samedi 19 octobre 2013

A HIJACKING. (Kapringen)


de Tobias Lindholm. 2012. Danemark. 1h39. avec Pilou Asbæk, Søren Malling, Dar Salim, Roland Møller

Sortie salles France: 10 Juillet 2013

FILMOGRAPHIE: Tobias Lindholm est un réalisateur, scénariste et acteur danois.
2010: R
2012: A Hijacking


Dans l'océan Indien, sept marins danois vont devenir les victimes d'une prise d'otages à bord de leur navire. Leur entreprise professionnelle va tenter de négocier avec les terroristes une demande de rançon exorbitante afin de la réévaluer et sauver l'équipage. 


Un film choc d'un réalisme décoiffant et au jeu d'acteur bluffant de vérité ! Le réalisateur danois réinventant ici le concept d'une prise d'otage avec un souci de vérité faisant office de documentaire. Principalement dans les rapports de force étroits que des hommes d'affaires et un affréteur doivent entretenir avec des terroristes afin d'établir un consensus sur la somme désirée. Alors que nos bureaucrates vont tout mettre en oeuvre pour réduire le montant de la rançon, les pirates n'auront de cesse à pratiquer le chantage contre la vie d'innocents afin d'exiger une somme extravagante.
Du point de vue des victimes, le réalisateur privilégie une émotion viscérale envers leur traitement infligé pour des problèmes d'hygiène et auquel humiliations et jeu de soumission sont pratiquées par des rebelles sans vergogne. Un sentiment tangible de claustration est également transmis au spectateur à travers leur interminable embrigadement au sein du navire. En auscultant leur humanisme sévèrement contrarié par la chance de survie car contraints de patienter durant des mois une décision majeure, A Hijacking met en exergue leur épreuve de force toujours plus ardue jusqu'au traumatisme psychologique. Sans parler de l'attente des familles stressées, sévèrement malmenées par une situation insoutenable.
A la manière d'un reportage, le réalisateur nous immerge donc dans un cauchemar en haute mer oppressant où l'abattement semble également nous atteindre. Au delà du jeu rigoureux de l'interprétation, on peut également louer la prestance des comédiens somaliens aux gueules faméliques éludées de moindre empathie. Impassibles et opiniâtres, même si parfois épris d'une certaine sympathie pour les otages (la séquence de beuverie qu'ils se partagent aux premières semaines des négociations), leur posture belliqueuse laisse augurer le pire quand à la mise de rançon incessamment remaniée par des notables obtus !


Avec le réalisme tranché d'une situation de crise interminable, A Hijacking nous fait traverser le calvaire d'une prise d'otage dans une volonté immersive de nous impliquer en interne des négociations. Sa mise en scène épurée éludée de moindre fioriture, son émotion parfois ardue (le final en demi-teinte laisse une trace indélébile dans l'esprit du spectateur) et surtout le jeu authentique des comédiens laissent en mémoire un suspense éprouvant où le courage de survie est mis à rude épreuve.   

Bruno Matéï
19.10.13


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