mercredi 22 juin 2011

TWO EYES STARING (Zwart water). Grand Prix du Meilleur Film, Fantasporto 2011.

                    
de Elbert van Strien. 2010. Hollande. 1h52. Avec Barry Atsma, Hadewych Minis, Isabelle Stokkel, Bart Slegers.
Sortie en Hollande le 11 Mars 2010.  Sortie Dtv en France le 21 Juin 2011.

FILMOGRAPHIE: Elbert van Strien est un réalisateur, scénariste et producteur Hollandais né en 1964.
1999: Het Spaanse paard (télé-film), Novellen: Jan Willem Goes Bijlmer (télé-film).
2010: Two Eyes Staring.

                          

Après avoir travaillé pour la télévision et la publicité et reçu quelques récompenses avec quelques uns de ses courts-métrages, le réalisateur hollandais Elbert Van Strien s'entreprend en 2010 à élaborer un premier long-métrage avec Tow Eyes Staring. Un hommage implicite au cinéma d'épouvante intimiste des années vintage fustigeant l'enfance diabolisée.

Un couple et leur fille, Lisa, emmenagent dans une ancienne demeure en guise d'héritage. C'est suite au décès de la mère de Christine avec qui elle avait rompu les liens de parenté que la famille décide de quitter la Hollande pour venir s'installer dans cette bâtisse en Belgique. Rapidement, la petite Lisa voit apparaître le fantôme d'une fillette exsangue, Karen. Celle-ci prétend qu'elle était la soeur jumelle de Christine !

                          

Débouté de pouvoir être traditionnellement exploité dans nos salles hexagonales de cinéma, ce petit film hollandais mérite pourtant que l'on s'y attarde tant il aborde le thème fantastique sous son aspect le plus mature et judicieux.
Cette sombre histoire de fantôme joliment photographiée en nuance désaturée pour alterner les teintes pastels, verdâtres et limpides, réussit sobrement à semer le trouble et l'inquiétude. De prime abord, nous sommes rapidement convaincus que le fantôme errant venu perturber la douce existence de la petite Lisa (épatante Isabelle Stokkel dans son physique vertueux hermétique) n'est autre que le cadavre récalcitrant de la soeur jumelle de Christine, morte dans des conditions mystérieuses durant sa plus tendre enfance. Alors que le mari, Paul, va commencer à suspecter sa femme quand il souhaite aborder le sujet de l'existence de cette potentielle soeur jumelle du nom de Karen. Discrète et taciturne, cette aimable mère semble cacher un secret inavouable alors qu'un spectre infantile va peu à peu dévoiler divers indices à la fille de celle-ci.
Mais le comportement de Lisa ébranlée par ses cauchemars cinglants et morbides semble de plus en plus équivoque dans ses accès indociles à daigner offenser sa propre mère. Dès lors, le climat ombrageux laisse place à une atmosphère plus pernicieuse et le spectateur semble quelque peu rebuté du changement psychologique d'une Lisa tourmentée. Est-elle psychologiquement perturbée ou possédée par l'entité revancharde de Karen ? A moins d'être simplement influencée par la hantise insondable d'une lugubre demeure renfermant un lourd secret ?
C'est à partir d'un évènement dramatique que l'histoire auquel nous étions entrain d'assister va brusquement virer de ton pour nous orienter vers un drame centré sur le profil psychologique d'une union parentale. ATTENTION POILER !!! La jeune Lisa ne serait alors que l'incarnation d'une rancoeur refoulée, faute d'une mère complexée et que cette filiation parentale serait malencontreusement responsable de ce nouveau déclin dans une subconscience aliénée, extériorisée. FIN DU SPOILER.

                         

C'est ce final exutoire surprenant et aléatoire dans son coup de théâtre infligé qui permet de rehausser admirablement une intrigue beaucoup plus substantielle dans les rapports familiaux fustigés qu'à une simple histoire classique de fantôme revanchard auquel nous étions embarqués.

Mis en scène avec soin et une sincérité perceptible, Two Eyes Staring est un premier essai fantastique étonnant dans sa structure narrative constamment inquiétante. L'ambiance mystérieuse qui en découle et son intrigue beaucoup plus finaude qu'elle n'y parait débouche finalement sur un drame psychologique impondérable auquel un second visionnage serait profitable pour en saisir toute l'essence psychique. L'interprétation crédible des comédiens au physique inhabituel (Hadewych Minis et Isabelle Stokkel sont réellement troublantes dans leur visage diaphane) et la beauté poétique de ces images épurées favorisent fructueusement son sentiment sous-jacent de mystère pesant.
A découvrir.

22.06.11.
Bruno Matéi.
                           

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