mardi 6 décembre 2011

SUPER


de James Gunn. 2010. U.S.A. 1h32. Avec Rainn Wilson, Ellen Page, Liv Tyler, Kevin Bacon, Gregg Henry, Michael Rooker, Andre Royo, Sean Gunn, Stephen Blackehart, Linda Cardellini, Nathan Fillion.

Sortie en salles en France: 1er Décembre 2011. U.S: le 01 Avril 2011. Interdit au - de 12 ans avec avertissement !

FILMOGRAPHIE: James Gunn est un réalisateur, scénariste, acteur, producteur et directeur de photo, né le 5 Août 1970 à Saint Louis, dans le Missouri (Etats-Unis).
2006: Horribilis
2010: Super
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Dans la lignée de Kick-ass et Defendor, le second film de James Gunn décapite le mythe du super-héros dans un concentré de dérision parodique et de gore trash sur fond de détresse sociale. Ou comment un citoyen lambda muni d'une clef à molette va reconquérir la femme de sa vie en se créant l'iconographie d'un personnage influencé par l'univers de la BD ! Frank d'Arbo est un homme sans histoire marié à une ravissante épouse, Sarah. Ancienne toxicomane, celle-ci replonge dans ses illusions psychotropes sous l'influence perfide de Jacques, grand dealer du quartier. Fou de douleur et de désespoir, Frank décide de s'investir d'une mission divine en éradiquant tous les délinquants de son quartier. Pour cela, il décide de se façonner une combinaison de super-héros afin de devenir "éclair cramoisi" !
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Avec un budget modeste, l'apparition d'aimables guest-stars mais aussi d'illustres comédiens compromis dans le politiquement incorrect, James Gunn reprend les thématiques de l'ébouriffant Kick-Ass pour nous conjuguer un divertissement hybride juxtaposant les genres, entre réalisme sordide et fiction débridée. Pour les non avertis, les ligues familiales et les ados fragilisés pourront plus ou moins être rebutés, voir désarçonnés par ce concentré de délire trash repoussant les limites du mauvais goût. Dans un esprit Tromaville de sa meilleure cuvée (apparition éclair de Lloyd Kaufman !), ce profil pathétique d'un loser sans ambition mais profondément épris d'affection pour son ex dulcinée ne cesse d'osciller les genres avec une décontraction pouvant parfois prêter à confusion.
L'intention caustique du réalisateur étant de nous surprendre et de nous déstabiliser au gré de situations subversives, entre rire grinçant, malaise social et délire sardonique. Le scénario amusant nous élabore une succession d'évènements hilarants et trépidants et accentue son intérêt dans la dimension psychologique du personnage principal. Avec la caractérisation profondément humaine et désespérée d'un quidam paumé, abdiqué par la marginalité de sa femme, Frank décide de s'inventer une nouvelle identité par l'entremise d'un super-héros influencé par les récits de bandes dessinées. Ne détenant pas de facultés surhumaines ou surnaturelles, cet individu au physique peu avantageux décide de se munir d'une clé à molette pour combattre la délinquance des quartiers défavorisés. Mais la mission de "éclair cramoisi" est avant tout destinée à daigner sauver la vie de son épouse, Susan, ancienne toxicomane aujourd'hui reconvertie dans la drogue par l'influence d'un dealer perfide. Avec autorité souveraine et rage vindicative, Frank n'hésite pas à fracasser la tête des délinquants véreux sans une once d'indulgence et devant le témoignage de badauds médusés. Mais bientôt, il est épaulé par une jeune commerçante de 22 ans, responsable d'une boutique de bandes dessinées, utopiste dans l'âme de combattre le crime avec une inconscience suicidaire.
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Les aventures improbables de nos deux paumés s'illustrent aveuglement dans un esprit corrosif de violence grand guignolesque, d'action intrépide et de tragédie existentielle en quête d'amour. Dans la peau du vengeur masqué, Rainn Wilson (Juno) endosse avec une poignante humanité le portrait désespéré d'un quidam esseulé, en quête perpétuelle d'un sens divin à sa condition victimisée. Un être chétif incapable de transcender ses peurs et son inhibition pour faire face à une société individualiste. Son acolyte Libby, interprétée par l'élégance nature d'Ellen Page, offre une prestation indocile irrésistible de naïveté infantile (ne pas rater sa démonstration musclée pour convaincre Frank de son agilité à s'investir d'une mission héroïque). Mais son insouciance irresponsable de se convertir en vengeresse sanguinaire risque d'en calmer plus d'un dans sa fatale destinée noyée d'une vaine utopie. L'excellent Kevin Bacon s'avère exécrable dans celui du dealer orgueilleux délibéré à endoctriner une ancienne junkie incarnée par la ravissante Liv Tyler. Une comédienne qu'on aimerait voir plus souvent à l'affiche tant elle retransmet avec une empathique mélancolie le profil galvaudé d'une épouse éprouvée par l'accoutumance de la drogue.
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Les héros ne portent pas de costard.
Sous couvert d'un divertissement échevelé et décalé, Super illustre surtout le portrait pathétique de deux individus solitaires avides de reconnaissance et d'affection amoureuse dans leur identité feutrée. A grand renfort de péripéties endiablées et prises de risque inconsidérées, leur crise existentielle nous éprouve quelque part et nous émeut dans leur cheminement de perdition, jusqu'à nous invoquer la gêne par le réalisme tranchant de leurs activités borderlines. L'épilogue poignant, renouant avec la quotidienneté de notre (faux) héros, conscient d'avoir converti sans bravoure la vie d'une ancienne idylle, risque d'en chavirer plus d'un !
A réserver à un public averti.

06.12.11
Bruno Matéï
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Ci-dessous, la critique de Luke Mars:
http://darkdeadlydreamer.blogspot.com/2011/12/super-de-james-gunn-2010.html?showComment=1323328317291#c4409509024782582975


3 commentaires:

  1. Critique tout simplement impériale... je viens de le voir et je suis (une fois de plus) totalement d'accord avec toi.
    Je m'attendais pas à ce traitement d'ailleurs, on m'avait vendu SUPER comme un KICK ASS plus couillu, mais le film va beaucoup plus loin dans le réalisme social.Ma critique viendra dans quelques jours, le temps que je digère!

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  2. Merci Luke. Certaines scène m'ont vraiment provoqué un malaise tangible.

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  3. tu dis que je parle pour toi mister bru,mais la,critique imperiale!sté.

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