mardi 18 décembre 2012

SOUS LA VILLE (W ciemnosci / In Darkness)

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site pariscine.com

de Agnieszka Holland. 2011. Pologne/Allemagne/Canada. 2h24. Avec Robert Wieckiewicz, Benno Fürman, Agnieszka Grochowska, Herbert Knaup, Maria Schrader, Kinga Preis.

Sortie salles France: 19 Octobre 2012. U.S: 2 Septembre 2011. Pologne: 5 janvier 2012

Récompense: Meilleure Réalisatrice au Festival International de Valladolid

FILMOGRAPHIEAgnieszka Holland est une réalisatrice née le 28 Novembre 1948 à Varsovie.
1980: Acteurs provinciaux. 1985: Amère Récolte. 1988: Le Complot. 1990: Europa, Europa. 1992: Olivier, Olivier. 1993: Le Jardin Secret. 1995: Rimbaud Verlaine. 1997: Washington Square. 2001: Golden Dreams. 2002: Julie Walking Home. 2006: Copying Beethoven. 2011: Sous la Ville.


Avec son nouveau long-métrage, la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland relate l'histoire vraie d'un contrebandier qui tenta de sauver de l'épuration nazie 12 Juifs en les abritant dans les égouts de la ville polonaise de Lvov en 1944.
Film fleuve d'une durée de 2h24, Sous la Ville tente de nous décrire sans aucun misérabilisme et encore moins de complaisance la survie d'une poignée de juifs (hommes, femmes et enfants) plongés dans l'opacité des égouts urbains. Après avoir creusé un trou dans le sol de leur demeure, plusieurs familles décident de rejoindre les conduits souterrains afin d'éviter les exécutions en masse perpétrées par les soldats nazis. C'est à ce moment fatidique qu'un employé municipal va les surprendre. Pour protéger leur vie ainsi que la sienne, il décide de leur réclamer une taxe quotidienne en guise de nourriture et d'eau. Véritable enfer souterrain plongé dans la moiteur des eaux fétides et des rongeurs sauvages, ces rescapés vont devoir rester cloîtrés dans les ténèbres durant plusieurs mois en espérant échapper au génocide.


De manière implacable et avec réalisme abrupt, ce témoignage édifiant sur les horreurs du génocide juif et la bravoure qui s'ensuit d'un prolétaire cupide, peine malgré tout à retransmettre une authentique empathie pour chacun des témoins démunis. Son climat lourd et austère puis l'antipathie impartie au personnage vaillant (devenu héros malgré lui) suscite une certaine frustration chez le spectateur circonspect. D'autant plus que le rythme sporadique n'évite pas la redondance dans les agissements risqués d'un protecteur indécis mais épris de compassion pour la misère humaine. Ces incessants va et vient entre la clarté des extérieurs urbains et l'obscurité des égouts nauséeux nous suscite une certaine irritation, faute du manque d'intensité conférée aux enjeux dramatiques. Pourtant, hormis ces défauts précités et surtout la défaillance d'une narration assez désordonnée, on ne peut qu'éprouver une certaine émotion face la condition précaire de ces rescapés faméliques et insalubres, totalement isolés du monde extérieur. A travers ce douloureux calvaire intenté aux juifs durant le régime nazi, la réalisatrice souhaite notamment rendre hommage à l'héroïsme d'un quidam insidieux. Un employé individualiste mais davantage gagné par l'humilité pour tenter d'extraire de l'enfer des innocents envoyés en bûcher.


Hormis ses défaillances allouées au rythme irrégulier et à l'austérité des interprètes, Sous la ville reste néanmoins un drame poignant jalonné de moments forts dans son climat anxiogène régi par l'Allemagne du 3è Reich. D'autant plus que sa dernière partie, haletante et déterminante, provoque une émotion vigoureuse chez le spectateur lamenté. Ne serait ce que pour le caractère authentique de cette page historique impartie à la cause juive, Sous la ville mérite d'être découvert avec intérêt et considération.

18.12.12
Bruno Matéï

ATTENTION SPOILER !!!
"Les juifs de socha" passèrent 14 mois dans les égouts de Lvov. Le 12 Mai 1946, Leopold Socha fut tué en protégeant sa fille d'un camion de l'armée russe hors de contrôle. A ses funérailles, quelqu'un a dit: "Dieu l'a puni pour avoir aidé les juifs". Comme si nous avions besoin de Dieu pour se punir les uns les autres. Plus tard, Krystyna Chiger écrivit ses mémoires, "la fille au chandail vert" publiés en 2008. Krystyna et les autres survivants fuirent Lvov, alors en Union Sovétique, pour se réfugier en Israel, en Europe et aux Etats-Unis. Leopold et Wanda (Magdalena) Socha figurent parmi les 6000 polonais honorés par Israel en tant que Justes parmi les nations. Ce film est dédié à chacun d'entre eux.
FIN DU SPOILER


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