mardi 29 mai 2012

PULSIONS (Dressed to Kill)

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site CulturBisZ

de Brian De Palma. 1980. U.S.A. 1h45. Avec Angie Dickinson, Michael Caine, Nancy Allen, Keith Gordon, Dennis Franz, David Margulies, Ken Baker, Susanna Clemm, Brandon Maggart, Amalie Collier.

Sortie salles France: 15 Mars 1981. U.S: 23 Juin 1980
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Récompense: Saturn Award de la meilleure actrice pour Angie Dickinson, en 1981.

FILMOGRAPHIEBrian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis.
1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted.
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Après avoir enchaîné les réussites (Soeurs de sang, Phantom of the paradise, Obsession et Carrie), Brian De Palma s'inspire, pour entreprendre Pulsions, d'un fait de jeunesse (pister la suspicion d'adultère de son père sous la requête de sa mère) et d'un article de presse évoquant des crimes dans la communauté gay des années 70. Kate Miller est une jeune femme sexuellement inassouvie par son amant. Elle consulte le psychiatre Robert Elliot pour tenter de comprendre les raisons de sa frustration. Quelques instants après l'entretien, elle s'aventure dans un musée et y rencontre un charmeur invétéré. Après avoir passé la nuit ensemble, Kate se fait sauvagement assassinée à coups de rasoirs dans un ascenseur devant le témoignage d'une prostituée. Interrogée par la police, la jeune fille décrit le meurtrier comme une femme blonde à lunettes noires. Pendant ce temps, le fils de Kate Miller a déjà entamé une investigation pour tenter de démasquer l'assassin. 
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Sorti en 1980, Pulsions est un des titres emblématiques des années 80 en terme de thriller sulfureux à l'érotisme prégnant. Hommage ironique à Psychose (humour salace à l'appui !), Brian De Palma renoue avec l'art d'Hitchcock et use de roublardise pour nous mener en bateau dans un savant jeu de miroirs et faux semblants. A l'image du préambule charnel sous une douche embuée auquel notre héroïne se caresse langoureusement les parties intimes devant l'insouciance de son amant. Un leurre savamment planifié puisqu'un mystérieux individu situé à revers viendra la saisir par surprise pour tenter de la violer ! Toute la narration agencée autour des frustrations ou pulsions sexuelles de nos protagonistes est établie en fonction du simulacre pour mieux nous surprendre dans sa science aiguisée du suspense. La séquence de filature dans le musée, loisir lubrique de l'aguicheuse convoitée par un séducteur arrogant, est un exemple encore plus confondant dans les rapports de manipulation/ soumission. Alors que la drague improvisée culmine sa devise dans le véhicule d'un taxi puis sous la couette d'un lit, on apprendra un peu plus tard que l'amant est atteint d'une maladie sexuellement transmissible ! Un rebondissement interlope, une manière perfide à favoriser la fébrilité anxieuse de la victime, juste avant son cinglant trépas dans l'étroitesse d'un ascenseur.


Cette mécanique de suspense est judicieusement distillée afin de décupler la contrariété de la victime et du public préoccupé par son inévitable sort. Sitôt le fameux meurtre au rasoir perpétré avec violence géométrique, De Palma nous transcende une cuisante agression structurée par un montage millimétré. Que ce soit au niveau de la victime démunie, sévèrement assaillie par son assassin, que par le témoignage en dernier ressort d'une call-girl qui aura eu l'aubaine d'observer son apparence efféminée à travers le reflet d'un miroir. L'iconographie giallesque du meurtrier affublé d'une combinaison noire et d'un rasoir étincelant exacerbe également un caractère ombrageux à la situation horrifiée. La course effrénée dans le métro poursuit sa contraction dans un jubilatoire jeu mesquin de peur quand notre call-girl, irritée, est courtisée par une bande de délinquants au moment où le tueur est lancé à ses trousses. Alors que notre héroïne réfugiée à l'intérieur du train demandera l'assistance d'un flic de routine, les potentiels agresseurs auront déjà disparu. Mais l'assassin, lui, aura eu l'alternance de s'infiltrer dans l'un des compartiments du wagon ! C'est au moment opportun de l'estocade présagée qu'un autre revirement inopiné viendra une fois de plus contredire nos illusions. Dans son alliage de sexe et d'horreur, Brian De Palma organise donc un astucieux jeu d'apparences jalonné de moments d'anthologie vertigineux. Tandis que sa seconde partie, toute aussi captivante par la motivation fructueuse des personnages se confine vers l'élaboration d'une enquête autonome auprès d'une prostituée et d'un bricoleur juvénile, féru d'électronique. Quand au point d'orgue cynique et révélateur, il s'achève de manière aussi escamoteuse pour confronter le meurtrier pris à parti avec nos deux investigateurs. Mais une nouvelle duperie confessée par une police complice nous sera finalement avouée après avoir découvert l'identité du tueur au rasoir. Enfin, le réalisateur clôture la boucle par une boutade sardonique lorsqu'un ultime fantasme iconographique va renouer avec la charge érotique de son prologue.


Sensuel, provocant, excitant et charnel, Pulsions est un jeu de séduction avec la mort. Un canular impudique où la sexualité refoulée est livrée à toutes les exubérances. Soutenu par la mélodie lascive de Pino Donnagio et interprété avec impudence par deux femmes objets, ce chef-d'oeuvre du thriller voyeuriste se révèle un joyau de mise en scène à l'esthétisme immaculé !
  
30.05.12
Bruno Matéï. 4è


3 commentaires:

  1. très bon article comme souvent ! merci bruno tu aurais du etre critique dans une revue spécialisé !

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  2. Un compliment qui me touche beaucoup Atreyu même si je ne le mérite pas. Merci ^^

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