lundi 20 juin 2011

LE RICHE ET LE PAUVRE (Rich Man, Poor Man)


de David Greene, Bill Bixby et Boris Sagal. 1976. 12 épisodes de 46 mns. Avec Peter Strauss, Nick Nolte, Susan Blakely, Edward Asner, Dorothy McGuire, Ray Milland, Kim Darby, Talia Shire, Robert Reed, Bill Bixby, Gloria Grahame, Murray Hamilton, Van Johnson, Dorothy Malone, Kay Lenz, Norman Fell, William Smith

Diffusion TV Usa du 1 février au 15 Mars 1976.
Diffusion TV France le 10 Septembre 1977 sur TF1.

RECOMPENSES: 
Emmy Awards 1976 : Meilleure musique, Meilleure réalisation (David Greene pour l'épisode 8), Meilleur acteur dans une série dramatique (Edward Asner), Meilleure actrice dans un second rôle (Fionnula Flanagan) 
Golden Globes 1976 : 
Golden Globe de la meilleure série télévisée dramatique 
Golden Globe de la meilleure actrice dans une série télévisée dramatique pour Susan Blakely 
Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle dans une série, une minisérie ou un téléfilm pour Edward Asner 
Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle dans une série, une minisérie ou un téléfilm pour Josette Banzet


                           

Hommage subjectif d'un puriste amateur.
Série mythique diffusée en France à partir du 10 septembre 1977 sur la chaine TF1, le Riche et le Pauvre aura marqué toute une génération de cinéphiles proprement bouleversés du destin familial délétère de deux rivaux antinomiques. Celui d'un duo de frères téméraires tour à tour bafoués et stigmatisés par un destin damné, avant de déboucher sur leur réconciliation salvatrice. Deux êtres frêles au caractère distinct débordants de rage de vivre dans la suprématie professionnelle, la réussite sociale et l'union conjugale.

C'est l'évocation de la famille Jordache qui nous est narrée sur 20 ans d'existence, de la fin de la seconde guerre mondiale jusqu'aux prémices des années 60. Deux frère issus d'un milieu familial précaire vont tenter de survivre et réussir leur vie professionnelle. L'un, Rudy, est un étudiant studieux et érudit, l'autre, Tom, est un marginal malchanceux accumulant les larcins, faute d'un père violent et irascible, incapable de gérer leur éducation commune. Suite à un grave incident volontairement perpétré par le fils rebelle, celui-ci est expulsé du cocon familial pour être provisoirement logé chez son oncle. Mais un autre évènement fortuit ne va pas tarder à chambouler la nouvelle vie de cet adolescent déprécié. 

                     

Soigneusement reconstitué sur trois décennies en ascension industrielle et politique  et accrédité par une mise en scène assidue entièrement vouée à l'étude psychologique de ses personnages meurtris, Le Riche et le Pauvre est une ambitieuse saga pleine de drames, trahisons, déceptions et chantages par l'abus de pouvoir galvaudé et la réprimande des amours contrariés éperdues. 
D'après le roman d'Irwin Shaw, ce célèbre feuilleton continuellement captivant doit tout à son scénario compact dépeignant avec intelligence et refus de pathos la quête du pouvoir pour une réussite sociale avide d'ambition extravagante. Mais cette véhémente ascension avilie par l'égoïsme de la cupidité découle d'un revers de médaille irréversible, alors que les romances présagées seront insolubles à se cristalliser. Avec la complicité de comédiens tous remarquables de sobriété et éludés d'une quelconque outrance puérile dans les sentiments extériorisés, cette saga foisonnante nous entraîne dans un florilège d'évènements en demi-teinte, convoitant le drame familial aux espoirs optimisés avant de finalement sombrer dans une opaque tragédie inéquitable.

Alors que l'un des frères, Rudy, va réussir à fonder un véritable empire dans le domaine des affaires politiques par la perspicacité de son esprit érudit, il perdra en retour ce qu'il s'était juré de convoiter et protéger auprès d'une idylle escomptée depuis son adolescence.
Tandis que l'autre, Tom, délinquant au grand coeur sur qui la malchance semble inévitablement s'acharner sur ses robustes épaules, celui-ci va peu à peu réussir à redresser sa situation précaire, évoluer pacifiquement et retrouver l'amour exutoire d'une vie idéalisée avant de subir à nouveau une ultime estocade tendancieuse. Le riche et le pauvre vont alors fusionner et s'inverser les rôles communément attribués pour démontrer de façon lucide que l'amour reste la valeur la plus fructueuse et salvatrice face à l'avenir variable d'une existence fluctuante.

