mercredi 13 avril 2011

SCREAM. Grand Prix à Gérardmer 1997.


de Wes Craven. 1996. U.S.A. 1H50. Avec Neve Campbell, Vourteney Cox, David Arquette, Skeet Ulrich, Matthew Lillard, Rose McGowan, Jamie Kennedy, Drew Barrymore.
Sortie en salles en France le 16 Juillet 1997, U.S.A le 20 Décembre 1996.

Budget de production (Estimation) : 14 000 000 $
Nombre d'entrées en France : 2 207 347
Recettes USA : 103 046 663 $
Recettes mondiales : 173 046 663 $

FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "Wes" Craven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio.
1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997: Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.

                                     

Scream est le fruit d'une association entre le jeune scénariste Kevin Williamson et Wes Craven, afin de renouveler la mode du slasher enterré depuis la fin des années 80. C'est l'influence du film Serial Mother de John Waters qui donne l'envie au cinéaste de mélanger cette forme d'auto dérision avec l'horreur des situations. A Woodsboro, une petite ville des Etats-Unis, le corps d'un couple est retrouvé atrocement mutilé dans le jardin d'une demeure familiale ! La police et les journalistes sont à l'affût du moindre indice alors que la jeune lycéenne Sidney Prescott semble être la prochaine cible du tueur masqué. Auréolé du Grand Prix du festival de Gérardmer à sa sortie et d'un énorme succès international,  Scream s'édifie en hommage psychanalytique, un baroud d'honneur au slasher movie initié par Mario Bava, Bob Clark et surtout John Carpenter. Dès le prélude percutant de cruauté et d'intensité dramatique, Wes Craven se joue de notre culture pour le cinéma horrifique et ces codes balisés. Alors qu'une jeune demoiselle est entrain de préparer du pop-corn chez ses parents absents, le téléphone se met à sonner ! Un entretien téléphonique va alors s'échanger avec un mystérieux interlocuteur ironisant sur le plaisir ludique que les adolescents éprouvent durant la projection d'un film d'horreur. Rapidement, la situation va prendre une tournure beaucoup plus hostile suite aux menaces formulées par ce potentiel tueur signalant à sa future victime qu'il a kidnappé son petit ami dans le jardin de la demeure. Un quizz cinématographique lui est alors soumis si elle souhaite retrouver son ami sain et sauf ! Par la faute d'une mauvaise réponse à une question piège (qui est le tueur de vendredi 13 ? Jason répondra t'elle instinctivement alors qu'il s'agit de Mme Vorhes dans le premier volet), la mise à mort de l'héroïne va être illustrée de façon tragique et sans concession par le tueur affublé d'un masque grimaçant après leur poursuite à travers la maison jusqu'au jardin. C'est alors que les parents rentrent tranquillement à leur domicile pour apercevoir leur fille à l'agonie, rampant sur le sol du jardin pour succomber de ses blessures. Il s'agit ici sans aucun doute du moment le plus poignant du film dans l'intensité dramatique du meurtre illustré de manière plutôt abrupte.

                                   

Après cet interlude éprouvant dans sa retorse perversité à se jouer des poncifs (comme le fait que notre tueur trébuchera maladroitement à chaque tentative d'appréhender la victime), nous faisons connaissance avec une autre lycéenne, Sidney Prescott, lycéenne quelque peu réservée et craintive depuis l'assassinat de sa mère perpétré un an plus tôt. Un jeune garçon suspicieux à l'allure de dragueur chevronné est épris d'attirance pour l'étudiante jusqu'à oser pénétré par la fenêtre de sa chambre et tenter de lui faire perdre sa virginité. C'est autour de cette nouvelle héroïne vierge et docile que l'intrigue va se recentrer pour aboutir au final à un jeu de massacre référentiel sur notre rapport à l'image et au pouvoir de la fiction au cinéma. Cette réflexion passionnante trouve son apothéose lors de cette séquence illustrant nos jeunes gamins réunis pour une soirée festive autour du film Halloween. C'est là que l'un d'eux va rappeler à l'ordre les règles élémentaires du cinéma d'horreur afin de pouvoir rester en vie. En gros, s'abstenir de boire de l'alcool, prendre de la drogue et pratiquer le sexe. Au moment convenu mais réinterprété avec ironie dans ce jeu de référence avec l'horreur, le véritable tueur se trouve être en interne de la maison pour commettre ses ultimes méfaits et terrifier son nouveau public (nous, spectateurs !). Mais de l'extérieur de la bâtisse, une équipe de journalistes ayant réussi auparavant à infiltrer une caméra de surveillance dans la demeure va aussi observer par leur écran cathodique tout ce qu'il s'y passe en direct, sauf qu'un décalage de 30 secondes leur est imposé. Dès lors, la séquence visionnée par l'intermédiaire de leur écran qui voit le tueur commettre en direct ses véritables méfaits aura un temps de retard pour ceux qui la regarde. D'où cette confusion de la réalité du point de vue des journalistes quand bien même le meurtrier est déjà à l'extérieur de la maison pour passer à l'acte. Cette démultiplication d'évènements fictifs et réels vus à travers l'écran cathodique se juxtapose ici pour tenter d'analyser notre rapport viscéral et affectif à l'image, notre comportement émotif et notre façon de réagir face à la chimère du cinéaste. Sur ce point, un exemple est éloquent lorsque l'un des journalistes va s'affoler devant sa TV en criant à la potentielle victime : Attention ! le tueur est derrière toi !!! Comme s'il était entrain de visionner une fiction basée sur la peur "ludique" quand bien même le tueur se trouve justement derrière lui pour se préparer à l'égorger ! SPOILER !!! Le final très violent continuera sur cette lancée lorsque nos protagonistes vont opposer l'illusion et leur réalité dans un contexte de jeu improvisé du "film dans le film" afin de suggérer la fin de leur scénario plausible mais aussi attribuer une raison équitable aux motivations des tueurs. En conclusion, Wes Craven pose un regard incisif sur les poncifs du slasher mais aussi sur l'influence de la violence au cinéma. C'est ce qu'il démontre avec l'alibi des assassins se poignardant mutuellement "selon les poncifs du cinéma d'horreur", et s'avouant que la violence au 7è art est uniquement créative pour leurs exactions sans mobile. Fin du SPOILER.

