jeudi 3 janvier 2013

DREDD


de Pete Travis. Angleterre/Afrique du Sud. 2012. 1h40. Avec Karl Urban, Olivia Thirlby, Lena Headey, Domhnall Gleeso.

Sortie salles France: 16 Septembre 2012, uniquement en avant-première à l'Etrange Festival.
U.S.A. 21 Septembre 2012. Belgique: 21 Novembre 2012

FILMOGRAPHIE: Pete Travis est un réalisateur britannique né à Manchester en Angleterre.
2008: Angles d'attaque. 2009: Endgame. 2012: Dredd


Si le nanar risible Judge Dredd, campé par un Stallone cabotin, avait été un échec cuisant lors de sa sortie en 1995, sa réactualisation entreprise aujourd'hui par un réal novice va définitivement inhumer le pudding édulcoré de Danny CannonDans une société futuriste totalitaire régie par des juges pugnaces, Dredd et sa nouvelle recrue, Anderson, doivent faire face à un cartel de la drogue manoeuvré par une psychopathe notoire. Alors qu'ils sont sur le point de mettre sous les verrous l'un de ses alliés, la matriarche "ma-ma" décide de boucler l'immeuble pour les embrigader en invoquant à la population de les assassiner. Ceux qui attendaient désespérément une version cinématographique emblématique du comics créé par John Wagner risquent fort de jubiler à la vue de cet actionner bourrin dédié à la subversion ultra violente. Caractérisé par un scénario simpliste mais redoutablement haletant dans son enchaînement d'action décomplexée, Dredd nouveau cru est un plaisir coupable à la générosité imperturbable.


Avec peu de décors (l'essentiel de l'action se focalisant derrière les murs anti-atomiques d'une gigantesque tour), le réalisateur Pete Travis réussit louablement à nous immerger de plein fouet dans l'urbanisation d'une cité futuriste en décrépitude. Un monde irradié et déshumanisé où drogue et criminalité sont un fléau permanent sous l'allégeance d'une criminelle sanguinaire (elle dépèce vivant ses adversaires qui empiètent sur son territoire avant de les droguer et les éjecter du haut de 200 étages !). Avec sa photographie cristalline saturée de teintes fluos, cette mouture hardgore utilise harmonieusement une palette de couleurs criardes afin de mettre en exergue les nombreuses effusions sanguinolentes qui en émanent. Notamment quelques plages de poésie fantasmagorique comme ces effets hallucinogènes de la nouvelle drogue "slo-mo" produisant chez le sujet un effet de ralentissement sur la notion temporelle ! Pour ce qui concerne les péripéties encourues chez nos deux baroudeurs pourvus d'armes high-tech (gadgets à l'appui !), Pete Travis ne cesse de leur faire subir moult épreuves de survie au sein d'un immeuble infesté de tueurs et de quidams corrompus. A la manière d'une compétition, nos deux héros doivent affronter subterfuges et rixes cinglantes face à des antagonistes toujours plus déterminés (telle cette embuscade furibonde à la sulfateuse !) et tenter d'obstruer la mégère dégénérée.


Dans le rôle titre, Karl urban s'en sort avec les honneurs pour incarner le nouveau justicier impassible. S'il peut paraître au départ un poil rigide dans sa posture héroïque à la mâchoire contractée, il réussit fissa à s'imposer en héros flegmatique, sensiblement épris de conscience humaniste depuis l'indulgence de sa co-équipière. La charmante Olivia Thirlby prête son talent pour endosser de façon circonspecte une mutante douée de pouvoirs psychiques, mais aussi de compassion chez les déshérités. Enfin, en baronne de la drogue burinée d'une cicatrice sur le visage, Lena Headey se révèle aussi délectable que méprisable dans ses agissements sanguinaires afin de prouver son autorité inébranlable à une population disciplinée.


Escape from Mega City One
Ultra violent, bourrin, gore, immersif et jouissif en diable, Dredd se coltine en prime d'une bande son électro émoustillante afin de scander les péripéties explosives qui empiètent le récit. Honteusement ignoré en salles dans l'hexagone, ce film d'action furibond insuffle une vigueur et un charisme animal face à la déliquescence urbaine d'une société en perdition. Juste avant de lever un voile d'espoir en la présence clairvoyante d'une mutante clémente. 

03.01.13
Bruno Matéï


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