jeudi 23 juin 2011

MAD DOG MORGAN (Morgan, le chien fou)


de Philippe Mora. 1976. Australie. 1h42. Avec Dennis Hopper, Jack Thompson, David Gulpilil, Frank Thring, Michael Pate, Wallas Eaton, Bill Hunter, John Hargreaves, Martin Harris, Robin Ramsay.

Sortie Salles US: 22 Septembre 1976.

FILMOGRAPHIE: Philippe Mora est un réalisateur, scénariste et producteur français né à Paris en 1949.
1969: Trouble in Molopolis. 1976: Mad Dog Morgan, 1982: Les Entrailles de l'Enfer, 1984: The Return of Captain Invincible, Une Race à part, 1985: Hurlements 2, 1986: Death of a soldier, 1987: Hurlements 3, 1989: Communion, 1994: Art deco detective, 1996: Precious Find, 1997: Pterodactyl Woman from Beverlly Hills, 1997: Snide and Prejudice, Back in Business, 1998: Joseph's Gift, 1999: Mercenary 2: Thick and thin (télé-film), 2001: Burnong Down the House.

                           

Hommage subjectif d'un puriste amateur.
Touche à tout indécrottable et spécialiste de nanars impayables, l'excentrique Philippe Mora réalise en 1976 un western bis hors du commun, habité par l'interprétation survolté du grand Dennis Hooper (en pleine apogée de toxicologie !). Ce récit romancé, adapté d'une histoire de Margaret Carnegie, est tiré de l'évocation du véritable hors la loi, John Fuller, alias Daniel Morgan (1830 - 9 avril 1865).

Dans l'Australie des années 1860, un irlandais du nom de Daniel Morgan se retrouve emprisonné pour une peine de 12 ans après avoir simplement volé des vêtements à un groupe de paysans. Six ans plus tard, il est libéré pour bonne conduite. A peine renvoyé dans la nature, l'irlandais revanchard se lie d'amitié avec un aborigène et décide d'ériger sa propre loi en rançonnant les riches propriétaires et récompenser quelques honnêtes citoyens. Les états policiers de Victoria et de New South Wales sont lancés à sa trousse afin de l'appréhender mort ou vif.

                            

Mais quelle mouche a donc piqué le metteur en scène Philippe Mora, au prémices d'une carrière fluctuante, pour réaliser ce western complètement cinglé ?
Ce destin halluciné d'un hors la loi irlandais émigré en pays australien ne ressemble à aucun autre contestataire légendaire dans l'ambition éhontée de se rebeller violemment contre l'autorité. C'est le portrait d'un homme excentrique constamment antinomique dans sa gestion d'une survie rendue marginale par la faute inéquitable d'une justice conservatrice. D'ailleurs, on peut déceler en sous texte social le thème de l'intolérance de cette autorité expéditive, totalitaire et immorale dans ses exactions hautaines. Et aussi témoigner en prime de quelle manière Daniel Morgan sera exécuté pour être ensuite décapité afin de subvenir aux recherches physiologiques des sciences humaines. Ce traitement final toléré à ce défunt qui aura terrorisé toute une population aura comme commémoration un masque mortuaire en guise de trophée célébré !
Dans un montage parfois épileptique et anarchique, Mad Dog Morgan est l'histoire de cet homme lambda plein de bonne volonté mais qui va devoir peu à peu s'accoutumer à survivre dans un monde barbare qui ne lui ressemblait pas. Preuve en est avec ce prélude percutant auquel une bande de miliciens xénophobes vont décimer un village d'immigrés après que Daniel Morgan ait porté assistance à un paysan asiatique brimé par un bandit orgueilleux. Plus tard, après avoir uniquement volé les vêtements d'un groupe de chercheurs d'or, il sera emprisonné, torturé et violé dans un pénitencier de haute sécurité. C'est après six années de bonne conduite qu'il retrouve enfin sa liberté promise pour faire la rencontre pacifique d'un aborigène vivant reclus dans la nature sauvage. Épaulé par ce compagnon, il décide de se transformer en justicier tolérant pour provoquer les riches propriétaires peu scrupuleux. Mais son addiction à l'alcool et sa colère d'avoir été injustement vilipendé par les autorités va l'entraîner dans une forme schizophrène de comportement fortuit erratique, lunatique et démotivé.

