vendredi 4 octobre 2013

BERBERIAN SOUND STUDIO. Prix Spécial du Jury, Prix de la Critique à Gérardmer, 2013

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site wildside.fr

de Peter Strickland. 2012. Angleterre. 1h32. Avec Toby Jones, Tonia Sotiropoulo, Susanna Cappellaro, Cosimo Fusco.

Sortie salles Royaume-Uni: 28 Juin 2012

Récompenses: 2013: Prix spécial ex-æquo du Jury au Festival du film fantastique de Gérardmer.
2013: Prix de la critique au Festival du film Fantastique de Gérardmer.
2012: Mention spéciale du jury au Festival international du film de Catalogne.
2012: British Independent Film Award du meilleur film, du meilleur acteur pour Toby Jones, meilleure production, meilleur technicien
2013: London Film Critics Circle Awards: Film britannique ou irlandais de l'année, Acteur britannique de l'année
2013: Evening Standard British Film Awards: Meilleur acteur pour Toby Jones

FILMOGRAPHIE: Peter Strickland est un réalisateur et scénariste anglais, né en 1973 à Reading, Berkshire, en Angleterre.
2009: Katalin Varga. 2012: Berberian Sound Studio.


Comment établir une opinion objective quand on se retrouve confronté à une expérience imbitable ? Mise en abyme du milieu du cinéma, Peter Strickland souhaite rendre hommage à ces bruiteurs de films d'exploitation à travers le portrait d'un sexagénaire timide et introverti, venu exercer auprès d'un studio précaire de l'Italie. De toute évidence, le réalisateur est indéniablement nostalgique de l'époque des années 70 où fleurissaient les premiers giallos et l'ascension d'un Argento en pleine expérimentation avec son opéra lyrique Suspiria. Pour preuve, le film se situe à cette période charnière où les tueurs gantés violaient les femmes à l'aide d'un couteau acéré et se focalise sur un pitch occulte à base de sorcières et de prêtres inquisiteurs. Fourmillant de détails techniques sur la manière dont les bruitages sont façonnés par les ingénieurs du son et où les actrices néophytes tentent de doubler des hurlements stridents, Berberian Sound Studio dévoile l'envers du décor à l'instar d'un livre de cuisine. Puisqu'ici, les légumes y occupent une place éloquente, comme le fait de simuler à l'aide d'un chou-fleur ou d'une pastèque le son d'une lame de couteau pénétrant la chair humaine. Au milieu de cette hiérarchie destructurée par des cinéastes véreux et lubriques, notre bruiteur Gilderoy semble déboussolé à élaborer tous ces bruitages hostiles. Au fil des synchronisations, leur intonation horrifique s'avère si dérangeante et récurrente qu'il commence à perdre pied avec la réalité. Victimes d'hallucinations (ou d'une machination exercée par une troupe de techniciens perfides), Gilderoy semble se fondre avec l'illusion de la toile blanche pour se perdre à jamais dans l'abyme du silence.


Si un bonne partie du public risque de décrocher devant cette expérience hermétique, languissante, voire rébarbative, le soin alloué à sa mise en scène travaillée, le jeu des éclairages contrastant avec une superbe photo sépia, la reconstitution rétro du studio et l'alchimie inquiétante des comédiens inconnus nous rappellent les beaux jours d'un cinéma pragmatique épris de singularité. Qui plus est, à travers cette scénographie peu exploitée au cinéma, une ambiance lourde s'y détache avec une aura insolite prégnante où fiction et réalité succombent à s'uniformiser !


A vous de juger si Berberiand Sound Studio mérite les louanges qu'il a pu recevoir dans certains festivals et si cette leçon de cinéma impartie à la synchronisation du doublage et des bruitages s'avère aussi adroite et dialectique. De toute évidence, un second visionnage devrait être fructueux (du moins pour mon compte personnel !) afin de mieux déceler les tenants et aboutissants du cinéaste auteurisant. Au cas où, je revendrais plus tard avec une opinion plus tranchée...

04.10.13
Bruno Matéï

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