mercredi 29 février 2012

La Dame en Noir / The Woman in Black. Production Hammer Films.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Watkins. 2012. Angleterre/Canada. 1h35. Production: Hammer Films. Avec Daniel Radcliffe, Ciaran Hinds, Janet Mc Teer, Sophie Stuckey, Roger Allam, Alisa Khazanova, Shaun Dooley, Alexia Osborne, Sidney Johnston, Liz White.

Sortie salles France: 14 Mars 2012. U.S: 3 Février 2012

FILMOGRAPHIE: James Watkins est un réalisateur et producteur anglais né en 1978.
2008: Eden Lake. 2012: The Woman in Black. 2009: The Descent, Part 2 (scénariste)


Après 30 ans de silence, la célèbre firme anglaise (acquérie par Exclusive Media Group) renaît de ces cendres en 2008 avec Beyond the Wave, un Dtv passé inaperçu. Deux ans plus tard, la société enchaîne avec un remake plutôt bien reçu par le public et la critique, Let Me In. Mais en 2011, les espoirs de retrouver la verve singulière si chère à la compagnie s'amenuisent avec deux oeuvres conventionnelles, Wake Wood et la Locataire. En 2012, c'est une forme de résurrection, le retour aux sources de leur flamboyance gothique typiquement british. Et bien qu'il s'agit encore d'un remake d'une version TV de 1989, The Woman in Black est une sympathique adaptation d'un roman écrit par Susan Hill en 1983. Le pitchUn notaire se réfugie dans l'étrange demeure d'une cliente récemment décédée. Les habitants du village semblent craindre l'apparition récurrente d'une dame en noir qui emporte les âmes des enfants par son influence diabolique. Au delà des apparitions surnaturelles qui hantent la demeure, Arthur Kipps va découvrir que le corps d'un enfant préalablement noyé dans un marécage n'a jamais été retrouvé.


Annoncé sans renfort de pub, The Woman in Black est le genre de petit film dont on attendait pas grand chose alors qu'il réconcilie de manière modeste les aficionados d'ambiances romantico-macabres héritées du patrimoine gothique de la Hammer. Visuellement splendide, cette oeuvre funeste illumine nos pupilles du soin formel alloué aux moindres décors, transcendés de surcroît par une photographie désaturée. De l'architecture poussiéreuse et opaque d'une vieille bâtisse à l'environnement naturel d'une campagne adjacente parfois teintée de brume, cette ghost-story insuffle un sentiment palpable de mystère lattent. La trame orthodoxe basée sur la perte de l'innocence infantile réussissant avec efficacité à fasciner et à captiver en dépit de la parcimonie de rebondissements plutôt discrets. Le spectateur témoin étant entraîné dans le refuge d'une sombre demeure hantée de voix moribondes d'enfants car asservis par l'allégeance d'une sinistre mégère affublée de noir.


Ainsi, le réalisateur de l'éprouvant Eden Lake réussit dans sa première partie à distiller un climat anxiogène, trouble et angoissant en insistant sur la notion de suspense lattent. Les nombreuses apparitions surnaturelles qui interfèrent durant le récit ne jouent jamais en défaveur de l'esbroufe grand guignolesque pour tourmenter notre protagoniste attiré par le secret obscur de morts candides. C'est ce sentiment prédominant de mystère tangible provoqué par les tourments de la dame en noir et la fascination exercée sur son emprise machiavélique qui rend cette ghost story gentiment ensorcelante en dépit d'une certaine redondance pour les apparitions spectrales et phénomènes surnaturels. La seconde partie autrement plus surprenante et déterminante pour notre héros confronté à la quête de vérité par l'exhumation d'un cadavre accentue un peu plus son intensité et rivalise de moments anxiogènes assez incisifs. Quand à son épilogue inopiné, il pourra peut-être rebuter au premier abord le spectateur Spoil ! n'étant point préparé à une conclusion aussi dramatique que sardonique. Or, cette conclusion poignante privilégiant l'élégie macabre s'avère finalement tolérable par son sentiment d'exutoire familial. Fin du Spoil. De par sa présence dépouillée totalement investie dans sa fonction d'investigateur néophyte forcené à découvrir la vérité, Daniel Radcliffe fait preuve d'une nuance humaniste contrariée à incarner un notaire irrésistiblement attiré par une présence nuisible. Un défunt taciturne plongé dans les mailles d'une veuve noire particulièrement sournoise, délétère et vindicative.


D'une beauté macabre picturale rappelant nos belles réminiscences de la Hammer ou des fleurons d'Edgar Poe transfigurés par l'écurie Corman, The Woman in Black renoue avec la flamboyance funèbre chère aux yeux des fantasticophiles puristes. Son sens mesuré de l'efficacité, le soin de sa mise en scène posée tributaire d'une épouvante voluptueuse et son angoisse envoûtante confinant à la ghost story à l'ancienne de par son art d'y narrer une histoire linéaire pour autant magnétique. A découvrir. 

*Bruno Matéï

7 commentaires:

  1. Belle chronique Bruno qui me donne envie de découvrir ce film de ma compagnie fetiche...
    Hammer Forever ! j'avais raison...

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  2. Encore une superbe critique , tu devrais postuler chez MAD et encore mieux ;)

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  3. Et beh le compliment de ouf qui retourne direct le cerveau ! Merci beaucoup Jen, c'est gentil !

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  4. Voilà une critique qui me donne envie de voir ce film, dans le genre je te conseille La maison des ombres de Nick Murphy.

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  5. Ben tu sais quoi Hanzo, justement j'ai découvert ça cet après midi, à titre d'info ! Je le regarde la semaine prochaine, critique à l'appui ensuite !

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  6. Un superbe film avec une ambiance mystérieuse, lugubre, l'histoire est très bonne et la fin émouvante et surprenante. D. Radcliffe est parfait. Bref j'ai adoré.

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