jeudi 10 mars 2011

Rituals (The Creeper)

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Carter. 1977. U.S.A/Canada. 1h40. Avec Hal Holbrook, Lawrence Dane, Robin Gammell, Ken James, Gary Reineke, Murray Westgate, Jack Creley, Michael Zenon.

Sortie salles France: 14 Avril 1982. Canada: 21 Juillet 1977

FILMOGRAPHIE: Peter Carter est un réalisateur et producteur britannique né le 8 Décembre 1933 en Angleterre, décédé le 3 juin 1982 à Los Anglees. 1972: The Rowdyman. 1977: Rituals. 1978: High Ballin. 1980: Klondike Fever. 1982: Highpoint. 


Ils étaient cinq... Pour le bout du monde. Le destin vengeur les avait réuni !

Rituals est un survival à mi chemin entre le notoire Délivrance sorti 5 ans au préalable et le désormais classique, Survivance de Jeff Liberman natif de 1981. Complètement sombré dans l'oubli et disparu de la circulation depuis nos vétustes rayons Vhs, cette oeuvre oppressante à l'atmosphère à la fois moite et poisseuse s'avère pourtant aussi intéressante que subtile à exploiter dignement le genre (trop) souvent tributaire du gore outrancier. Le pitchCinq amis d'enfance s'exilent six jours en forêt pour profiter de la chasse. Mais rapidement, d'étranges évènements pernicieux vont venir perturber l'ambiance estivale de nos vacanciers davantage ébranlés par une succession d'incidents. Dès son préambule, il est inévitable de penser au chef-d'oeuvre de John Boorman puisqu'il empreinte le même environnement hostile d'une nature sauvage qu'un groupe d'acolytes arpentera après qu'une menace invisible s'y soit manifestée. Nanti d'une solide interprétation de seconds couteaux bien connus des amateurs (Hal Hoolbrook/Creepshow, Lauwrence Dane/Scanners - Happy Birthday), Rituals puise sa force dans sa rationalité des faits consciencieusement structurés et par son ambiance anxiogène davantage oppressante.


Ainsi, par touches successives d'accidents volontairement assénés aux protagonistes (le vol des bottes dès la 1ère nuit, la ruche jetée sur le sol pour laisser s'échapper un essaim d'abeilles, les pièges à ours infiltrés dans la rivière), nos baroudeurs vont approcher le sentiment d'insécurité d'une présence invisible particulièrement finaude à les brocarder. Une manière sournoise de les désorienter et ainsi les mettre au défi d'une série d'épreuves aussi dangereuses qu'impromptues. A ce titre, il faut saluer l'habile utilisation des décors décharnés, arides, opaques ou vertigineux, savamment exploités au sein d'une scénographie écolo transcendant l'immensité de ses vastes végétations. Des décors végétatifs étrangement baroques d'où plane un silence pesant si bien que l'expédition de nos héros s'y déroule sous un écrasant soleil. Mais c'est au fil des évènements dramatiques compromis à la mort et à la déchéance que Rituals gagnera en suspense sous tension. Et ce sans jamais céder à l'esbroufe ou au gore, à quelques plans crapoteux près du plus bel effet (j'ai adoré la séquence de la main arrachée par une décharge de chevrotine). 


Le réalisateur maniant la suggestion avec sagacité (la présence menaçante à peine effleurée en caméra subjective reste invisible jusqu'aux dernières minutes), de manière à exacerber une lente descente aux enfers auquel nos personnages sont contraints de s'y repentir. Peter Carter ajoutant en prime une densité pour la psychologie de ses personnages constamment tourmentés et éreintés d'endurer une épreuve de survie depuis que l'un d'eux eut malencontreusement porté Spoil !!! atteinte à la santé d'un de ses patients durant la seconde guerre mondiale Fin du spoil. Dans celui du médecin pusillanime, Lawrence Dane domine un jeu d'acteur fébrile inscrit dans la sobriété en dépit de ses moult vociférations échangées avec son ennemi. Hal Holbrook incarnant avec rigueur ce baroudeur stoïque du fait de sa bravoure pleine de dignité pour autant non exempt d'ambiguïté à travers son revirement moral d'y abdiquer un partenaire gravement blessé. Leur prestance houleuse allouée aux conflits d'autorité amplifiant le caractère tragique, voir franchement pathétique de ce périple cauchemardesque culminant lors d'un final cinglant d'une âpre cruauté.
                                           

Nonosbtant sa réputation de rareté condamnée à l'oubli et dénigrée des amateurs, Rituals s'avère pourtant un très honnête représentant du survival même s'il ne demeure pas à la hauteur de ses illustres précurseurs Délivrance, Sans Retour ou encore Survivance. Sa distribution anti-manichéenne dressant un tableau amère sur la nature humaine, la beauté
inquiétante de ses décors naturels désaturés, l'atmosphère malsaine sous-jacente davantage diffuse concourant à rendre plausible ce cauchemar caniculaire à l'appréhension feutrée. Un tantinet dommage toutefois que son montage y soit perfectible et que le score dissonant, souvent en décalage avec l'action dépeinte, ne soit pas plus ombrageux afin d'y rehausser son potentiel horrifique. 

*Eric Binford
17.08.21. 2èx
09.03.11


2 commentaires:

  1. Je le regarde aussi prochainement, je suis débordé, la caverne déborde :-)

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  2. On ne sait plus ou donner de la tête !
    Rituals est une excellente surprise !

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