mardi 12 mars 2013

LE DOCTEUR ET LES ASSASSINS (The Doctor and the devils)

                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com

de Freddie Francis. 1985. U.S.A/Angleterre. 1h33. Avec Timothy Dalton, Jonathan Pryce, Twiggy, Julian Sands, Stephen Rea, Phyllis Logan, Lewis Fiander, Beryl Reid.

Sortie salles France: 29 Janvier 1986. U.S.A: 4 Octobre 1985

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni). 1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


Mon nom est flétri, ridiculisé par les enfants. Me suis-je placé comme dieu au dessus de la mort ? Me suis-je placé au dessus de la pitié ? Oh mon dieu, je savais ce que je faisais...

Avant dernier film du notable Freddie Francis qui se solda par un flop commercial cinglant, le Docteur et les Assassins est la sixième adaptation de l'histoire véritable des tueurs en série William Burke et William Hare. Si John Gilling avait magistralement illustré ce fait divers sordide dans son chef-d'oeuvre l'Impasse aux Violences, Freddie Francis livre également une pièce maîtresse de l'horreur réaliste sous l'entremise d'un médecin humaniste entièrement voué aux progrès de la recherche scientifique. Sous l'époque anglaise du 19è siècle, un médecin ambitieux s'entreprend de payer des déterreurs de cadavres afin de pouvoir les disséquer pour sa cause scientifique. Appâté par un gain fructueux s'il s'agit de ramener des cadavres frais, deux ivrognes sans vergogne vont se transformer en odieux assassins. 


Il y a des oeuvres essentielles qui marquent durablement les esprits dans le paysage du cinéma horrifique. Et en dehors d'une ambition artistique, certains réalisateurs s'engagent à nous interpeller par leur réflexion existentielle sur le sens du Bien et du Mal, tout en délivrant un constat amer sur une société obscurantiste. Totalement oublié de nos jours, Le Docteur et les Assassins fait parti de ses perles noires injustement méprisées, alors que l'intelligence du propos et sa densité psychologique forcent autant de respect que d'admiration. Avec sa photo sépia flamboyante et sa scénographie historique fidèlement reconstituée, on se croirait revenu à la période faste des productions Hammer de l'ancienne époque ! Mais ce qui intéresse avant tout Freddie Francis, outre de nous relater avec souci de réalisme un fait divers crapuleux, c'est de délivrer le portrait déchu d'un médecin humaniste entièrement consacré à sa recherche médicale. Un anticonformiste délibéré à enfreindre les lois séculaires faisant obstacle à ses progrès scientifiques. En tant que frondeur autonomiste, le docteur Rock (Timothy Dalton, voué corps et âme dans un rôle poignant et équivoque) décide finalement de déterrer la dépouille de cadavres sous l'entremise de lurons habitués à fréquenter les bars malfamés. Seulement, ses ambitions immorales (se placer au dessus de Dieu en violant l'âme des défunts reposant sous terre) vont le conduire à un terrible préjudice par la cupidité de deux alcooliques ignares. Par leurs exactions crapuleuses uniquement motivées par le gain, le réalisateur dépeint sans concession le portrait glaçant de deux tueurs impitoyables tributaires de leur dégénérescence morale. Des marginaux englués dans leur condition désoeuvrée et donc mieux aptes à perpétrer sans scrupule leurs homicides sur des vieillards et catins défavorisés. Incarnés par Jonathan Ryce et Stephen Rea, les deux acteurs campent à merveille un duo d'assassins impassibles, davantage épris d'un penchant pour le sadisme engendré par la folie meurtrière.


Sous le mode de l'horreur réaliste (et chirurgicale), Le Docteur et les Assassins est avant tout un drame profondément humain, fort et poignant, d'un anatomiste trop ambitieux finalement rongé par le remord d'une conscience pervertie. Magnifiquement photographié et fidèlement reconstitué, le film nous replonge avec une flamboyante âpreté à l'aube de l'Angleterre victorienne, sous son aspect le plus dépravé. Là où l'alcoolisme, la prostitution et le crime (payant) faisaient partis du morne quotidien des petites gens réduits à leur déchéance et la mendicité. 

Dédicace à Sebastien De Jesus
12.03.13
Bruno Matéï



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