jeudi 18 juillet 2013

LE JOUR DES MORTS-VIVANTS (Day of the Dead)

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site whatculture.com

de Georges A. Romero. 1985. U.S.A. 1h43. Avec Lori Cardille, Terry Alexander, Joseph Pilato, Jarlath Conroy, Richard Liberty, Sherman Howard.

Sortie salles France: 10 Décembre 1986. U.S: 19 Juillet 1985

Récompenses: Prix d'Interprétation Féminine, Prix des Effets-Spéciaux au Festival du Rex de Paris en 1986.
Prix Spécial Gore

FILMOGRAPHIE: Georges Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York.
1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead. 2011: Deep Red.


Huit ans après le phénomène planétaire Zombie, Georges A. Romero entreprend de boucler sa trilogie avec le Jour des Morts-vivants. Entouré d'une équipe d'acteurs méconnus et pour mettre en évidence sa touche féministe, il invoque cette fois-ci le rôle principal à une jeune femme stoïque ! Avec l'entremise du spécialiste des effets de maquillage, Tom Savini, et la musique cadencée de John Harrison, Georges Romero nous établi une fois de plus sa vision de l'apocalypse avec une ambition toute aussi spontanée. 

Dans la grotte d'une base militaire, une poignée de scientifiques et de soldats se chamaillent pour l'avenir de leur survie depuis que les morts ont envahi la terre. 


C'est en interne d'un huis-clos que le réalisateur s'entreprend de nous embrigader parmi la tyrannie de militaires écervelés et la résignation de scientifiques plus érudits. En abordant à nouveau les thèmes de l'incommunicabilité et de l'individualité, Georges Romero ironise tous azimuts sur la nature humaine quand l'homme égocentrique doit se mesurer à une menace qu'il ne maîtrise pas. Afin de renforcer la densité des enjeux, le Jour des Morts-vivants accorde un peu plus de place à l'étude caractérielle de ses personnages (c'est d'ailleurs ce que certaines critiques de l'époque lui avaient reproché !) que son précédent opus. En adressant notamment un joli portrait de femme, c'est la comédienne novice Lori Cardille (sa 1ère apparition au cinéma !) qui prête son talent pour endosser la dirigeante d'un groupe de scientifiques avec une ténacité virile. Sa tolérance humaniste et sa quête de solidarité pour mieux déjouer la menace des zombies sont loin de contenter le Capitaine Rhodes (plaisamment cabotiné par Joseph Pilato), leader obtus assoiffé de mégalomanie et n'hésitant pas supprimer ses concurrents trop arrogants. En jouant la carte de la dramaturgie et du réalisme, George Romeo met notamment en exergue le portrait fébrile d'un des comparses de Sarah, un latino dépressif incapable de canaliser ses affres et rempli de rancoeur pour la stoïcité de cette dernière. Alors que les zombies sont retenus derrière les grilles du camp militaire, nos deux groupes n'auront de cesse de se chamailler par la faute des exactions scientifiques d'un Dr Frankenstein sur le point d'amadouer le zombie Bub (Sherman Howard livre une prestance apathique inoubliable !). Bien entendu, ce microcosme en perpétuelle divergence va finir par s'entretuer jusqu'à ce que les zombies viennent investir la base après s'être libérés de leur grille. Autant la première heure accordait beaucoup de place aux conflits humains en perdition, son dernier acte va redoubler d'action cinglante et de gore festif quand les zombies auront réussi à se confondre parmi les vivants. 
Avec une dérision beaucoup plus prononcée que dans Zombie, Le jour des Morts-vivants joue la carte de la satire pour fustiger un pamphlet antimilitariste (tous les bidasses sont d'impayables crétins au QI dérisoire !) contre une science arriviste concurrente de Dieu. Tandis que dehors, les morts-vivants assoiffés de tripailles se préparent à assiéger le terrain ! Sur ce dernier point, on peut dire qu'une fois encore Tom Savini a accompli des miracles pour façonner des effets gores aussi inventifs et spectaculaires que sanglants et jusqu'au-boutiste (un corps est déchiré en deux, une tête se détache de son buste sans implication du hors-champs !). 


Si le Jour des Morts-Vivants s'avère le plus faible de la trilogie (notamment par la faute d'un budget trop modeste et d'un scénario perfectible), il possède suffisamment d'atouts probants (densité psychologique de personnages attachants, narration captivante émaillée d'idées sardoniques, action cinglante compromise au gore jouissif et score exotique en parfaite harmonie) pour l'assigner au classique du genre. 

18.07.13. 5èx
Bruno Matéï 

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