vendredi 17 août 2012

La Cabane dans les Bois / The Cabin in the Woods

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site flicksandbits.com

de Drew Goddard. 2012. U.S.A. 1h35. Avec Richard Jenkins, Bradley Whitford, Jesse Williams, Chris Hemsworth, Fran Kranz, Kristen Connolly, Anna Hutchison, Brian White, Amy Acker, Jodelle Ferland.

Sortie salles France: 2 Mai 2012. U.S: 13 Avril 2012

FILMOGRAPHIE: Drew Goddard est un réalisateur et scénariste américain, né le 26 Février 1975 à Los Alamos, Nouveau-mexique.
2012: La Cabane dans les Bois


Pour une première réalisation, Drew Goddard s'est entrepris de renouveler le concept du "ouh, fait moi peur !" en se jouant du spectateur avec une dérision sarcastique qui pourrait peut-être rebuter de prime abord. Pochette surprise brassant tous les clichés du genre avec pas mal d'astuces et de surprises plutôt réjouissantes, autant qu'hommage et déclaration d'amour au genre horrifique et au bestiaire iconique, La Cabane dans les Bois est une série B conçue pour surprendre, s'esbaudir, dérouter, dynamiter les codes du genre au sein d'un feu d'artifice sanglant. Variation habile de plusieurs thèmes éculés condensés en un scénario halluciné (euphémisme), la première partie ressasse donc sciemment moult stéréotypes sous forme de clins d'oeil amusés parmi cette bande de 5 vacanciers partis en week-end pour séjourner dans une cabane au fond des bois. Argument directement calqué sur le modèle du genre, Evil-Dead, La Cabane dans les Bois réussit pourtant à se réapproprier de ses situations conventionnelles de par la lucarne de la TV réalité avec soupçon de jeu-vidéo. La panoplie traditionnelle de protagonistes juvéniles, effrontés, insouciants ne manquant nullement à l'appel. La vierge, la pute, l'idiot de service, le jeune étudiant introverti et le sportif athlétique se confrontant malgré eux à une sanglante nuit digne d'un canular de Creepshow. Tandis qu'au même moment, dans un vaste bunker industriel, des agents et boursiers affublés de costard-cravate scrutent leurs faits et gestes à travers leurs écrans de contrôle d'ordinateur. Qui sont-t'ils ? Dans quel endroit sont-ils logés ? A quel jeu participe les occupants de la cabane et quel en est le véritable motif ?


Ainsi, avec une dose d'ironie et d'épisme spécialement terrifiants, le 1er acte nous refait le coup classique du survival horrifique auquel 5 vacanciers devront se défendre contre des forces démoniales au coeur d'une forêt de tous les dangers. Et si nous sommes bien évidemment en terrain connu, la vigueur de la mise en scène réussit adroitement à éviter l'ennui en nous procurant frissons, violence et cruauté inopiné (!) auprès de ces courses poursuites fertiles en déconvenues. L'ambiance bucolique crépusculaire ainsi que ses décors montagneux pârvenant notamment à nous immerger au sein d'une nuit de terreur cinglante dont certains éléments saugrenus vont subitement nous interpeller ! (par ex la muraille invisible). En prime, l'aspect fortuit que nos protagonistes sont préalablement pris au piège des exactions meurtrières provoquées par une sombre entreprise renforcent ce concept anti-conformiste, véritablement tranché pour sa rigueur morale sans pitié aucune. Si bien qu'il faut bien souligner que les protagonistes ne sont ici nullement réduit à des ados écervelés tant nous nous inquiétons de leur sort sans pouvoir anticiper s'ils réchapperont à la mort la plus brutale et sournoise. Et sur ce point émotionnel, l'implication du spectateur fonctionne à point nommé si bien que l'on espère à chaque fois que l'un d'eux en sortira vainqueur (hormis un faible espoir toujours plus factuel) de par leur héroïsme acharné de dernier ressort. Quant à la seconde partie impartie à une ultime demi-heure révélatrice, elle relance l'action tous azimuts en dénonçant de façon oh combien tonitruante et débridée l'envers du décor d'y laisser place à une révélation digne d'un épisode vrillé de la quatrième dimension. Qui plus est, jalonné de clins d'oeil aux classiques notoires du cinéma d'horreur et de fantastique (mais aussi du jeu vidéo) parmi lesquels Hellraiser, Ca, Silent Hill, Resident Evil, etc... La Cabane dans les Bois nous plonge à corps perdu dans un univers toujours plus déluré ou gore, humour, violence et folie sont en totale symbiose. Et ce jusqu'à l'ultime rebondissement faisant intervenir (en forme de clin d'oeil) une actrice notoire discourir alors que la dernière image génialement fascinante se résigne au refus du happy-end passée une concertation génialement caustique d'après leur commune désillusion. 


Vous pensez déjà connaître la fin ? 
Ludique, frissonnant, débridé, insolent, inventif, déjanté (en mode pagaille visuelle - davantage - intrépide), La Cabane dans les Bois mène la danse de la fantaisie horrifiante avec une efficacité et une originalité démesurée. Diablement rythmé, méchamment drôle et parfois même teinté de désespoir dans sa dramaturgie amplifié d'un score subtilement mélancolique faisant écho à The Descent, ce pastiche anti puritain, réfractaire à une horreur mainstream consumériste, demeure une récréation de tous les diables sous l'impulsion de jeunes acteurs franchement convaincants dans leur fonction humaniste à la fois torturée, affligée, pugnace, censée. Enfin, à travers ce divertissement retors pétri d'amour pour le genre on peut aussi y voir une méditation sur notre rapport charnel/masochiste/voyeuriste à l'horreur cinématographique perdurant depuis l'antiquité pour nous maintenir dans un confort moral apaisant en y exorcisant nos peurs et notre haine que tout un chacun refoule. Une très bonne surprise donc dont l'ultime demi-heure qualitative, substantielle, folingue, adopte une ampleur insoupçonnée.

28.03.24. 2èx. 4K vo
17.08.12



1 commentaire:

  1. Tout à fait d'accord avec ta critique cher bruno. J'avous m'etre laissé surprendre davantage par la deuxième partie du film, plus osé en termes d'originalité du propos. un film assez culotté du genre !
    Sinon, note pour info que j'ai mis enfin en disponibilité les liens pour le film "l'esprit de la ruche "que tu attendais de voir et dont j'ai hate de lire ton futur avis, quelquesoit tes opinions. merci bruno

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