jeudi 3 mars 2011

STOIC

                           

de Uwe Boll. 2009. 1H30. Canada. Avec Furlong Edward, Levinson Sam, Mennekes Steffen, Sipos Shaun, Switch Jamie

BIO: Uwe Boll est un réalisateur, scénariste et producteur allemand, né le 22 juin 1965 qui répercute déjà 31 longs-métrages à son actif.
Surnommé par le presse américaine comme le nouveau Ed Wod ou le Master of error, ses films généralement aseptisés et ses adaptations de jeux vidéo souvent pitoyables de médiocrité se complaisent maladroitement dans la prétention et le racolage quand il ne s'agit pas de simple nanars affriolants et rebattus.
Jusqu'au jour ou débarque un film que personne n'attendait ! STOIC !!!

L'ARGUMENT: Un homme se suicide dans se cellule de prison. Quelques heures plus tard ses trois co-détenus sont interrogés un à un pour connaitre les véritables raisons de cet acte insensé.

                                 

UWE BOLL: LA RESURRECTION !
Dire que l'on n'attendait pas grand chose du nouveau film d'un réalisateur vilipendé par la majorité de la critique et du public est un mince euphémisme tant sa réputation n'est plus à plaindre.
Total revirement de situation, virage à 180 degrés, uppercut dans ta face ! Uwe Boll réalisé une bombe, un film choc, un drame psychologique implacable à la limite de la nausée dont personne ne pourra sortir indemne !

L'introduction nous amène à montrer un homme entrain de se pendre dans sa cellule. La suite nous fera intervenir la présentation de ses 3 compagnons avec qui la victime partageait sa taule. Un à un, les détenus vont se livrer à leur témoignage aux autorités tandis qu'en intermittence, de nombreux flash-back viendront nous épauler sur le véritable déroulement du récit, sur la vie antécédente de nos quatre prisonniers co-existés en communauté le temps d'une interminable journée au bout de l'horreur.

Tourné en 6 jours dans un style proche du documentaire, manipulé par une photo désaturée et d'une caméra mobile filmée souvent à l'épaule, Uwe Boll   nous envoie directement dans une impitoyable descente aux enfers à travers ce huis-clos claustrophobe et sonder les tréfonds de l'âme (in)humaine, de ce qu'elle peut commettre de pire quand elle en est réduite à se retrouver en hiérarchie restreinte dans un endroit isolé de tous pour une durée (in)déterminée.
A cause de la bêtise d'un pari stupide qu'un nouveau détenu a osé concourir, ce même prisonnier va se retrouver embarqué malgré lui dans un incessant jeu d'humiliations davantage éprouvés sur sa personne. Jusqu'à lui saborder des actes insensés de torture et de barbarie dont la victime réduite à un jouet de soumission ne pourra jamais se remettre de tant d'épreuves innommables dans sa moralité introspective décharnée.
Parce que cet homme refusera d'avaler un tube de dentifrice qu'il avait lui même proposer de soumettre au perdant lors d'une partie de poker, ses 3 voisins de cellule vont lamentablement se proposer à lui faire subir ces multiples sévices autant physiques que psychologiques.

                                

La grande qualité de Stoic viendra avant tout de la caractérisation précise de chaque personnage remarquablement interprété et élucidé dans leur tourment de l'horreur, le plaisir pervers de se fourvoyer dans la bassesse humaine et la peur de se confronter face à l'autorité de son adversaire influent et leader.
A cause d'un effet de groupe, d'une influente complicité où la loi du plus fort prédomine, nos trois tortionnaires iront jusqu'au bout de leur désirs meurtriers, au point de non retour et cela même si l'un de leur acolyte épris de remord, d'une parcelle de conscience et de compassion face à tant de sévices infligés tentera désespérément de résonner ses amis.

LES CHAROGNES.
Il faut saluer l'interprétation de nos quatre comédiens tous aussi impliqués et convaincants les uns des autres. Que ce soit la victime démunie campée par Shaun Sipos, un quidam rendu misérable totalement déchu de l'intérêt de sa personne, dénué d'émotion au fur et à mesure de son long calvaire, de son impitoyable sevrage à subir les ultimes bravades et brimades de ses camarades putassiers.
Edward Furlong (le jeune fils de Sarah Connor dans terminator 2) est presque méconnaissable, surprenant en prisonnier antipathique, physiquement un peu enveloppé dans son surpoids inopiné. Peut-être le bourreau le plus pervers, le plus dangereux abjecte salopard à ne pas manifester un chouilla de remord ou d'affectation face à sa victime lapidée.
Steffen Mennekes en grand complice du leader imposé, aux allures de Skin refoulé est l'un des personnages les plus pathétiques dans son viol commis pour la première fois devant ses camarades surpris de cette révélation éhontée. Pathétique aussi dans ses interrogatoires hypocrites, ses véritables remords à concevoir un tel sacrilège inhumain, sa honteuse conscience d'avoir commis les actes les plus extrêmes et impardonnables. Avant d'oser verser quelques larmes contraignantes...
Sam levinson dans le rôle du détenu le moins répressible est parfaitement convaincant, grisonnant dans son personnage lamenté, torturé dans ses estocades de prise de conscience, sa révulsion à avoir assisté, participé à ce lynchage festif commis en communauté.
Envahit par la peur d'être à son tour le prochain bouc émissaire, impuissant d'oser transgresser les barrières de leur propre loi établie, ce prisonnier est sans doute le personnage le plus à plaindre dans sa conscience morale à cause du regain d'amitié qu'il éprouvait face à sa victime et le triste sort qu'il sera obligé de lui réserver malgré son désistement.
   
                               

SENTENCE D'UNE DELIVRANCE.
Inspiré d'une histoire vraie (qui s'en étonnera ?), Uwe boll  surprend énormément avec Stoic dans ce huis-clos nauséeux extrêmement malsain et dérangeant. Sa mise en scène sobre et sans effet de style mise tout sur la psychologie de ses personnages interprétés avec une intense conviction, imposés dans un climat glacial et sa froide brutalité établie jusqu'au vertige du malaise. Son introspection à observer les états-d'âme d'êtres humains réduits à l'état animal dans leur environnement barricadé sans clarté ou nuance de lueur habilitée.
Cette descente aux enfers nous interpelle autant qu'elle démotive dans son effrayant constat humain livré sans anesthésie.  
Stoic choque de manière lamentée et désarme sans jamais céder à la gratuité ou au plaisir rudimentaire de choquer son spectateur aigri d'avoir été le témoin de cette triste requête à la limite de l'improbable.
Bienvenu dans les tréfonds de l'âme inhumaine...

NOTE: En février 2009, Uwe Boll a reçu : le Razzie Award du pire réalisateur de l'année 2008 pour Postal, King Rising (In the Name of the King: A Dungeon Siege Tale) et Tunnel Rats un Razzie Award pour avoir réussi la pire carrière
En juin 2008, Uwe Boll a reçu : le prix du meilleur réalisateur pour Postal au festival du cinéma d'Hoboken (New-Jersey)
En septembre 2010 : Darfur est élu meilleur long-métrage international au Festival du Film Indépendant de New-York

                              

27.09.10

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