lundi 6 février 2012

DOMINO


de Tony Scott. 2005. U.S.A. 2h07. Avec Keira Knightley, Mickey Rourke, Edgar Ramirez, Riz Abbasi, Delroy Lindo, Mo'Nique, Ian Ziering, Brian Austin Green, Joe Nunez, Macy Gray, Dabney Coleman.

Sortie en salles en France le 23 Novembre 2005. U.S: 14 Octobre 2005
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FILMOGRAPHIE: Tony Scott (né le 21 juillet 1944 à Stockton-on-Tees, Royaume-Uni - ) est un réalisateur, producteur, producteur délégué, directeur de la photographie, monteur et acteur britannique. 1983 : Les Prédateurs, 1986 : Top Gun, 1987 : Le Flic de Beverly Hills 2, 1990 : Vengeance,1990 : Jours de tonnerre,1991 : Le Dernier Samaritain,1993 : True Romance, 1995 : USS Alabama,1996 : Le Fan,1998 : Ennemi d'État, 2001 : Spy Game, 2004 : Man on Fire, 2005 : Domino, 2006 : Déjà Vu, 2009 : L'Attaque du métro 123, 2010 : Unstoppable..

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Un an après son méditatif polar "hardboiled", Man On Fire, Tony Scott s'inspire de l'histoire vraie d'une anglaise de renom, Domino Harvey. Cette illustre mannequin de l'agence Ford (info toujours invérifiable !), fille de l'acteur Laurence Harvey, s'était reconvertie au début des années 90 dans l'entreprise des chasseurs de prime à Los Angeles. Son prénom insolite est par ailleurs inspiré par le personnage d'une James Bond Girl illustrée dans le film Opération Tonnerre de Terence Young. Fondé sur sa vie particulièrement débridée, Tony Scott la remanie et édulcore aussi sa triste destinée puisque dans la réalité, Domino Harvey tire sa révérence le 27 Juin 2005, faute d'une overdose de Fentanyl. Avec sa participation au projet cinématographique qui s'étala sur plus de 12 ans, le réalisateur eut la probité de lui rendre hommage en lui dédiant son métrage. Domino est une jeune fille rebelle motivée par une vie échevelée du goût de l'aventure . Issue d'une famille bourgeoise et mannequin réputée, elle décide du jour au lendemain de fuir les paillettes de son univers hautain en postant sa candidature pour devenir chasseur de prime. Formé par Ed Mosbey et Latino Choco, elle devient une farouche rebelle au tempérament viril. Mais leur dernière mission à haut risque risque de changer la donne puisque deux clans rivaux mafieux ainsi que le FBI sont lancés à leur trousse pour une affaire tordue de cambriolage. Sur place, une équipe de reporters TV est dépêchée pour filmer leurs affrontements belliqueux afin de promotionner un show de Real-Tv. 

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Tony Scott se réapproprie d'une réalisation épileptique avec ses expérimentations visuelles foisonnantes scandées par une bande son rap vrombissante. Arrêt brutal sur image, slow motion chorégraphié, plans saccadés sur un montage rigoureux au service d'un film d'action déjanté proprement jubilatoire. Un parti-pris esthétique clippesque qui pourrait irriter de prime abord le public lambda mais la précision de la réalisation épouse une réelle fluidité pour agencer ce florilège d'images survoltées (sans ambivalence d'une esbroufe grandiloquente façon Michael Bay !).
Avec une galerie de personnages marginaux forgés dans l'insolence belliqueuse, voir même la mouvance suicidaire (comme cet acolyte afghan perpétuant un ultime baroud d'honneur à la fin de leur mission), cette équipée drastique de mercenaires décrétés par un ancien briscard nous entraîne finalement au beau milieu d'un traquenard érigé sous un cambriolage audacieux. Des prémices de sa jeunesse effrontée à sa dernière mission compromettante, Domino nous fait suivre sa destinée (tendance spirituelle par la pièce de monnaie écumée par Domino dans une église) à travers son fidèle trio engagé dans la bravoure et l'honneur de la justice. Alors qu'un hold-up cynique va impliquer la mafia de bandes rivales mais aussi la complicité du FBI. Mené à un rythme alerte ne cédant aucune place à la morosité, l'actionner contemporain de Scott affole les rétines et excite l'ouïe face à une mise en scène expansive multipliant ses idées à la seconde ! Dans un pur esprit ludique, le réalisateur compense la légèreté de son script par le profil incorrect de personnages indociles ou perfides et d'une bande de marginaux perpétrant des risques insensés pour le compte de notre société. Le tout mis en image avec une efficience imparable afin de rendre leurs mésaventures plus fougueuses, décalées et endiablées.
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Au passage, pour renforcer son côté caustique se vautrant continuellement dans l'exubérance et le délire corrosif, un portrait pittoresque est asséné à deux de nos illustres acteurs de la fameuse série TV, Beverly Hills. J'ai nommé le duo docile, Brian Austin GreenIan Ziering se prenant un plaisir mutuel à parodier leur personnage de lycéens issus de famille nantie, réduits ici à être embrigadés comme otage par notre trio de chasseurs de prime ! Il y a également l'affrontement incisif émis entre deux femmes au tempérament d'acier. Domino face à l'interrogatoire forcée d'une Taryn Miles (Lucy Liu, dans le rôle d'une psychologue exerçant pour le compte du FBI), s'évertuant à connaître le fin mot de l'histoire d'un cambriolage alambiqué. Sexy et destroy en diable, Keira Knightley s'accapare instinctivement d'un rôle opiniâtre pour incarner le profil anti-potiche d'une guerrière des temps modernes, vouée à la pugnacité et au danger du risque. Son interprétation allouée à contre-emploi crève l'écran et doit beaucoup au caractère attractif du projet singulier. Son manager endossé par le robuste Mickey Rourke en leader autoritaire est parfait de charisme par sa physionomie burinée, abîmée par le poids des années de labeur. Edgar Ramirez adopte une présence plus discrète mais se révèle tout aussi louable dans sa prestance taciturne mais hargneuse d'un romeo envieux, secrètement épris d'amour pour Domino.
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Impeccablement mis en scène dans une réalisation criarde multipliant toutes les techniques modernes de l'ère MTV, Domino est un spectacle débridé sans prise de tête, lestement conçu pour nous faire partager un moment décomplexé inscrit dans l'insolence et le délire frénétique. Le brio de nos comédiens entièrement investis dans la peau d'activistes équitables, engagés dans des péripéties saugrenues anti-rébarbatives concourant à nous galvaniser. Une jolie réussite donc de la part d'un réalisateur prolifique préalablement compromis par l'univers sirupeux de Hollywood (Top Gun, Jours de Tonnerre, Le Flic de Beverlly Hills !)
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Dédicace à Jérome Roulon.
07.02.12
Bruno Matéï
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http://arkepix.com/kinok/DVD/SCOTT_Tony/dvd_domino.html

2 commentaires:

  1. Même avec une faute d'orthographe la dédicace me touche beaucoup mon cher Bruno ^^ Et excellente critique encore une fois !!!

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  2. Oh le con ! je suis navré Jérome, je ne recommencerais plus ! Mais vu tout ce qui s'est passé hier on va dire que j'étais pas dans mon assiette.
    Merci Jérome et merci pour cette redécouverte impériale à mes yeux !

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