lundi 16 décembre 2013

Les Fantômes de Hurlevent (Edgar Poe chez les Morts-vivants. Nella stretta morsa del ragno)


de Antonio Margheriti. 1971. Italie. 1h49. Avec Anthony Franciosa, Michèle Mercier, Klaus Kinski, Peter Carsten, Silvano Tranquilli, Karin Field, Raf Baldassarre, Irina malleva.

FILMOGRAPHIE: Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi.
1960: Le Vainqueur de l'espace. 1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.


Connu également sous le titre Edgar Poe chez les morts-vivants (c'est d'ailleurs sous cette appellation que j'ai pu le découvrir via mon cinéma provincial), Les Fantômes de Hurlevent est le remake colorisé du fameux classique Danse Macabre. Peu apprécié des critiques en général depuis sa sortie, cette petite bisserie transalpine s'avère pourtant séduisante pour peu que l'on soit indulgent à l'aspect copié-collé de sa trame originelle. Pour rappel: A la suite d'un pari, un homme doit passer une nuit entière dans un château parmi la potentielle présence de fantômes d'outre-tombe. Bénéficiant d'une ambiance gothique réellement envoûtante, Les Fantômes de Hurlevent tente de dépoussiérer son ancêtre avec l'emploi de la couleur ainsi qu'une distribution éclectique réunissant les illustres  Anthony FranciosaMichelle Mercier et le fou furieux Klaus Kinski. Si Franciosa cabotine un peu en journaliste rationnel pour autant davantage compromis par sa névrose paranoïaque, Michelle Mercier  ne manque pas d'élégance en fantôme vertueuse éprise d'empathie pour notre héros, quand bien même Klaus Kinski reste transi d'émoi de par sa discrète performance d'Edgar Poe en écrivain alcoolo habité par ses démons (nous ne le verrons apparaître qu'au prologue et à la conclusion du    film).


Ainsi, l'intrigue suit la même ligne de conduite que son modèle mais avec un sens de l'efficacité dans l'art de brosser studieusement une histoire de hantise au sein d'un château bordé de toiles d'araignées, de candélabres et de cranes humains. Toute le récit, à la lisière du cauchemar éveillé, demeure centré sur la visite du journaliste en interne du manoir, témoin malgré lui d'une succession de visions hallucinatoires qui tendraient à prouver l'existence d'ectoplasmes. Serein mais gagné par l'inquiétude, cet aimable hôte se retrouve donc persécuté par les anciens propriétaires en revivant des épisodes du passé jusqu'à ce que sa survie en dépende ! En affiliant l'iconographie du fantôme au thème vampirique (ils se nourrissent de sang humain pour pouvoir revenir d'entre les morts), Antonio Margheriti trousse une agréable série B teintée de tabous sexuels (le lesbianisme, l'adultère) en survolant au passage une intéressante théorie sur la mort (l'instinct vital du corps permettant de prolonger la vie amène une réflexion spirituelle !). Mais c'est dans l'atmosphère mortifère que les Fantômes de Hurlevent s'avère le plus saisissant ! Tant au salon du bal victorien, aux sous-sol de sépulture que dans les chambres (lieux de théâtre macabre des crimes d'adultère), la scénographie insuffle une aura funèbre prégnante jusqu'au climax ironiquement tragique.


Réalisé sans génie particulier mais avec réel savoir-faire afin de matérialiser une ambiance anxiogène dédiée au gothisme, les Fantômes de Hurlevent ne cherche pas à concourir avec la réussite de son illustre homologue. De par l'art de construire une histoire limpide, Margheriti compte aussi sur la présence attachante de ces comédiens et sur la mélodie classique de Riz Ortolani pour nous séduire. Mais surtout il fignole obstinément l'esthétisme macabre du manoir des amants maudits avec un savoir-faire infaillible. Pour les amoureux d'ambiance séculaire palpable, les Fantômes de Hurlevent est donc une oeuvre mineure certes, mais indéniablement envoûtante.  

*Bruno
16.12.13. 2èx


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