vendredi 15 avril 2011

LE SOUS-SOL DE LA PEUR (The People under the stairs). Prix Spécial du Jury à Avoriaz 1992.


de Wes Craven. 1991. U.S.A. 1h42. Avec Brandon Adams, Everett McGill, Wendy Robie, A.J. Langer, Ving Rhames, Sean Whalen.

Sortie France: 15 Janvier 1992, U.S.A: 01 Novembre 1991.

FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "Wes" Craven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio.
1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997: Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.

                                      

Deux ans après Schocker (serial-killer aux 3000 volts svp !), Wes Craven repasse derrière la caméra pour livrer l'un de ses films les plus cartoonesques où des enfants molestés se fondent dans la peau de héros. Un conte macabre, cynique et drôlement sardonique dépeignant le vampirisme de la bourgeoisie au profit des exclus de l'immigration. Dans un quartier défavorisé, un couple de psychopathes, kidnappeurs d'enfants, règnent en maître sur la population depuis des décennies en louant des immeubles à prix exorbitant. Deux délinquants à la petite semaine accompagnés d'un enfant, dont la mère atteinte d'une tumeur ne peut plus subvenir à ses besoins, vont tenter de cambrioler la demeure des tortionnaires.

                                       

Féroce satire sociale, le Sous-sol de la peur est une série B d'autant plus déroutante qu'elle est dirigée par deux enfants de moins de 12 ans retenus prisonniers par un couple de tortionnaires aux penchants pédophiles ! La narration diablement troussée empreinte de prime abord la voie du conte de fée, façon Hansel et Cretel remis au goût du jour dans un contexte urbain d'une société raciste. La forêt se substituant en métropole, la chaumière en vaste pavillon rempli de pièges et la sorcière symbolisant la caricature perfide de propriétaires cupides. Un frère et une soeur xénophobes très portés sur le confort et le contrôle sécuritaire se sont ici concertés pour asservir la vie de défavorisés en emprisonnant quelques enfants dans leur cave.

                                         

C'est à la suite d'un cambriolage ayant mal tourné qu'un adolescent va se retrouver embrigadé dans leur demeure. Rapidement, il va établir la rencontre d'un jeune adulte mutique réduit à l'état sauvage, car caché dans les cloisons murales. Mais surtout il va se lier d'amitié avec une fillette embrigadée depuis sa naissance, et donc déconnectée de ses repères. Tandis que dans la cave sont entassés depuis longtemps des quidams dépravés livrés à eux mêmes, contraints de pratiquer l'anthropophagie pour subvenir à leur survie. Durant ce périple de l'enfer impliqué dans un dédale de pièces secrètes, les deux enfants vont tenter de s'échapper par toutes les issues possibles de chaque cloison de la demeure alors que les propriétaires affublés d'un rottweiler vont se lancer à leur trousse pour les appréhender.
Dans le rôle du frère pédophile adepte de la chasse à l'homme et du SM (panoplie de Batman à l'appui !), Everett McGill s'avère savoureux de maladresse et de cynisme sarcastique. Au physique détestable de mégère renfrognée, Wendy Robie lui partage la vedette avec sadisme de cruauté et d'humiliation pour sa fonction impérieuse particulièrement imbue.

                                     

Mené à un rythme effréné dans son lot de péripéties horrifiques et de situations pittoresques, Le sous-sol de la peur adopte la démarche d'une satire sociale aussi acide que acerbe par son climat malsain où l'innocence infantile s'avère le pivot héroïques. Cette farce corrosive s'octroie également d'ironiser sur l'instinct pervers d'une bourgeoisie sournoise vautrée dans la richesse de son confort et des biens matériels. 

Récompenses: Prix Spécial du Jury à Avoriaz en 1992.
Pegasus Audience Award au festival du film fantastique de Bruxelles en 1992.

15.04.11. 3.
Bruno Matéï.

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