vendredi 10 mai 2013

THE PLACE BEYOND THE PINES

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmsfix.com

de Derek Cianfrance. 2012. U.S.A. 2h19. Avec Ryan Gosling, Bradley Cooper, Rose Byrne, Eva Mendes, Ray Liotta, Bruce Greenwood, Dane DeHaan.

Sortie salles France: 20 Mars 2013. U.S: 29 Mars 2013

FILMOGRAPHIE:  Derek Cianfrance est un réalisateur et scénariste américain, né le 23 Janvier 1974.
1998: Brother Tied. 2010: Blue Valentine. 2012: The Place Beyond the Pines. 2014: Chef.


Un an après s'être fait révélé dans Drive, Ryan Goslin se retrouve à nouveau catalogué dans le rôle du "bad boy au grand coeur" dans un polar flamboyant traversé d'éclairs de poésie lyrique. Si l'acteur reprend le personnage qu'il avait incarné dans le polar stylisé de Nicolas Winding Refn, il se révèle ici un peu plus extraverti et beaucoup plus irréfléchi dans son caractère obtus en multipliant les bourdes irréparables. Pourtant, le pitch de départ laisse craindre un film policier conventionnel entièrement bâti sur sa notoriété (un cascadeur paumé décide de braquer des banques pour subvenir à sa famille). Mais The Place beyond the pines s'avère un astucieux simulacre constamment surprenant par la densité d'un scénario impeccablement charpenté. Si les clichés usuels précités pullulent dans sa première partie, le réalisateur réussit à les exploiter avec l'efficacité d'une réalisation circonspecte entièrement vouée à l'étude caractérielle de ses personnages. Scindé en trois parties distinctes, la trame préalablement éculée va donc peu à peu développer une nouvelle intrigue bâtie autour d'un autre personnage éloquent, un flic de routine compromis à une bavure policière. Par la faute de son acte, cette nouvelle entrée en scène de ce personnage équivoque va nous ensuite nous confronter vers un retournement de situation d'une audace inouïe, à tel point que le spectateur dérouté aura du mal à concevoir cette réalité !


C'est véritablement à partir de sa deuxième partie plus intense que le film empreinte une dimension plus inquiétante par son suspense sous-jacent en traitant d'un cas de corruption policière. Là encore, les clichés reprennent du galop dans l'illustration scrupuleuse d'un flic épris de remord, prêt à balancer ses collègues ripoux (on pense à Copland et Serpico) pour se racheter une conscience, et par la même occasion accéder à un poste plus important. Sous ce canevas ressassé mais inexorablement captivant de maîtrise, on se demande tout de même où souhaite nous mener le réalisateur ! Vers la dramaturgie  d'une troisième partie vertigineuse où la fragilité des personnages va prendre un tournant décisive pour leur destin imparti. Ainsi, à travers le sort galvaudé d'un braqueur solitaire sans repères, faute d'un père absent, Derek Cianfrance aborde donc sans fioriture les thèmes de la démission parentale et de la filiation dépendante d'une délinquance juvénile. Des répercussions désastreuses que peuvent subir les enfants quand la lâcheté d'un homme de loi s'est résolu à préserver un odieux mensonge. De cet acte immoral va déboucher le remord, la quête de repentance mais aussi la rancoeur vindicative du point de vue des victimes, leur quête de vérité auquel deux adolescents vont communément devoir s'affronter pour retrouver un semblant de dignité.


Fascinant et incessamment envoûtant, The Place beyond the Pines s'érige en drame humain en démontrant à quel point l'absence parentale, le mensonge et la corruption peuvent véhiculer de lourdes contrariétés, voires des blessures incurables sur la postérité. Réalisé dans un souci de réalisme documenté et magnifiquement dirigé par des comédiens vacillants (Eva Mendes et le jeune Dane DeHaan sont bouleversants de rancoeur meurtrie !), ce polar en trois actes exacerbe toujours un peu plus son cheminement irréversible jusqu'au dénouement irrévocable. Un grand moment de cinéma lyrique porté par la grâce de ces acteurs (le bellâtre Bradley Cooper n'eut jamais été aussi convaincant !) au service d'une narration au cordeau.  

10.05.13
Bruno 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire