mardi 6 novembre 2012

SAVAGES

Photo empruntée sur Google, appartenant au site affiches-et-posters.com

d'Oliver Stone. 2012. U.S.A. 2h15. Avec Taylor Kitsch, Aaron Johnson, Blake Lively, John Travolta, Benicio Del Toro, Salma Hayek, Sandra Echeverria, Emile Hirsch, Joel David Moore, Demian Bichir.

Sortie salles France: 26 Septembre 2012. U.S: 6 Juillet 2012

FILMOGRAPHIEOliver Stone (William Oliver Stone) est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 15 septembre 1946 à New-York.
1974: La Reine du Mal, 1981: La Main du Cauchemar, 1986: Salvador, Platoon, 1987: Wall Street, 1988: Talk Radio, 1989: Né un 4 Juillet, 1991: Les Doors, 1991: JFK, 1993: Entre ciel et Terre, 1994: Tueurs Nés, 1995: Nixon, 1997: U-turn, 1999: l'Enfer du Dimanche, 2003: Comandante (Doc), 2003: Persona non grata, 2004: Looking for Fidel (télé-film), 2004: Alexandre, 2006: World Trade Center, 2008: W.: l'Impossible Président, 2009: Soul of the Border, 2010: Wall Street: l'argent ne dort jamais. 2012. Savages.


Ils ont disparu. Tout comme moi. Certains disent qu'on est en Afrique, au Kenya, ou sur une île paradisiaque indonésienne. Mais on parle encore de l'herbe de Ben et Chon. il arrive même quelquefois qu'on en trouve sur le marché. C'est ce qu'on a vécu et on ne pourra jamais revenir en arrière.
Ca m'a pris du temps, mais, je me suis remise à aimer la vie. Je ne suis pas sur que l'amour puisse se partager équitablement à trois. Ce n'est pas comme ça que ça marche. 
J'ai cherché la définition de "sauvage" dans le dictionnaire. Ca veut dire: féroce, cruel. Revenu aux instincts primitifs.
Un jour, peut-être, on reviendra... Mais pour l'instant, nous vivons comme des sauvages... De merveilleux sauvages...



Après une succession d'échecs artistiques peu louables, notre pourfendeur Oliver Stone revient plus motivé que jamais avec Savages, adaptation cinématographique du Best-seller de Don Winslow. Western tex-mex au vitriol arrosé d'ultra-violence au tabasco et d'idylle exotique sur fond de trafic de drogue, Savages nous évoque finalement une "true romance" insoluble. A travers une étreinte en trio auquel une jeune femme partage son coeur avec un ancien belligérant d'Afghanistan et un botanique adepte du bouddhisme, Oliver Stone caractérise ses personnages marginaux comme des trafiquants de drogue réputés notoires dans tout l'état. Quand le cartel mexicain décide de leur proposer une offre alléchante pour une affiliation, les deux acolytes décident simplement de s'y opposer. Intransigeante, la matriarche vénale Elena ordonne à ses hommes de main de kidnapper leur petite amie en guise de chantage. Eperdus d'amour pour leur maîtresse, les deux hommes iront jusqu'au no man's land pour récupérer la captive du désert. A partir de ce canevas simpliste mais palpitant, Oliver Stone en extrait un cocktail acidulé pour scander un polar véreux jalonné d'action cinglante mais entièrement dédié à la personnalité de ces marginaux. Mené sur un rythme alerte avec son lot de rebondissements sarcastiques, Savages se positionne en divertissement adulte par son humour noir sous-jacent et sa violence crue à la limite du supportable. D'ailleurs, sous couvert de farce caustique dénonçant l'industrie florissante de la drogue et la dégénérescence morale des deux dealers, le réalisateur en profite pour nous alarmer sur un fait sordide de société tristement actuel. Il signale avec ironie morbide (les tortionnaires sont affublés d'un masque horrifique) une forme de violence toujours plus incongrue chez la pègre mexicaine quand celle-ci n'hésite pas à employer des moyens barbares pour intimider leurs voisins rivaux. C'est à dire trancher la tête de leurs ennemis à la tronçonneuse ou les fouetter à mort jusqu'à l'immolation rédemptrice ! On sera aussi bougrement surpris par son final à tiroirs pourvu de dérision (faussement) rédemptrice et de tragédie irréversible. En prime, l'épilogue empreint d'exotisme édénique conclu magistralement son éthique sur l'autonomie libérale avant l'aspiration du béguin commun.


Avec sa galerie d'antagonistes impudents et crapuleux, décalés et besogneux, les illustres comédiens qui traversent le récit sont particulièrement à la fête pour livrer de savoureux numéros tendance Tarantinesque. Outre le trio imparti par les attachants Taylor Kitsch (Chon), Aaron Johnson (Ben) en dealers pugnaces et leur ravissante compagne Blake Lively (Ophelia) révélée dans The Town, c'est Salma Hayek qui surprend et détonne dans un rôle à contre-emploi. Celui d'une baronne opiniâtre élevée à la tête d'un immense empire depuis le décès de son défunt. Mais une mère à la maternité déchue car discréditée par sa propre fille rebelle. Quand à John Travolta, il s'alloue d'un rôle d'agent des stups plutôt couard et insidieux face à ces complices hétéroclites. SPOILER !!! Et cela en dépit de nous surprendre de façon roublarde dans un revirement fortuit pour la planification d'un fiasco dérisoire ! FIN DU SPOIL. Enfin, la palme la plus persuasive en terme de salopard ignominieux en revient à Benicio Del Toro dans celui d'un odieux trafiquant mexicain. Tortionnaire, violeur et amant infidèle, l'acteur insuffle sa verdeur meurtrière parmi le regard bestial d'un physique buriné !


Polar coloré désinhibé par une insolence gouailleuse et ébranlé par une violence intolérable, Savages est un divertissement débridé transcendant finalement un conte désenchanté. Celui d'une romance inéquitable vouée au diptyque de l'amour, à la manière de cette dense amitié commune partagée entre deux marginaux inséparables, quand bien même  SPOILER !!! leurs sentiments seront contraints de s'éloigner, faute des conséquences irréversibles d'une sauvagerie primitive... FIN DU SPOIL.

06.11.12
Bruno Matéï


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