                         

Dans le rôle atypique de ce bandit extravagant et pittoresque, l'incroyable Dennis Hooper livre une fois de plus une des ses interprétations incongrues dont il a le secret ! Sa prestance innée de personnage échevelé en demi-teinte, capable d'exécuter sans sommation un quidam prétentieux et l'instant d'après laisser la vie sauve à une famille bourgeoise crève l'écran de la première à la dernière seconde. Totalement investi avec sa gouaille intrépide alcoolisée et d'un accoutrement vestimentaire à la morphologie de rabbin effronté, il porte sur ses frêles épaules sa destinée sarcastique avec une foi démesurée incontrôlable.

Mis en scène de manière totalement subversive et décomplexée, Mad Dog Morgan est un western insolite décalé venu de nulle part ! Un véritable ovni à mi chemin entre la bisserie saugrenue assumée et la parabole sur l'absurdité existentielle dans le tableau vaniteux d'une bourgeoisie colonisatrice.
En résulte un bordel insensé conjuguant humour nerveux, violence frénétique, sens de l'absurde et désenchantement d'une époque tyrannique. Le tout scandé par le ton funèbre d'une partition musicale emphatique et d'un acteur génialement fêlé ascendant ce western ironique au rang de film culte invisible !

                          

LA VERITABLE HISTOIRE DE DANIEL MORGAN.
John Fuller, alias Daniel Morgan (1830 -  9 avril 1865) était un bushranger (hors-la-loi) australien.
Il est né à Appin en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie, vers 1830 de George Fuller et Mary Owen. De l'âge de 2 à 17 ans, il vécut avec un père adoptif, John Roberts. Il commença à travailler comme éleveur, mais se lassa rapidement de ce travail et se dirigea vers les champs aurifères de Castlemaine au Victoria. En 1854, il était de retour en Nouvelle-Galles du Sud où il prit le pseudonyme de «John Smith» et devint probablement voleur de chevaux. Il était aussi connu pour sa forte consommation d'alcool et son tempérament violent. Il fut arrêté pour vol à main armée et condamné à 12 ans de prison, mais remis en liberté au bout de 6 ans seulement.
Après sa libération, il commença à mener une vie de bushranger, utilisant des pseudonymes tels que "John Smith", "Sydney Native", "Dan the Breaker", "Down the River Jack", "Jack Morgan", et le plus célèbre, "Dan Morgan ». Toutefois, il n'a jamais été connu comme "Mad Dog Morgan" ("Morgan, le chien fou") de son vivant. Ce surnom a été inventé par les scénaristes du film Mad Dog Morgan.
Dan Morgan sévit dans les régions de Henty, Culcairn, Morven et Tumbarumba pendant plusieurs années.
Le 8 avril 1865, Dan Morgan, séquestra la famille McPherson dans sa propriété de Peechalba au Victoria. Une servante, Alice Keenan, réussit à s'échapper et à informer M. Rutherford, le co-propriétaire de la propriété. Le lendemain matin, Dan Morgan quittait la propriété quand il se trouva encerclé par la police. Il fut abattu dans le dos par un employé de la ferme, John Wendlan. Il est enterré au cimetière de Wangaratta.

23.06.11
Bruno Matéï.

2 commentaires:

  1. Tout à fait, j'ai vu ce film récemment,Dennis Hopper est magnifique ,à voir en annexe le docu 'not quite Hollywood'où les principaux protagonistes parlent du tournage chaotique du film.Mais qu'est il arrivé ensuite à Philippe Mora?Hurlements 2 & 3,mystère!

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  2. Ce film est injustement oublié des éditeurs comme tant d'autres, une scène de deux secondes d'une balle en pleine tête rappelant certaines crudités des gialos italiens ?
    La seule raison? ce n'est pas impossible, hélas.
    Certes, ce film n'est pas exempt de défauts, comme le montage un peu rapide par moment , l'on aimerait que certaines scènes soient plus exploitées, mais alors que dire de la photographie qui est vraiment superbe dans un décor magnifique.
    Le fond du sujet est exploité au maximum dans la chronologie de son époque et c'est en cela que tout le pittoresque d'un western prend sa dimension totale dans l'Australie naissante.
    Le réalisateur à finement joué sa carte sur ce coup là , et cela se sent sur toute la bobine.L'écriture est peaufinée à souhait , mais l'argent manque crûment pour pouvoir en toute sérénité tourné ce film en deux heures, voir plus.
    Quels regrets de ne pouvoir le voir en blu-ray .
    Alors , encore merci aux cinéphiles français passionnés dont j'ai pu voir ce film en repack sur des sites amis.
    Et à bruno Mateï pour nous parler de petites perles comme celles là.

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