jeudi 25 juillet 2013

Litan, La Cité des Spectres Verts. Prix de la Critique à Avoriaz, 1982.

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site kebekmac.blogspot.com

de Jean Pierre Mocky. 1981. France. 1h28. Avec Jean-Pierre Mocky, Marie José Nat, Nino Ferrer, Marysa Mocky, Bill Dunn, Georges Wod, Dominique Zardi.

Sortie salles France: 24 Février 1982

FILMOGRAPHIE: Jean Pierre Mocky (Jean-Paul Adam Mokiejewski) est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur français, né le 6 Juillet 1933 à Nice. 1959: Les Dragueurs. 1960: Un Couple. 1961: Snobs ! 1962: Les Vierges. 1963: Un Drôle de Paroissien. 1964: La Cité de l'indicible peur. 1965: La Bourse et la Vie. 1967: Les Compagnons de la Marguerite. 1969: La Grande Lessive. 1970: l'Etalon. 1970: Solo. 1971: l'Albatros. 1972: Chut ! 1973: l'Ombre d'une Chance. 1974: Un Linceul n'a pas de poche. 1975: l'Ibis Rouge. 1976: Le Roi des Bricoleurs. 1978: Le Témoin. 1979: Le Piège à Cons. 1981: Litan. 1982: Y'a t'il un français dans la salle ? 1983: A mort l'Arbitre. 1985: Le Pactole. 1986: La Machine à découdre. 1987: Le Miraculé. 1987: Agent Trouble. 1987: Les Saisons du plaisir. 1988: Une Nuit à l'assemblée nationale. 1988: Divine Enfant. 1990: Il gèle en enfer. 1991: Mocky Story. 1991: Ville à Vendre. 1992: Le Mari de Léon. 1992: Bonsoir. 1995: Noir comme le souvenir. 1997: Robin des Mers. 1997: Alliance cherche doigt. 1998: Vidange. 1999: Tout est calme. 1999: La Candide. 2000: Le Glandeur. 2001: La Bête de Miséricorde. 2002: Les Araignées de la nuit. 2003: Le Furet. 2004: Touristes, oh yes ! 2004: Les Ballets Ecarlates. 2005: Grabuge ! 2006: Le Deal. 2007: Le Bénévole. 2007: 13 French Street. 2011: Les Insomniaques. 2011: Crédit pour tous. 2011: Le Dossier Toroto. 2012: Le Mentor. 2012: A votre bon coeur, mesdames. 2013: Dors mon lapin. 2013: Le Renard Jaune.


Des masques, de la musique et des danses : dans la ville de LITAN chaque année, on fête ainsi les morts.
Mais cette année là...

Récompensé du Prix de la Critique à Avoriaz en 1982 (mais de l'aveu du réalisateur sifflé par Brian De Palma et John Boorman durant une représentation  !), Litan est l'un des rares films de Jean Pierre Mocky à avoir su traiter le genre fantastique avec une ambition toute spirituelle. Le pitchDurant la fête de la saint Litan, un couple se retrouve impliqué dans une série d'évènements mystérieux et meurtriers. Plongés dans une folie incontrôlée, les habitants de cette cité montagneuse semblent être victimes d'une machination scientifique révolutionnaire. Athée mais persuadé que l'âme perdure au delà de la mort, Jean Pierre Mocky nous illustre ici un rêve fantasmatique aux allures de carnaval macabre. Baignant dans l'atmosphère irréelle d'un cadre naturel montagneux nappé de brouillard, le réalisateur accorde un soin formel à peaufiner ses décors diaphanes de cimetière gothique, de grotte humectée ou d'hôpital délabré, quand bien même des villageois affublés de masques morbides sèment la zizanie parmi la foule hagarde.


Ainsi, le mystère de Litan semble émané d'une rivière jalonnée de feux-follets depuis qu'un séisme aurait peut-être libéré un minerais inconnu dissout dans l'eau. Au sein de cette fête des morts, il y a aussi les sinistres expérimentations d'un scientifique capable de démystifier les secrets inavoués de l'après-mort. Avec un désir prégnant de nous immerger dans un rêve insolite de bal costumé dénué de sens et de raison, Jean Pierre Mocky s'interroge sur le mystère insondable de la mort. Alors qu'un couple est témoin d'étranges phénomènes, telles ces disparitions et meurtres inexpliqués et l'avènement de cadavres hébétés, le secret de Litan semble s'éclaircir après les déclarations d'un revenant récalcitrant ! Pour se faire, pour l'idéologie du réalisateur, pas d'enfer ni de dieu après la mort mais une âme errante assoupie dans un rêve attendant le moment propice de s'y libérer. "Nous rêvons votre vie et quand notre rêve s'arrête alors vous mourrez", dira l'un des sujets expérimenté sous hypnose ! La réflexion métaphysique d'une mise en abyme (un rêve dans un rêve) est donc évoquée, la lutte de deux ombres dans un même corps, à moins que nous ne sommes que le songe d'une âme assoupie se donnant libre choix d'endiguer notre rêve à tous moments ! C'est d'ailleurs par un rêve prémonitoire vécu par l'héroïne que le film amorce son fantasme pour s'y matérialiser face à notre témoignage ! Ainsi, nous sommes donc peut-être le fruit d'une expérience d'un alchimiste créateur !


Le carnaval des âmes
Délire baroque à l'imagerie païenne saisissante, farce macabre où les morts sont détroussés de leur âme par une eau rocheuse ou disséquées par un médecin mystificateur, Litan intrigue, déroute et fascine pour nous plonger dans le mystère le plus abyssal de notre existence: l'au-delà de la mort. De par son pouvoir d'envoûtement prédominant et sa mélodie orchestrale entêtante, on peut aisément concéder que cette perle rare reste l'une des plus belles réussites fantastiques pour un genre si boudé et peu exploré dans l'hexagone. Un authentique film culte en somme à l'aura indicible prégnante. 

* Bruno
04.03.22. 4èx
25.07.13. 

Récompense: Prix de la Critique au Festival International du film fantastique d'Avoriaz en 1982.

Dormir et rêver...
C'est comme si on flottait, on sent la présence des autres morts autour de soi... Pas de ciel, pas d'enfer, rien... Rien, vous êtes là et vous attendez, quelque fois vous rêvez mais ensuite le rêve s'arrête.. Vous attendez que les vivants meurent et il nous rejoignent dans notre rêve... Nous rêvons votre vie et quand notre rêve s'arrête alors vous mourrez... Nous sommes comme deux ombres luttant pour un même corps, bientôt nous ne serons plus qu'une âme... Eric ne sera plus que le souvenir de quelqu'un que j'ai été il y a très longtemps... Quelqu'un qui était en vous, j'ai été plus fort que lui alors je me souviendrais de sa vie  comme si ça avait été la mienne...
                                          LITAN, LA CITE DES SPECTRES VERTS

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