vendredi 21 juin 2013

ANOTHER DAY IN PARADISE. Grand Prix du Jury à Cognac, 1999

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Larry Clark. 1998. U.S.A. 1h45. Avec James Woods, Melanie Griffith, Vincent Kartheiser, Natasha Gregson Wagner, James Otis, Lou Diamond Phillips.

Récompense: Grand Prix du Jury au Festival du film policier de Cognac, 1999

FILMOGRAPHIE: Larry Clark est un réalisateur, photographe, directeur de la photographie, né le 19 Janvier 1943 à Tulsa dans l'Oklahoma. 1995: Kids. 1998: Another Day in Paradise. 2001: Bully. 2002: Teenage Caveman (télé-film). 2002: Ken Park. 2004: Wassup Rockers. 2006: Destricted (segment Impaled). 2012: Marfa Girl (uniquement dispo sur le net). 2012: The Smell of us.


Trois ans après la révélation Kids, Larry Clark revisite le malaise existentiel d'une jeunesse désoeuvrée dans Another day in paradise. Véritable descente aux enfers filmée à la manière d'un doc, ce drame criminel est une épreuve psychologique toujours plus abrupte dans sa description tranchée d'une famille marginale compromise au vol et au meurtre en roue libre. Un couple d'adolescents à la dérive se retrouve embrigadé par un duo d'amants asociaux habitués à commettre de gros cambriolages. Si le début de leur relation s'avère des plus hospitalières, entre sorties éméchées dans les boites branchées et consommation de came, leur itinéraire va les mener dans une impasse meurtrière irréversible. Film choc d'un réalisme cru parfois insupportable,  Another Day in Paradise  nous illustre sans fioriture l'équipée sauvage de deux couples vers les paradis artificiels de la drogue et de l'argent facile. Par sa mise en scène hyper réaliste et le jeu authentique de ces acteurs, Larry Clark transcende les clichés inhérents au genre pour nous immerger de plein fouet dans le monde crapuleux du vrai banditisme.



Parmi l'influence autoritaire d'un couple avenant de quinquagénaires, deux adolescents en perte de repère familial s'inculquent à jouer dans la cour des grands à travers la déontologie de la criminalité immorale. Avec son atmosphère toujours plus tendue et poisseuse, le réalisateur nous saisit à la gorge lorsqu'il met en exergue le portrait immoral d'un père perfide, délibéré à entraîner de jeunes gamins pour l'unique profit pécuniaire. Toujours insatiable à décrocher un prochain butin faramineux, ce junkie alcoolique et intraitable va peu à peu entraîner sa petite famille dans une virée sauvage où l'unique issue de secours s'imposera par l'esprit d'individualité. Larry Clark nous confrontant ici à la déchéance humaine, l'influence de la vie facile parmi les drogues dures et l'argent sale, l'avilissement d'une jeunesse désespérée en quête éperdue d'amour parental. Si le spectateur semble vivre en direct cette effroyable odyssée meurtrière au réalisme étonnamment vicié, c'est également pour mieux nous interpeller sur la conduite marginale de ses parents influents vivant au jour le jour avec une aversion pour le genre humain.


A bout de souffle
D'une violence rugueuse à point tel que le spectateur semble subir un calvaire moral irrespirable, Another day in paradise perdure son acuité dramatique grâce à l'exceptionnelle contribution du casting 4 étoiles (James Woods habité par sa décadence misanthrope, Melanie Griffith autrement empathique dans son instinct maternel à secourir la fragilité d'adolescents rebelles criants de vérité !). Scandé d'une soul music entêtante, ce road movie au vitriol nous laisse au terme un goût amer dans la bouche si bien qu'il nous largue sur un sentiment d'abandon des plus fourbes. 

21.06.13. 3èx
Bruno Matéï


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