jeudi 12 décembre 2013

La Planète des Singes / Planet of the Apes

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site space1970.blogspot.com

de Franklin J. Schaffner. 1968. U.S.A. 1h52. Avec Charlton Heston, Roddy McDowall, Kim Hunter, Maurice Evans, James Whitmore, James Daly, Linda Harrison.

Sortie salles France: 25 Avril 1968. U.S: 8 Février 1968

FILMOGRAPHIE: Franklin J. Schaffner est un réalisateur et producteur américain, né le 30 Mai 1920 à Tôkyô, décédé le 2 juilllet 1989 à Santa Monica. 1963: Les Loups et l'agneau. 1964: Que le meilleur l'emporte. 1965: Le Seigneur de la guerre. 1967: La Griffe. 1968: La Planète des Singes. 1970: Patton. 1971: Nicolas et Alexandra. 1973: Papillon. 1976: L'île des adieux. 1978: Ces Garçons qui venaient du Brésil. 1981: Sphinx. 1982: Yes, Giorgio. 1987: Coeur de Lion. 1989: Welcome Home.


"L'homme, arrogant, cupide, envieux, mégalo, autodestructeur, incapable du vivre ensemble, condamné au néant. Plus nihiliste tu meurs."
Grand classique de la science-fiction dans tous les coeurs des cinéphiles, La Planète des Singes laissa une trace indélébile dans la mémoire du spectateur, tant par la nature délirante de son concept que de sa réflexion philosophique sur la nature humaine. Le pitchAprès un voyage astral de 18 mois, trois astronautes se retrouvent projetés en l'an 3978 pour atterrir sur une contrée désertique étrangement mutique. Au fil de leur expédition, ils ne vont pas tarder à rencontrer l'hostilité d'une ethnie d'hommes-singes. Inspiré du roman de Pierre Boule et d'un épisode de la 4è Dimension (Une Flèche dans le ciel), La Planète des Singes fut un énorme succès international de par l'originalité de son postulat et le réalisme imparti aux maquillages des primates confectionnés par John chambers. Il y émane la création d'un univers atypique retranscrit avec une vérité trouble qui plus est rehaussé d'une partition ombrageuse. Ainsi, à travers l'irruption accidentelle de trois américains débarqués sur un continent aride, Franklin J. Schaffner insuffle un climat d'étrangeté feutré dans cet endroit solaire épargné de civilisation. Tout du moins c'est ce que les 20 premières minutes sous entendent avant que nos héros témoignent d'une communauté d'hommes sauvages fouinant de la nourriture à travers champs. Rapidement pourchassés par une race de singes mutants armés, les derniers survivants vont se retrouver embrigadés dans des cages d'acier pour être ainsi réduits à l'esclavage !


Cette trame insensée engendrée par une ancienne théorie (l'homme descendrait du singe !) est ici magnifiquement retranscrite à travers la scénographie d'un microcosme primitif auquel les singes feront face à la rébellion d'un humain doué de parole. A travers un scénario passionnant fertile de thématiques (notamment une charge militante pour la cause animale si bien que l'homme est ici tenu en laisse et retenu en cage !) et fondé sur la quête existentielle d'une civilisation première, c'est une forme de parodie tacite que Franklin J. Schaffner met en exergue afin de se railler de notre orgueil. La donne est donc inversée afin d'illustrer à travers l'éthique des singes à quel point toute civilisation est avide d'accéder instinctivement à l'élite du pouvoir pour asservir les plus faibles et les priver de la liberté d'expression. Car ces simiens potentiellement intelligents vont reproduire nos mêmes fondements de doctrine judiciaire (leur tribunal de jurisprudence), de recherche scientifique et médical (l'exploitation de la vivisection, le domptage animal) et de foi religieuse (leur paroisse chrétienne) pour se justifier un sens existentiel. Le conservatisme, le racisme, l'exploitation de l'esclavage sont donc traités à travers l'intolérance de leur supériorité où la violence expéditive est perpétrée pour maltraiter les prisonniers (les gorilles ne sont d'ailleurs que des geôliers écervelés). Mais dans cette société faillible compromise par la persuasion d'un homme hurlant sa condition soumise, deux chimpanzés psychologues (Roddy McDowall et Kim Hunter crèvent l'écran dans leur dignité humaniste !) vont tout de même s'extirper de leur idéologie réactionnaire pour tenter de comprendre le pacifisme de cet insurgé et découvrir sa véritable nationalité.


No Futur. 
Mis en scène avec maîtrise (les scènes d'action sont remarquablement coordonnées), La Planète des singes bénéficie notamment d'une direction d'acteur hors pair pour crédibiliser les différents primates humains (orangs-outans, gorilles et chimpanzés ont évidemment tous une morphologie distincte selon leur origine) alors que Charlton Heston tente de s'extirper de ce cauchemar, entre résilience, entêtement et hargne rigoureuse. Ce qui nous amène à la conclusion d'un cliffhanger effroyable de nihilisme afin de mieux fustiger la nature autodestructrice de l'homme ! Immense chef-d'oeuvre j'vous dis. 

A privilégier en Vo.

*Bruno
12.12.13

2 commentaires:

  1. salut Bruno,
    Film du jour : La planète des singes ! Que dire ? Les images de ce film hanteront surement ma mémoire à jamais, sauf maladie d'Alzheimer. La ballade en canot dans les canyons, la première traque des humains, les maquillages sans même évoquer le final qui est à lui seul un lieu de mémoire du XXème siècle. Perso j'aime toute la série qui possède désormais cette formidable patine seventies ! Allez j'arrête avant d'enchainer sur la série télé, les B.D, le remake, le reboot...
    Bon Weekend à toi

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