lundi 22 août 2011

RESCUE DAWN


de Werner Herzog. 2007. U.S.A. 2h06. Avec Christian Bale, Steve Zahn, Jeremy Davies, Toby Huss, Evan Jones, Galen Yuen, François Chau.

Sortie en salles U.S: 4 Juillet 2007.  France: Juin 2008: le film est sorti directement en DVD et n'a pas été doublé, le distributeur français ayant conservé le doublage francophone canadien.

FILMOGRAPHIE: Werner Herzog, de son vrai nom Werner Stipetic, est un réalisateur, acteur et metteur en scène d'opéra allemand, né le 5 septembre 1942 à Munich, (Allemagne).
1968: Signes de vie, 1970: Les Nains aussi ont commencé petit, 1971: Fata Morgana, 1972: Aguirre, le Colèe de Dieu, 1974: L'Enigme de Kaspar Hauser, 1976: Coeur de Verre, 1977: La Ballade de Bruno, 1979: Nosferatu, fantôme de la nuit, Woyzeck, 1982: Fitzcarraldo, 1984: Le Pays où rêvent les fourmis vertes, 1987: Cobra Verde, 1991: Cerro Torre, le cri de la roche, 1992: Leçons de ténèbres, 2001: Invincible, 2005: The Wild Blue Yonder, 2006: Rescue Dawn, 2009: Bad Lieutenant.

                             

Hommage subjectif d'un puriste amateur d'évasion
Werner Herzog, réalisateur hétéroclite de renom s'est inspiré en 2006 d'un fait divers ayant eu lieu en pleine guerre du Viêt-Nam au cours duquel un pilote américain (d'origine allemande) a réussi à s'échapper de son camp de prisonniers. Inédit en salles dans notre pays hexagonal, le film est directement passé à la trappe du DTV. En 1997, le réalisateur avait déjà entrepris un documentaire sur le sujet, intitulé Little Dieter Needs to Fly.
Envoyé en mission au Laos à bord de son avion durant la guerre du Viêt-nam, le lieutenant Dieter Dengler est abattu en plein vol par l'antagoniste. Ayant survécu au moment du crash, il est fugacement kidnappé par des miliciens pour être embrigader dans un camp de prisonniers. Avec l'aide de deux américains et trois compagnons étrangers, Dieter envisage d'élaborer un plan d'évasion.
                          
Film de guerre flegmatique d'une surprenante sobriété dans son refus de livrer un survival conventionnel tributaire de traditionnelles scènes d'action vigoureuses, Rescue Dawn surprend modestement à livrer une aventure humaine cauchemardesque d'une belle dimension psychologique. Après le kidnapping de l'aviateur Dieter retenu prisonnier dans un camp de miliciens, la première partie nous illustre la dure quotidienneté de son calvaire et les conditions de vie imposées parmi un petit groupe d'autres détenus auquel il décide de s'engager à les convaincre qu'une évasion risquée est concrétisable. Werner Herzog filme le destin de cette poignée de citoyens appréhendés par l'ennemi opiniâtre dans une mise en scène personnelle, à hauteur d'homme puisque dédiée à l'intimité de survivants en phase de déclin. D'ailleurs, les quelques scènes de torture qui interviennent au début du récit se révèlent plutôt suggérées, refutant une quelconque brutalité spectaculaire, habilement détournées ici par la dimension psychologique de celui qui subi les violences physiques punitives. En prime, le réalisateur accorde beaucoup d'importance à l'immensité de la nature environnante, sauvage et hostile, exacerbée par les teintes naturalistes et pastels d'une jolie photographie et auquel les animaux et insectes évoluent instinctivement dans leur milieu écologique. Des images limpides d'une poésie prude que n'aurait pas renié Terrence Malick et qui accorde une forme d'originalité à ce type de récit viril potentiellement frénétique. Après les conditions de vie drastique illustrées sans complaisance envers les victimes, les préparatifs minutieux de l'évasion sont enfin dévoilées par un leader loyal et enthousiaste motivé par son instinct optimiste plein d'aplomb. Réserves précaires de nourriture et outils façonnés de manière artisanale sont concoctés par nos rebelles, alors qu'un conflit d'autorité semble se confirmer envers deux d'entre eux. Dans ces nombreuses prises de risque compromises envers nos personnages anxieux de leur quête libertaire, un savant suspense lattent est efficacement distillé au fur et à mesure de la progression de leurs enjeux capitaux. 
                         
La seconde partie plus intense et décisive nous entraîne en interne de cette vaste nature auquel notre groupe de survivants va tenter de s'y extraire pour renouer avec leur autonomie rédemptrice. C'est en particulier l'imparable Dieter Dengler et son complice au bord de l'épuisement et de la folie qui vont devoir faire preuve de subterfuge et bravoure physique pour ne pas se laisser appréhender par l'ennemi invisible. Là aussi, une tempérance au niveau de l'action intrépide est privilégiée dans l'itinéraire extrême envisagé parmi ses 2 hommes au bord du marasme, sans que la tension ne vienne s'amoindrir. A contrario, on sera surpris par une séquence choc, sauvage et cruelle intervenant de manière totalement aléatoire à un des protagonistes planqué aux abords d'un village vietnamien. Quand à l'épilogue salvateur et poignant, il réserve un joli moment d'émotion largement assigné par l'excellent Christian Bale.
Un acteur livrant une fois de plus une prestance probante d'une riche intensité dans sa quête affirmée de retrouver au plus vite une liberté inespérée. Un personnage héroïque jamais caricatural, privilégié par son profil chevronné engagé dans la dignité humaine, ne cherchant jamais à se montrer plus finaud ou adroit que son voisin.  inflexible, docilement autoritaire, téméraire, d'un courage et d'une loyauté pleine d'humilité, l'acteur renouvelle son talent inné à s'approprier d'un nouveau rôle majeur. Ce qui va aussi daigner d'enrichir la narration à gagner en véracité et acuité émotionnelle.
                             
Leçon de courage et de survie, Rescue Dawn est un captivant survival sortant des sentiers battus pour contourner habilement les conventions habituelles du genre avec retenue et discrétion. Le soin apporté à la mise en scène octroyée à ces personnages d'une belle profondeur humaine, la beauté dantesque des décors grandioses dans lequel ils évoluent et la densité de leur récit âpre et désespéré acheminent à un très beau témoignage héroïque injustement passé inaperçu.
22.08.11. 
Bruno Matéï. 
                                        

3 commentaires:

  1. Je vais le prendre je pense.Bizarre qu'il soit pas passé par la case grand écran??? Mais que font les distributeurs!

    RépondreSupprimer
  2. Ce film est pas mal du tout.
    C'est toujours un régal de suivre la caméra de Werner Herzog nous emmené faire un tour dans la nature.
    C'est une baffe de mise en scène, mais à coté de cela
    j'ai trouvé la prestation de Christian Bale en dessous de ce qu'il est capable de faire en Général.
    La faute aux seconds couteaux que j'ai trouvé assez platoniques, du coup les efforts de Bale sont vains et
    il se retrouve seul à cabotiner dans une prison où il ne se passe pas grand chose au final.
    Le choix du casting est discutable et manque de cohérences et de profondeurs dans les textes à mon avis .

    Il manque une tension , un climax beaucoup plus noir
    que n'aurait surement pas manqué de donner Klaus Kinski dans ce genre de film.

    Il faut néanmoins se rendre à l'évidence qu'après le visionage de ce film, cela reste un survival de qualité
    qui bénéficie d'une qualité photo incroyable et des scènes incroyables ( le crash de l'avion par exemple).

    Un super film trop méconnu de toute façon

    RépondreSupprimer
  3. Oui, la caméra de Herzog se fond littéralement dans la nature et nous avec... On pense souvent à Aguire, la colère de dieu.
    Du tout bon et par contre, je ne me pose plus du tout la question de savoir pourquoi les distributeurs ont zappé ce petit chef d'oeuvre...
    Remettez des cinéphiles à la place des financiers chez les distributeurs, et nous pourrons surement profiter pleinement sur grand écran de tous ces films sacrifiés sur l'autel du fric.

    RépondreSupprimer