mercredi 13 mars 2013

RUNAWAY TRAIN (A bout de course)

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site journalcinephilelyon.com

d'Andrei Konchalovsky. 1985. U.S.A. 1h51. Avec Jon Voight, Eric Roberts, Rebecca De Mornay, John P. Ryan, Kyle T. Heffner, T.K. Carter, Kenneth McMillian.

Sortie salles France: 21 Mai 1986. U.S: 6 Décembre 1985

FILMOGRAPHIE: Andreï Sergueievitch Mikhalkov-Kontchalovski (en russe : Андрей Сергеевич Михалков-Кончаловский), est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et compositeur russe, né le 20 août 1937 à Moscou. 1965: Le Premier Maître. 1966: Le Bonheur d'Assia. 1969: Le Nid de Gentilshommes. 1970: Oncle Vania. 1974: Romans o vlioublionnykh. 1979: Sibériade. 1984: Maria's Lovers. 1982: Split Cherry Tree. 1985: Runaway Train. 1986: Duo pour un soliste. 1987: Le Bayou. 1989: Voyageurs sans permis. 1989: Tango et Cash. 1991: Le Cercle des intimes. 1994: Riaba ma poule. 2002: La Maison de fous. 2007: Gloss. 2010: The Nutcracker in 3D.


"La bête la plus féroce connait la pitié". "Mais je ne la connais point, et ne suis donc pas une bête". Richard III - William Shakespeare. 

En 1985 déboule un film d'action réfrigérant élaboré par un réalisateur russe, d'après un scénario du grand Akira Kurosawa ! En têtes d'affiche, le vétéran John Voight se partage la vedette avec Eric Roberts ainsi que la jeune débutante Rebecca De Mornay. A l'arrivée, ce film d'aventures tourné dans les contrées neigeuses de l'Alaska emprunte le schéma du genre catastrophe pour nous confiner vers un (inépuisable) survival auquel trois individus vont finir par se confronter en interne ferroviaire. Manny et Buck sont deux évadés de prison ayant réussi à embarquer à bord d'un train. Le hic, c'est que l'engin se retrouve sans conducteur depuis que ce dernier succomba à une crise cardiaque. Avec l'entremise d'une employée, les deux hommes vont tenter par tous les moyens de stopper le train lancé à vive allure vers une destination inconnue. La réussite majeure de ce métrage aussi homérique qu'éprouvant réside dans l'intelligence de son scénario réfutant à tous prix l'esbroufe gratuite en se focalisant sur l'étude caractérielle de ses personnages. Mené sur un rythme effréné et pourvu d'un souffle épique vertigineux, Andrei Konchalovsky nous illustre une confrontation au sommet entre un taulard opiniâtre, véritable légende marginale, et son directeur de prison drastique.


Parmi le réalisme d'une succession de péripéties impromptues, Runaway Train demeure une course contre la mort culminant la destination des prisonniers vers un ultime baroud d'honneur. Le combat pour la survie de deux évadés burnés mais au caractère distinct, embarqués malgré eux à bord d'un monstre d'acier ! L'un est un jeune loup fort en gueule, l'autre un baroudeur inflexible à la bravoure surhumaine ! Au centre de leur dissension fondée sur l'esprit de dignité et le courage de vaincre la peur, la présence inopinée d'une jeune employée va tenter d'apaiser leur rancoeur. Dans le rôle du taulard forcené, Jon Voight livre une performance inoubliable dans sa verdeur viscérale. L'acteur déployant une énergie proprement primitive afin de justifier ses excès de haine parfois erratiques et son sens noble du sacrifice. Dans celui du jeune rebelle obtus et empoté, Eric Roberts insuffle une franche spontanéité à imposer ses choix contradictoires contre l'autorité de son associé. La néophyte Rebecca De Morney endosse une femme loyale à la spontanéité humaniste afin d'assagir l'animosité de ces deux rivaux. Enfin, John P. Ryan excelle dans celui du gardien-chef présomptueux incapable d'accepter une quelconque défaite et donc délibéré à neutraliser son pire ennemi. Si l'humanisme désespéré des personnages véhicule une forte intensité, le réalisateur exacerbe leurs enjeux en exploitant à merveille le cadre de son environnement naturel. Nos héros se démenant sans cesse à combattre le blizzard auquel la vitesse effrénée du convoi va décupler sa basse température (- 35 à - 50 degrés !). On sent que les conditions de tournage devaient être particulièrement houleuses par ce climat hivernal atypique, sachant notamment qu'un pilote d'hélicoptère aura tragiquement expiré durant un repérage en amont d'un glacier.


Film d'action catastrophiste tourné au sein d'une nature sauvage indomptable, Runaway Train décoiffe en diable pour mettre les nerfs à rude épreuve avant de nous achever lors d'un baroud d'honneur inconsolable. Un des plus grands films d'action des années 80 illustrant avec intelligence une parabole humaniste sur le sens de la bravoure et du sacrifice. 

13.03.13. 4èx
Bruno Matéï


2 commentaires:

  1. Non mais là clairement je suis amoureux du ce film. Jon Voight y est au sommet de son art. Cette scène quand il explique à buck qu'il devra accepter un travail de merde s'il s'en sort, parce qu'il n'est qu'un taulard et baisser les yeux quand son patron lui parlera.........
    Sans parler de celle où il passe sur la loco de tête.... GAGNER OU PERDRE.....QUELLE DIFFERENCE!!!!!!! du très très lourd en ce qui me concerne. Merci pour cet article bruno

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