jeudi 2 février 2012

THE WHISTLEBLOWER (seule contre tous)


de Larysa Kondracki. 2010. 1h52. U.S.A. Avec Rachel Weisz, Vanessa Redgrave, Monica Bellucci, David Strathairn, Nikolaj Lie Kaas, Roxana Condurache, Paula Schramm, Alexandru Potocean, William Hope.

Sortie Salles U.S: 5 Août 2011.

Récompense: Meilleure réalisation Golden Space Needle Award au Festival International du film de Seattle.

FILMOGRAPHIE: Larysa Kondracki est une réalisatrice, productrice et scénariste canadienne née à Toronto.
2010: The Whistleblower


Basé sur une histoire vraie, le 1er film de Larysa Kondracki souhaite dénoncer la traite sexuelle à travers le monde dont le chiffre s'estimerait à 2,5 millions de personnes forcées à l'esclavage, au prix de la torture et parfois même la mort. En l'occurrence, cette histoire s'est déroulée en 1999, dans une Bosnie d'après guerre alors qu'une femme flic va devoir user de bravoure au péril de sa vie pour démanteler un important réseau sexuel impliquant des hauts dirigeants.

Kathryn Bolkovac vient de divorcer et accepte un emploi juteux en Bosnie en tant qu'observatrice du maintien de la paix pour le compte des nations unies. Sur place, à Budapest, elle découvre un marché sexuel auquel de jeunes filles sont violées et torturées par des clients policiers protégés par les nations unies et certains dirigeants internationaux. Elle décide de tout mettre en oeuvre pour faire éclater cette sordide affaire devant les médias. 
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Dans la lignée des pamphlets politiques virulents auquel une personne de probité se retourne contre les autorités policières et/ou pouvoirs politiques (Serpico, Erin Brokovitch, Normae Rae, l'Affaire Josey Aimes), The Whistleblower est une oeuvre choc au sujet d'actualité alarmant. A travers le parcours d'une femme flic, seule contre tous, délibérée à poursuivre en justice les responsables d'un odieux trafic d'humains, Larysa Kondracki nous illustre son parcours du combattant sans complaisance ni voyeurisme tapageur. Néanmoins, son climat sordide résultant d'un scandale authentifié en 1999 s'octroie des séquences difficiles (bien que parfois suggérées) quand de jeunes filles bosniaques sont destinées à être utilisées et vendues comme simple instrument sexuel ou de torture. Parfois même, pour éviter que l'une d'entre elle n'envisage de s'échapper ou dénoncer son tortionnaire, une quidam innocente est simplement exécutée de sang froid pour servir d'exemple à ces comparses à toute tentative d'évasion ou de dénonciation.
Ce fait divers crapuleux ne peut laisser indifférent face à cette industrie véreuse dont la police locale (mais aussi étrangère) ainsi que de hauts dirigeants politiques sont impliquées en toute impunité. L'affrontement à haut risque dont témoigne cette policière solitaire pour tenter d'envoyer en prison ces tortionnaires sadiques dénués de moralité nous achemine dans une descente aux enfers âpre et tendue. Où l'émotion gagne en acuité au fil de son cheminement impitoyablement rigoureux.


Vaillante et pugnace, la prestance de Rachel Weisz au teint naturel sobre s'alloue d'une épaisseur psychologique dans sa requête indéterminée d'extirper de l'enfer une poignée de prostituées terrifiées à l'idée de comparaître en justice pour fustiger leurs oppresseurs. Sa détermination inflexible de se résoudre à renverser certaines hiérarchies immunitaires exacerbe un peu plus ses confrontations déloyales tandis qu'un point d'orgue révélateur nous sera établi de façon inopiné. Féministe engagée dans la dignité humaine, elle affiche également ses craintes indécises de ne pouvoir convaincre certaines filles de s'affranchir à l'asservissement. Ce qui donne lieu à quelques moments poignants comme cette jeune bosniaque réfutant l'assistance de Kathryn, par peur de représailles qui lui pourraient être fatales.


Incarné par des valeurs sûres du cinéma traditionnel (Vanessa Redgrave, Monica Bellucci,William Hope) et dominé par une Rachel Weisz étonnante de frugalité naturelle, The Whistleblower est un réquisitoire éloquent contre l'autorité gouvernementale corrompue à divers échelons. Son sujet sordide traité avec une poignante dimension humaine et mis en scène avec efficience provoque souvent l'indignation face à la réalité des faits constatés dans des exactions immorales. En frondeuse engagée (depuis la sortie du film, le dossier est remis au goût du jour avec sa participation), Larysa Kondracki semble nous avertir que certains de nos membres politiques plus ou moins impliqués à divers réseaux se refusent à dévoiler ouvertement toute forme de tyrannie. Un témoignage édifiant et intolérable qui en dit long sur l'hypocrisie et la bassesse humaine.
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02.02.12.
Bruno Matéï

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