jeudi 31 octobre 2013

Henry, portrait d'un serial-killer

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site gallerytheimage.com

"Henry: Portrait of a Serial Killer" de John Mc Naughton. 1986. U.S.A. 1h23. Avec Michael Rooker, Tom Towles, Tracy Arnold.

Sortie salles France: 6 Février 1991

FILMOGRAPHIE: John Mc Naughton est un réalisateur américain, né le 13 Janvier 1950 à Chicago. 1984: Dealers in Death. 1986: Henry, portrait d'un serial killer. 1991: Sex, drugs, Rock and Roll. 1991: The Borrower. 1993: Mad Dog and Glory. 1996: Normal Life. 1998: Sexcrimes. 2000: Condo Painting. 2001: Speaking of sex. 2004: Redliners. 2009: Backstabbers. 2013: The Harvest.


Ce film s'inspire de fait réels. Ce n'est pas une histoire vraie proprement dite. Les aveux d'un certain Henry ont servi à faire ce film. Aveux qu'il a niés, par la suite. Otis et Becky sont des personnages fictifs. 

Interdit en salles durant 4 ans par la censure américaine et estampillé X, Henry est le premier long-métrage du réalisateur John Mc Naughton. Inspiré du personnage d'Henry Lee Lucas, tueur en série responsable de plus de 199 meurtres, le film dépeint la dérive meurtrière d'un duo d'anciens taulards, des marginaux résolument reclus de leur condition miséreuse. D'un côté, Henry, le plus influent, est un tueur méthodique extériorisant sa rage sur les innocents depuis le traumatisme de son enfance galvaudée par une mère prostituée. De l'autre, Otis est un badaud écervelé facilement influencé par le vice et la perversion. A bord de leur véhicule, ils sillonnent les quartiers nocturnes afin d'assassiner au hasard d'une rue des citadins. Au coeur de ce duo indocile, la soeur d'Otis, Becky, tente de se faire une place dans leur appartement restreint et s'efforce à chercher un petit boulot de strip-teaseuse avant de tomber amoureuse d'Henry. Car épris d'empathie et d'identification pour ses confidences martyrs, Becky eut été préalablement victime d'une enfance incestueuse vis à vis de son géniteur. A travers le teint blafard d'une photo granuleuse ainsi que le souci documentaire d'une réalisation expérimentale,  John Mc Naughton nous immerge au sein d'un cauchemar urbain profondément glauque et crapuleux. Ainsi, le climat poisseux, particulièrement prégnant, s'avère si malsain qu'à la sortie de la projo nous nous sentions physiquement pollués par cette débauche où la saleté du sang et les cris d'agonie résonnent encore tel un écho !


Or, en autopsiant sans concession le portrait de deux assassins arriérés, littéralement vautrés dans le meurtre, Henry... constitue une épreuve de force morale toujours plus dérangeante de par sa gratuité profondément perverse. Car en position de voyeur, nous sommes contraints de témoigner de l'existence triviale du trio de chômeurs (Otis va vite abdiquer son poste de pompiste au fil de son cheminement meurtrier) et surtout d'espionner par l'oeil de la caméra leurs méfaits criminels par le truchement de leurs errances nocturnes. La contrainte de subir leur quotidienneté misérable et surtout d'assister à leurs exactions sanglantes provoquant un malaise viscéral tangible du fait de son traitement hyper réaliste. Ainsi, en évitant toute forme de racolage, John Mc Naughton filme de manière crue des meurtres brutaux à l'aide d'une caméra vhs qu'Otis se divertit à préserver en mémoire. Alors que du point de vue de Henry (l'être le moins licencieux car jamais assouvi de sadisme), les crimes sont souvent établis hors champs en nous proposant simplement d'en découvrir la résultante des mutilations. Qui plus est, les flash-back émis au son des hurlements des victimes rehaussent l'aspect cauchemardesque de l'esprit dérangé d'Henry, prisonnier de ses pulsions vengeresses et torturé par ces démons. On s'étonne d'ailleurs de lui éprouver un chouia d'empathie pour le rapport à la fois amical et affectueux entretenu avec Becky, et ce juste avant de renouer avec ses pulsions malades.


Incarné par des comédiens transis de vérité à travers leur dégénérescence immorale, Henry... provoque autant de fascination pour l'aspect reportage infligé à sa mise en scène que de dégoût pour la représentation radicale du duo de serial-killers irrécupérables. Glaçant et psychologiquement perturbant du fait de son épineuse intensité (telle ce massacre d'une famille filmé en mode "VHS" !), rarement un film d'horreur n'aura décrit avec autant de vérisme et véracité l'introspection pathétique de deux monstres humains. 
Pour public averti.

L'avis de Mathias Chaputhttp://horrordetox.blogspot.fr/2011/03/henry-portrait-of-serial-killer-de-john.html

*Bruno
31.10.13. 3èx


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