                                      

Nick Nolte crève l'écran dans la composition charismatique du pauvre Tom Jordache, jeune marginal reconverti dans la boxe professionnelle après avoir sombrer dans la délinquance et qu'il ait été expulsé de son domicile familial. Par la cause fatale d'un père violent incapable d'éprouver un amour paternel reconnaissant, plutôt rassuré à affirmer sa confiance et l'attention nécessaire envers son premier fils studieux beaucoup mieux présentable et docile. Le trop rare Peter Strauss accorde autant de crédit dans celui de Rudy, étudiant ambitieux délibéré à se vouer corps et âme pour réussir sa vie professionnelle. Un jeu en demi-teinte particulièrement empathique dans sa quête inlassable de conquérir la jeune Julie auquel il est depuis son adolescence profondément amoureux avant de renouer équitablement avec son frère dénigré. Mais sa persévérance dans le milieu de la politique va le contraindre à oublier sa promesse de chérir cette idylle tant escomptée tandis que Tom va peu à peu lui accorder sa pleine confiance légitime. La ravissante Susan Blackely (récompensée d'un golden globe) endosse le personnage chétif de Julie Prescott et inonde l'écran de son charme docile, son élégance ténue sombrant malencontreusement dans une lamentation déchue. Une jeune femme talentueuse et douée pour la profession du journalisme et de la photographie. Mais une épouse rongée par le remord et la contrition, faute d'avoir vécu une vie conjugale anarchique, dénuée d'amour et d'attention par la cause d'un mari volage et de son jeune fils sous influence paternelle, Bill. C'est dans les bras du célèbre Rudy, en liste pour une candidature politique qu'elle va malgré tout tenter de renouer avec un espoir dubitatif dans l'union du mariage, avant de sombrer dans l'alcoolisme et la solitude dépressive. Aucun spectateur de l'époque n'a pu oublier la performance de William Smith dans le rôle du borgne Falconetti. Antagoniste perfide sans aucune vergogne inscrit dans l'immoralité, la lâcheté, la mesquinerie et la xénophobie. L'affrontement psychologique et physique octroyé au jeune Tom Jordache donne lieu à deux intenses altercations redoutées avant son tragique point d'orgue culminant vers une ignoble haine vindicative et meurtrière. Tous les autres illustres interprètes Bill Bixby, Ray Milland, Talia Shire, Dorothy McGuire, Edward Asner et Kim Darby accordent une prestance frugale jamais négligeable car entièrement allouée au service de l'histoire riche en conflits humains dépités.

                         

Près de 40 ans après sa sortie, le Riche et le Pauvre n'a rien perdu de sa puissance émotionnelle et aura su transcender les altérations du temps pour rester une série phare sempiternelle. Hormis un score musical quelque peu désuet mais non dénué de charme suranné, la richesse de son scénario dense et substantiel, admirablement construit, et le remarquable niveau d'interprétation de talents réunis témoignent d'une notable réussite télévisuelle à l'intensité dramatique cinglante (à titre d'exemples, on est loin des dérives lacrymales et coups de théâtre improbables de Dallas ou Dynastie).
Pour conclure, il est impossible d'évoquer son audacieux final inopinément tragique (l'incarnation du Mal en sort victorieuse !) qui aura durablement bouleverser des millions de télespectateurs abasourdis d'un revirement aussi nihiliste. En outre, il immortalise le portrait licencieux d'un des plus crapuleux antagonistes que la télévision nous ait été donnée d'assister : Falconetti !

20.06.11
Bruno Matéï.

2 commentaires:

  1. merci de m'avoir rappeler des souvenirs enfouis, les annees 70 sont de merveilleuses années culturels, surtout aux usa, series, films cultes,.. Bien meilleur que les années 2000 qui sont a la trainent, coince et superficielle.

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  2. Attention Anonyme, ma critique est complètement "brouillon", je suis seulement entrain d'y travailler véritablement. Je te recommande de la relire demain matin, elle sera toute autre. Merci l'ami !

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