vendredi 30 novembre 2012

BLOW OUT

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site myscreens.fr

de Brian De Palma. 1981. U.S.A. 1h48. Avec John Travolta, Nancy Allen, John Lithgow, Dennis Franz, Peter Boyden, Curt May.

Sortie salles France: 17 Février 1982. U.S: 24 Juillet 1981

FILMOGRAPHIEBrian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis. 1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted. 2012: Passion.


Un an après son chef-d'oeuvre sulfureux Pulsions, Brian De Palma enchaîne avec un second thriller,  une méticuleuse investigation afin de démanteler un attentat politique au coeur d'une Amérique paranoïaque ! Au moment de ces expérimentations dans un parc régional, un preneur de son se retrouve témoin d'un meurtre fardé en accident. Suite à l'éclatement du pneu d'une voiture, un gouverneur et sa passagère sont projetés au fond d'une rivière. Après avoir sauvé in extremis la jeune fille, Jack tente de dévoiler au grand jour le meurtre du gouverneur à l'aide de sa bande-son mais aussi le film qu'un photographe est parvenu à enregistrer le soir même de la tragédie. Afin d'étouffer l'affaire au plus vite, un dangereux maniaque complice de cette conjuration s'entreprend de récupérer la bobine et supprimer les témoins gênants. Hommage au 7è art dans ce rapport inhérent que l'image et le son entretiennent communément afin d'épurer la chimère cinématographique, Blow Out est un jeu de manipulation roublard où le simulacre dévoile peu à peu ses failles par l'entremise d'un technicien de cinéma. Avec la complicité attachante de John Travolta (étonnant de sobriété dans un rôle à contre-emploi !) et de l'aguicheuse Nancy Allen (irrésistible de naïveté candide dans sa fonction antinomique d'escort girl !), Brian De Palma nous élabore une enquête passionnante où la mise en scène virtuose tient une fois de plus du prodige (utilisation harmonieuse du split screen, du travelling circulaire et de la louma).


A travers la reconstitution d'une scène de crime entreprise par un preneur de son obnubilé à rétablir la vérité, Brian De Palma nous manifeste son amour pour le cinéma sous toutes ses variantes. Si bien qu'ici, même les navets horrifiques mâtinés d'érotisme ont droit à la reconnaissance face à l'expressivité d'un hurlement salvateur ! Une fois de plus, le réalisateur utilise avec masochisme la dextérité d'un scénario charpenté où les apparences trompeuses vont être dévoilées sous l'allégeance d'un cinéaste soucieux de conviction réaliste. Puisqu'en sous-intrigue, la quête du fameux cri escompté dès le prélude est finalement dégoté par le héros à travers l'agonie de sa compagne sacrifiée ! Et on peut dire qu'en terme de point d'orgue nihiliste, l'inoubliable dénouement de Blow-Out s'avère sacrément couillu pour laisser le spectateur dans un pessimisme élégiaque. Ce qui justifie d'ailleurs son relatif échec commercial lors de sa sortie en salles (13 747 234 dollars de recettes pour un budget de 18 millions) et la faillite qui s'ensuit pour sa société de production. Qu'importe la défaite, De Palma nous a transcendé avec une maestria infaillible une course contre la montre fertile en péripéties délétères que nos héros ont parcouru pour contrecarrer l'antagoniste, et ce afin de sauvegarder la preuve irréfutable d'un complot politique.


Un cri dans la nuit
Scandé de la partition raffinée de Pino Donaggio, Blow-out réexploite le mode opératoire du suspense et de l'enquête policière avec une roublardise jubilatoire. Dominé par un casting sans fard, cet hommage au cinéma "perfectible" transcende l'outil artistique au gré d'une énigme irrésolue. De par l'audace de sa conclusion bouleversante, Blow out prouve avec dérision cruelle (l'utilisation d'un vrai cri au profit d'une oeuvre de commande) qu'au cinéma rien n'est gagné d'avance, surtout lorsqu'un cinéaste s'efforce d'y cultiver sa patte personnelle. Quitte à l'arrivée d'essuyer un cuisant échec commercial... 

* Bruno
30.11.12. 4èx



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