CRS contraints d'exercer leur métier dans un climat de haine omniprésent. A la suite de l'agression sanglante d'un de leur comparse et de la mort d'un policier, ils décident de retrouver les responsables afin d'appliquer la loi du talion.


Témoignage choc d'une Italie en pleine dérive fasciste, Stefano Sollima dresse un constat alarmant d'une société de crise où chômage, racisme et insécurité font bon ménage. A travers la dérive réactionnaire d'une section policière, le réalisateur met en exergue la contagion de la violence quand des CRS sont couramment provoqués par des fouteurs de troubles à la sortie des stades. Contraints de canaliser leur peur et leur colère face à une situation houleuse qui pourrait à tous moments dégénérer, ils doivent éviter l'usage de la matraque pour riposter aux agressions. Défavorisés par leur manque d'effectif, déconsidérés par leur supérieur et réputés comme des "bâtards" par la jeunesse marginale, nos trois comparses doivent également gérer une vie conjugale déstructurée. Cette insécurité régie à l'intérieur des villes découle notamment du traitement de faveur infligé à l'affluence des roms et des sans-papiers. Quand bien même les habitants italiens les plus défavorisés se retrouvent le plus souvent occultés par leur gouvernement afin de récupérer un logement décent. Avec l'entremise de skinhead toujours mieux organisés pour perpétrer leur dictature, Stefano Sollima dresse un état des lieux d'une montée de la xénophobie, que ce soit du camp des délinquants que celui même des forces de l'ordre. Car nos ripoux déboussolés, sévèrement bafoués par le sentiment d'injustice, vont finalement se résoudre à répercuter la même violence gratuite dans leurs pulsions vindicatives. L'intensité du film réside donc dans la pression psychologique de cette milice policière, délibérée à exploiter leur symbole d'autorité pour se venger des humiliations et agressions quotidiennes pratiquées en interne de leur profession.


Baignant dans un climat d'insécurité inquiétant où la tension s'avère toujours aussi progressive (à l'instar de sa BO rock endiablée !), A.C.A.B rend hommage au métier ardu des CRS pour leur flegme imparti au maintien de l'ordre en cas d'évènements populaires. Plus inquiétante est la dérive réactionnaire infligée ici à l'insigne policier et le constat d'échec de la violence urbaine que nos politicards ont finalement engendré par leur laxisme et leur incompétence. Un cri d'alarme édifiant !

Dédicace à Stéphane Passoni
Bruno Matéï

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