mardi 19 avril 2011

LES CHEMINS DE LA LIBERTE (The Way Back)


de Peter Weir. 2010. U.S.A. 2H15. Avec Jim Sturgess, Ed Harris, Saoirse Ronan, Colin Farell, Mark Strong, Gustaf Skarsgard, Alexandru Potocean, Sebastian Urzendowsky.

Sortie en salles en France le 26 Janvier 2011.

FILMOGRAPHIE: Peter Weir est un réalisateur australier né à Sydney en Autralie le 21 Aout 1944.
1974: Les Voitures qui ont mangé Paris. 1975: Pique-nique à Hanging Rock, 1977: La Dernière Vague, 1981: Gallipoli, 1982: l'Année de tous les dangers, 1985: Witness, 1986: Mosquito Coast, 1989: Le Cercle des poètes disparus, 1990: Green Card, 1993: Etat Second, 1998: The Truman Show, 2003: Master and commander, 2011: Les Chemins de la Liberté.

                          

Sept ans après Master and commander, grand spectacle maritime qui décrivait le combat acharné, en 1805, d'un navire de la Royale Navy contre l'Acheron, frégate de corsaires français subordonnés à l'armée napoléonienne, Peter Weir nous retrace avec les Chemins de la liberté l'odyssée véridique d'une poignée de prisonniers échappés d'un goulag en Sibérie.
Le film est tiré du roman de Slavomir Rawicz, "The Long Walk : The True Story of a Trek to Freedom"

En 1940, un groupe de prisonniers de guerre décide de s'échapper d'un camp de travail en Sibérie. Dans des conditions précaires épouvantables et une fatigue constante confinant à l'épuisement mortel, ils vont devoir marcher pendant plus de 6500 kms à travers l'URSS, la Mongolie, le Tibet et l'Inde occupée par les anglais. Seuls, trois prisonniers auront la chance d'accéder à destination.

                          

Avec un souci de réalisme brut et rugueux et l'intensité d'un sens épique rappelant les grandes épopées lyriques du cinéma vintage, Peter Weir s'accapare d'un récit véridique implacable ayant eu lieu durant la seconde guerre mondiale. Il dépeint avec la fébrilité d'une émotion bouleversante l'impensable périple d'un groupe de prisonniers de nationalités diverses délibérés à retrouver leur liberté en fuyant le régime stalinien.
Pour cela, ils devront traverser quatre pays occupés par un communisme totalitaire et affronter dans une forme physique davantage amoindrie le froid glacial de Sibérie, la chaleur suffocante du désert de Mongolie, reconquérir les neiges du Tibet pour enfin trouver refuge et sérénité dans le pays de l'Inde toléré par les anglais.

De prime abord, le réalisateur nous oppose dans sa première partie à l'impitoyable condition de vie inhumaine des prisonniers polonais et d'autres horizons. Travaux forcés en extérieur, en plein froid glacial sous les tempêtes de neige rigoureuses ou dans le refuge caverneux des souterrains d'une mine irrespirable. Alors que leur règle d'hygiène déplorables entraînant les maladies infectieuses, les rations alimentaires réduites au strict minimum et les règlements de compte entre travailleurs faméliques vont amoindrir chaque jour leur frêle chance de survie.
Ce préambule impressionnant de vérité sordide dans une mise en scène entièrement allouée à l'humanité désespérée de ces personnages nous entraîne déjà dans la moiteur d'un enfer glauque où l'on perçoit de manière viscérale l'odeur de la déchéance putride et leur douleur morale fustigée.

                          

La suite nous embarque dans une escapade inlassable auquel un groupe d'hommes audacieux ont décidé de s'échapper de leur bagne pour retrouver la liberté. Ils vont devoir communément s'aventurer à travers l'immensité des forêts sauvages déployant des collines à perte de vue, les déserts arides et desséchés, inertes de présence humaine, et les rangées de montagnes élevées à une altitude dantesque.
Durant leur cheminement ardent, ils vont rencontrer la seule jeune femme polonaise échappée d'un camp adverse pour finalement accepter sa venue aléatoire et parcourir des milliers de kilomètres de marche à pied.
Avec une rare puissance dramatique, cette seconde partie introspective, saisissante d'authenticité dans l'illustration décharnée de la condition physique et morale de nos protagonistes, le réalisateur nous retransmet avec force et réalisme abrupt une leçon de survie qui dépasse l'entendement ! Durant la majorité de leur trajet mortifère, nous sommes témoins à contempler la terrible quête d'emprise de liberté d'hommes affamés, assoiffés, épuisés par le froid, la faim, la maladie, la sécheresse et une fatigue davantage éreintante. Peter Weir apporte un soin sensitif à ausculter cette lente agonie humaine désespérément esseulée face à l'hostilité de la nature environnante, affrontant les pires situations extrêmes avec un courage surhumain suspectant un suicide collectif.

Il faut respectueusement saluer la prestance des comédiens chevronnés, littéralement habités par leur rôle !Que ce soit Collin Farel dans un second rôle putassier de salaud pernicieux, Ed Harris en sexagénaire mature ne se fiant qu'à sa rudesse d'esprit et Jim Sturgess en leader impromptu, loyal et valeureux, déterminé à retrouver sa femme pour lui pardonner une ignoble trahison.
Enfin, je ne manquerai pas d'évoquer la bouleversante interprétation de Saoirse Ronan (The Lovely Bone) dans celle d'une jeune polonaise aussi inflexible que fragile à vouloir se mesurer contre ses coéquipiers. Sa nécessité inhérente à prouver à la gente masculine son courage improbable de dépasser ses capacités physiques et psychologiques jusqu'à un inéquitable point de non retour.

                        

Tournés dans les magnifiques régions de Bulgarie, d'Inde, du Maroc et de l'Australie déployant leur trésor de magnificence naturelle pour leurs paysages solennels, Les Chemins de la liberté est un humble témoignage de ce que l'être humain est capable de surpasser pour tenter de retrouver sa dignité et sa liberté immolée. Véritable hymne au dépassement de soi, hommage à la solidarité de l'amitié et à ceux qui auront survécu, cette histoire vraie terriblement cruelle est une expérience humaine viscérale, un récit initiatique bouleversant sublimant l'instinct de courage au gré de l'autonomie. Inoubliable, à l'image prégnante de ces retrouvailles inespérées pour un final exutoire dont on ne sortira pas indemne.

19.04.11
Bruno Matéï.

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