mardi 22 novembre 2011

BLACKTHORN


de Mateo Gil. 2011. Espagne/France/Bolivie/U.S.A. 1h45. Avec Sam Shepard, Luis Bredow, Nikolaj Coster-Waldau, Padraic Delaney, Fernando Gamarra, Maria Luque, Dominique McElligott.

Sortie en salles en France le 31 Août 2011. U.S: 7 octobre 2011

FILMOGRAPHIE: Mateo Gil est un réalisateur et scénariste espagnol né le 23 septembre 1972 à Las Palmas de Gran Canaria.
1994: Antes del beso (court). Sone que te mataba (court). 1996: Como se hizo 'tesis' (doc). 1998: Allanamiento de morada (court). 1999: Jeu de rôles. 2006: Scary Stories (épisode Spectre). 2008: Dime que yo (court). 2011: Blackthorn.


Pour son second long-métrage, le réalisateur espagnol s'engage dans la voie du western vintage, à situer quelque part entre le cinéma flamboyant de John Ford pour son lyrisme des grands espaces et celui de Sam Peckinpah pour mettre en valeur le mythe du cow-boy vieillissant dépassé par une époque en mutation.
Pour rappeler l'achèvement d'un duo marginal entré dans la légende, le leader Butch Cassidy aurait été tué en 1908 selon certains historiens, alors que d'autres évoquent qu'il serait mort de vieillesse vers 1945 aux Etats-Unis.

Considéré comme mort, le célèbre Butch Cassidy vit des jours paisibles dans une ferme en Bolivie, en compagnie d'une jeune indienne. Prénommé James Blackthorn, il décide de quitter ce pays étranger pour rejoindre sa terre natale et tenter de retrouver un fils qu'il n'a jamais vu. Sur sa route, il rencontre un jeune ingénieur pourchassé par une horde d'espagnols auquel il vient de leur soutirer une forte somme d'argent. Les deux hommes décident de faire équipe pour tenter d'échapper à leurs oppresseurs. 
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En remaniant la conclusion tragique invoquée dans la version de George Roy Hill, Mateo Gil suggère en l'occurrence que Butch Cassidy a réussi à prendre la fuite contre les autorités après avoir mis fin à la vie de son acolyte, le Kid, mortellement blessé par balle. Alors que son amie Etta Place a décidé de le quitter d'un commun accord pour protéger la vie de leur futur bambin, Butch Cassidy décide de se retirer en Bolivie durant 20 ans. Mais son âge vieillissant rattrapé par la nostalgie d'un passé révolu, la quête de retrouver un fils qu'il n'a jamais connu et le désir intrinsèque de retrouver sa contrée natale vont le pousser à revenir vers ses propres racines. Durant son trajet amorcé, les démons du passé vont toutefois le forcer à entamer une dernière chevauchée quand il décide de s'affilier avec un jeune ingénieur. Ce fuyard sournois est en faite pourchassé par des boliviens après leur avoir dérobé l'argent d'une mine pour laquelle il travaillait.


Mateo Gil évoque à travers l'incroyable destin d'un hors la loi notoire, la fin de vie de ce fantôme esseulé, réfugié au fin fond d'une ferme de Bolivie. Dans ses vastes étendues arides et désertées de présence humaine, Butch Cassidy s'interroge sur son passé meurtrier et sa vie de fuyard arrogant.
Après avoir appris la mort de son ancienne compagne atteinte de tuberculose, il décide de partir à la recherche d'un fils qu'il n'a jamais eu l'aubaine de rencontrer. Humanisé par la maturité d'un âge avancé et teinté de remord sur un passé épique confronté à la tragédie, le cow-boy autrefois téméraire et aujourd'hui devenu un quidam fatigué. Un homme solitaire profondément ennuyé d'une existence terne et désanchantée, malgré la compagnie futile d'une jeune indienne compatissante. Sa dernière chevauchée avec un bandit maladroit va finalement le convaincre que la vie qu'il avait mené préalablement ne peut plus renouer avec les prises de risques intrépides et bondissantes perpétrées contre l'ordre et la loi. Après avoir subi cette dernière chevauchée sanglante et déloyale, blackthorn se débarrasse une ultime fois de ses influences meurtrières pour partir vers une contrée paisible mais indécise.

Dans un rôle magnifique d'anti-héros dépassé par une époque fluctuante, Sam Shepard illumine de sa frêle présence un personnage aigri, davantage fragilisé par son humanisme empathique. Sa mélancolie sous-jacente émanant d'un amour éperdu mais renoué avec la grâce présagée d'un enfant va l'entraîner vers une forme de repentance lénifiante.


Dans de superbes décors naturels clairsemés (la poursuite du désert de sel est d'une splendeur immaculée !) et la clarté d'une photographie limpide, Blackthorn est un splendide western intimiste  scrutant sensiblement le profil d'un bandit rongé par la culpabilité. Le talent singulier de Sam Shepard et l'ambiance élégiaque ancrée dans un style documentaire nous confinent vers un western crépusculaire d'une époque obsolète et aux horizons incertaines. 
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Bruno 
22.11.11 

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