                                  

The last slasher movie
Témoignant d'une efficacité implacable (surtout dans sa seconde partie), bourré de clins d'oeil et de sarcasme, interprété par une pléiade de comédiens complices épatant de verve, Scream peut-être considéré comme l'un des derniers fleurons du slasher. Il se joue autant de l'humour clin d'oeil avec ces multiples références (comme le nom de chaque acteur associé aux héros mythiques du cinéma d'horreur) que des stéréotypes habilement réinventés pour mettre en exergue une satire acerbe mais respectueuse du genre (le film ne se moque jamais du genre horrifique contrairement à la série putassière des Scary Movie).Wes Craven nous sensibilisant également sur le sujet brûlant de la violence au cinéma et sur l'influence qu'elle peut engendrer chez certains esprits fragiles, sur la manière dont elle est perçue et digérée (voir ci-dessous les macabres faits-divers qui eurent lieu après la sortie du film). Passionnant, intelligent, ludique et jouissif, Scream est un classique contemporain aussi roublard que parodique.

Les Chroniques de Scream 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/08/scream-2.html
                               Scream 4: http://brunomatei.blogspot.com/2011/04/scream-4.html
13.04.11.
Bruno Matéï.


Récompenses:
Saturn Award 1997 : meilleur film d'horreur, meilleur scénariste et meilleure actrice (Neve Campbell).
MTV Movie Award 1997 : meilleur film.
Festival du film fantastique de Gérardmer 1997 : Grand Prix et Prix "première" du Public.

FAITS DIVERS:
Avril 2000, à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) : Nicolas, 16 ans, avait mis le fameux masque avant d'agresser son père et sa belle-mère à coups de couteau; deux jours plus tard), à Sarcelles (Val-d'Oise), un autre adolescent était interpellé, lui aussi affublé du même déguisement et armé d'un couteau, aux abords de la gare.
Été 2001, à Saint-Cyr-l'École (Yvelines) : cinq jeunes portant le même masque avaient agressé et violé une jeune femme de 21 ans.
Juin 2002, à Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Atlantique) : un lycéen de 17 ans, revêtu du fameux déguisement du tueur, assassinait Alice, une de ses camarades de classe, âgée de 15 ans. Le garçon, qui selon ses proches ne présentait aucun trouble mental, avait « décidé de tuer quelqu'un », comme il l'a expliqué aux enquêteurs. Après avoir poignardé sa victime à 42 reprises, l'agresseur s'était enfui à l'arrivée d'un voisin qui avait découvert la jeune fille agonisante. Avant de mourir, elle avait eu le temps de donner le nom de son meurtrier. Le 19 novembre 2004, la cour d'appel de Rennes condamne l'assassin à 25 ans de réclusion (contre 22 ans prononcée en première instance).

4 commentaires:

  1. belle critique mais je ne te rejoins pas du tout pour moi scream est un anti slasher ,je m'explique à part la scene d'ouverture il n't a rien mais absolument rien ,ce film est fait pour les teen' pas pour les vrais amateurs du genre on est quand meme tres tres loin de nos boogeyman adorés ,c'est un film sans surprise vide avec des acteurs plus que moyen ,de l'humour d'atardé mental ,tu dis de l'humour noir ? dans les griffes de la nuit c'est de l'humour noir là wes craven avait fait dans l'excellence pas dans scream ,scream est un film purement commerciale ,un anti film de genre

    RépondreSupprimer
  2. je respecte ton avis Jeepers que je ne rejoins absolument pas. Je me suis assez expliqué dans ma critique.

    RépondreSupprimer
  3. très belle critique,je te rejoins sur plusieurs points Bruno.
    pour ma part,j'avais été déçu par ce film lors de sa sortie en 1997,mais ma 2em vision a été bien plus appréciable.
    Normal que je n'avais pas aimé la première fois,déçu voir vexé de voir les codes de mon genre favori démantelés et tournés en dérisions qui plus est par un de ses papa.C'est là pour moi où réside tout le génie de ce film!
    En bousculant les mécaniques devenues lassant,en jouant avec les clichés du genre.La fin fait écho au fameux débat de "l'influence de la violence au cinéma et à la télé sur nos chères têtes blondes" et sa conclusion est franchement intéressante à ce niveau.
    par contre ils se sont mordus la queue avec les séquelles en tombant eux même dans le système qu'ils critiquaient! Sans parler de la floppé de sous slasher que SCREAM a engendré..."Souviens toi l'été dernier","Urban legend" etc etc...Ironique à ce niveau!
    Pour moi SCREAM est bien un slasher et non un anti slasher.la démarche est la même que "THE LAST ACTION HERO" qui déconstruisait les actionners de notre chère enfance et qui paradoxalement restait lui même un actionner bourrin.
    Bref,SCREAM est film essentiel au genre.

    RépondreSupprimer
  4. je te rejoins complètement Luke. Moi paradoxalement, c'est à la 3è vision que j'ai été déçu. Va comprendre ! (humeur, fatigue ?)
    En tous cas, cette fois-ci je ne changerais plus d'avis.

    RépondreSupprimer