mercredi 27 juin 2012

Rusty James / Rumble Fish

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site fr.pinterest.com

de Francis Ford Coppola. 1983. U.S.A. 1h34. Avec Matt Dillon, Mickey Rourke, Diane Lane, Dennis Hopper, Diana Scarwid, Vincent Spano, Nicolas Cage, Chris Penn, Laurence Fishburne, William Smith.

Sortie salles France: 15 Février 1984. U.S: 21 Octobre 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Francis Ford Coppola est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 7 Avril 1939. 1963: Dementia 13. 1966: Big Boy. 1968: La Vallée du Bonheur. 1969: Les Gens de la pluie. 1972: Le Parrain. 1974: Conversation Secrète. Le parrain 2. 1979: Apocalypse Now. 1982: Coup de coeur. 1983: Outsiders. Rusty James. 1984: Cotton Club. 1986: Peggy Sue s'est mariée. 1987: Jardins de Pierre. 1988: Tucker. 1989: New-York Stories. 1990: Le Parrain 3. 1992: Dracula. 1996: Jack. 1997: l'Idéaliste. 2007: l'Homme sans âge. 2009: Tetro. 2011: Twixt.


"Sublimement insolite et envoûtant à travers son onirisme existentiel que cette balade désenchantée avec l'ennui, voyage au bout de la nuit d'une quête identitaire."
Entrepris la même année que Outsiders et de nouveau adapté d'un roman de Susan Eloise Hinton, Francis Ford Coppola se révèle beaucoup plus ambitieux avec Rusty James, véritable expérience 
cinégénique imprimée de la personnalité (ici baroque) du cinéaste. Fable sur la lassitude, la fuite du temps et l'aliénation existentielle, cette errance fantasmatique de deux frères entravés nous envoûte les sens de par sa mise en scène expérimentale impartie à l'esthétisme expressionniste. Ainsi, à travers ce tableau dérisoire d'une jeunesse désoeuvrée laminée par l'ennui, le chômage et la démission parentale, Rusty James souhaite devenir le leader des gangs de rues, comme le fut préalablement son frère aîné, Motorcycle, véritable légende urbaine. S'il demeure vaillant et pugnace, Rusty James ne possède pas l'adresse ni l'intelligence de son aîné pour devenir un nouveau chef de bande réputé. Ses infidélités avec sa petite amie, l'absence d'un père alcoolique et la disparition inexpliquée de sa mère l'influencent à se focaliser sur la réputation notoire de son frère, et par la même occasion d'y trouver un sens à sa terne existence. Le hic, c'est que l'ancienne légende des bandes organisées s'est rétractée à renouer avec une vie marginale jalonnée de rixes héroïques. Penseur mutique emprisonné dans ses songes les plus autonomes, Motorcyle semble n'avoir d'autre but que de errer dans la petite contrée d'Oklahoma en murmurant à l'oreille de Rusty que les bagarres de rue finiront par le mener au bout d'une impasse.

                                        

Avec sa bande son musicale à la fois idoine et décalée, ses bruitages industriels récurrents et sa photo monocorde d'une splendeur hypnotique, Francis Ford Coppola nous façonne une "fureur de vivre" en mode "élégie existentielle". Sa distribution est d'autant mieux privilégiée du jeu spontané de Matt Dillon épaulé de son frangin taciturne en la présence du fantôme Mickey Rourke, mais aussi d'une pléiade de seconds rôles aussi marquants (Dennis Hooper en paternel alcoolique déchu, Chris Penn et Nicolas Cage en rebelles vaniteux, ou encore la suave Diane Lane en dulcinée trahie). Rusty James demeure donc une oeuvre atypique où l'atmosphère irréelle nous insuffle un sentiment d'escapade à travers le profil galvaudé de deux frères esseulés car destitués de leur propre identité. Ce besoin de fuite en avant vers l'immensité d'un océan azur, cette soif de liberté latente exprimée de façon succinct par un Motorcycle méditatif nous suscitant un poème désenchanté sur la fuite (furtive) du temps et l'échec personnel. Cette temporalité récursive rappelant à nos protagonistes que le passage à l'âge adulte est un cap franchissable si leur nouvelle vocation était de se rabattre à un avenir sociable. Spoil ! En l'occurrence, le parcours à venir de Rusty James pourrait donc peut-être renouer avec l'aspiration sociale après avoir médité sur la disparition de l'être cher parti trop tôt de manière fulgurante... Fin du Spoil.


Chef-d'oeuvre contemplatif beaucoup plus substantiel et abstrait que son cadet Outsiders auquel le temps ne semble avoir aucune prise sur son aura de fascination irrépressible, Rusty James est un moment de cinéma précieux à travers ses émotions troubles que 2 frères nous partagent dans leur humanisme à la fois torturé et romanesque. Tout simplement sublime et d'une sidérante modernité dans son format rétro de rendre hommage aux films de bandes des années 50.

*Bruno

La chronique d'Outsiders: http://brunomatei.blogspot.fr/2011/11/outsiders-outsiders.html

26.10.22. 4èx. Vost
27.06.12.

                                     

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire