lundi 25 juillet 2011

LE SANG DES TEMPLIERS (Ironclad)


de Jonathan English. 2011. Angleterre/U.S.A/Allemagne. 2h01. Avec James Purefoy, Brian Cox, Derek Jacobi, Kate Mara, Paul Giamatti, Charles Dance, Mackenzie Crook…
Sortie en salles France le 20 Juillet 2011. U.S.A le 26 Juillet 2011.

FILMOGRAPHIE: Jonathan English est un réalisateur, scénariste et producteur anglais.
2002: Nailing Vienna. 2006: Minotaur. 2011: Le Sang des Templiers

                                         

Basé sur de véritables faits historiques, Jonathan English nous narre pour son troisième long-métrage la révolte des barons anglais contre le roi Jean sans Terre, héroïquement retranchés dans son château afin de repousser les belligérants toujours plus nombreux. En 1215, le roi d'Angleterre, Jean sans Terre est contraint de signer la Magna Carta, une charte libertaire rédigée en faveur du peuple. Sévèrement dépité, celui-ci va revenir sur sa décision et tenter de reprendre ses terres et sa souveraineté avec la collaboration de mercenaires. Sur le point d'atteindre Londres, un obstacle de taille l'empêche de subvenir à ses ambitions égotistes. Son propre château de Rochester est occupé par le baron Albany ainsi qu'une poignée d'insurgés gouvernés par le chevalier templier. La bataille sera rude et sans répit !

                                              

A feu et à sang ! C'est ce que l'on retient de prime abord après avoir assisté à ce spectacle de série B d'une barbarie inouïe ! En narrant un fait divers du 13è siècle auquel une poignée de barons anglais affiliés à des rebelles volontaires tenirent tête à toute une armée de mercenaires, Le Sang des Templiers demeure une agréable surprise. Si le film, humble dans ses intentions historiques, est très loin d'égaler les grands classiques tels Braveheart, le Dernier des Mohicans ou Rob Roy, et qu'il manque une certaine densité dramatique chez le jeu modeste des interprètes, la manière dont Jonathan English nous retranscrit l'époque moyenâgeuse privilégie un crédit d'authenticité qui fait plaisir à voir. Epaulé d'une photographie désaturée, les décors naturels et surtout les monuments historiques disloqués par la violence des combats sont mis en valeur dans une facture insalubre auquel le sang et la poussière se fondent au milieu du fracas des armes. Les uniformes impurs des guerriers intrépides et leurs lourdes armures maculés de sang participent à l'esthétisme rugueux de la mise en scène régie en plein coeur des combats. La force et l'intérêt de l'intrigue émanent des enjeux dramatiques octroyés aux deux clans pour la préservation du château et de leur liberté prescrite par la Magna Carta. Les nombreuses séquences d'action qui émaillent le récit sont au service de l'histoire, à l'inverse de surenchérir comme de coutume.

                                            

De surcroît, ses scènes guerrières très spectaculaires, nerveuses mais lisibles, se révèlent d'une violence cinglante, parfois même malsaine. Un degré de sauvagerie rarement atteint dans le genre médiéval. Ses péripéties ultra sanglantes se permettent donc d'abondantes giclées de sang quant aux plaies entaillées, tranchages de membres (dont une langue sectionnée façon La Marque du Diable !), décapitation, viscères étripées et même un corps coupé dans le sens de la longueur (remember Amazonia de Deodato en effet inversé !). Le tout superbement réalisé sans jamais céder à la débauche gratuite et à contrario du sympathique Centurion de Neil Marshall, la présence des CGI ne nuit jamais à la crédibilité des scènes gores exposées. C'est donc ce cachet authentique, son réalisme acéré et la vigueur psychologique de sa narration transcendant l'honneur des preux guerriers qui rendent Le Sang des Templiers à la fois accessible, ludique, et enthousiasmant. Une série B symbolisant avec humilité un bel hommage à cette poignée de militants anglais qui auront réussi à tenir tête à l'antagoniste au péril de leur vie et pour le sens du sacrifice !

                                         

En tant que série B confectionnée sans prétention, Le Sang des Templiers est une bonne surprise pour l'amateur chevronné d'épopée épique et barbare. Hormis une interprétation dépouillée qui aurait gagné à être plus ambitieuse et étoffée, ce spectacle très sanglant prend son sujet au premier degré, sans fioriture, avec les moyens techniques adéquats mis à disposition. Sans être follement passionnant et intense, le rythme soutenu et le réalisme cru qui ressort de cette oeuvre immersive fait plaisir à voir.

25.07.11
Bruno Matéï.

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