dimanche 27 mars 2011

MOTHER AND CHILD. Grand Prix au Festival de Deauville 2010.

 

de Rodrigo Garcia. 2010. U.S.A. 2H06. Avec Naomi Watts, Samuel L. Jackson, David Morse, Annette Bening, Carla Gallo, Brittany Robertson, Kerry Washington, Amy Brenneman, Tatyana Ali, Marc Blucas...

Date de Sortie: France: 17 novembre 2010, U.S.A: 07 mai 2010.

FILMOGRAPHIE:  Rodrigo Garcia est un réalisateur colombien né le 24 Aout 1959. Après diverses séries TV, il entreprend de passer au long-métrage en 2008 avec Les Passagers.
2008: Les Passagers. 2010: Mother and Child. 2011: Albert Nobbs.

                                        

Grand vainqueur du Festival de Deauville en 2010, Mother and Child établit sans niaiserie un drame intimiste et pudique décrivant avec une sobre sensibilité le témoignage tourmenté de trois femmes lamentées. Une frustration commune de ne pouvoir accéder à leur rêve d'une union familiale et maternelle inscrite dans la sérénité et l'épanouissement. Karen est une quinquagénaire caractérielle, solitaire et introvertie, contrariée par l'état de santé fébrile de sa mère gravement malade. Sa fille Elisabeth a été abandonnée à sa naissance alors que Karen n'avait que 14 ans au moment de l'accouchement. Elle est aujourd'hui une avocate cumulant les conquêtes masculines jusqu'au jour où elle envisage la naissance d'un enfant avec son patron. Lucy est une jeune fille inféconde mais qui décide en ultime recours d'adopter un enfant avec le soutien de son compagnon. Par le fruit du hasard, ces trois femmes inassouvies plongées dans l'amertume et les incertitudes vont finalement fusionner et s'épauler grâce à l'alchimie de l'amour cathartique.

                                     

Dominé par la présence chétive et gracieuse de trois actrices formidables de justesse et de frugalité, Mother and Child est comme son titre le suggère l'union universelle des relations parentales bafouées. Une description introspective sur les rapports difficiles et conflictuels de trois femmes confrontées à la lâcheté, l'égoïsme et l'immaturité de parents complexés car eux mêmes fustigés par leur enfance déloyale soumise à la souffrance morale. C'est ce manque d'amour, de communication et de dignité qui aura à jamais changer leur destinée et leur manière précaire de prendre en main un avenir austère pour la naissance éventuelle d'une progéniture infantile. Le réalisateur Rodrigo Garcia décrit avec un soin humaniste entièrement dédié à la ligue féminine et sans discours pompeux le poignant cheminement de ces trois femmes profondément meurtries par leur passé troublé. Une fêlure ancrée dans leur mentalité depuis leur enfance galvaudée par la cause d'une démission maternelle, alors qu'une malformation congénitale est sévèrement réprimée pour l'une d'entre elles incapable de procréer. C'est ce parcours tortueux, semé d'obstacles que nous allons suivre durant leurs moments intimes de doute et d'espoir jusqu'au jour où la fatalité souhaite les unir pour tenter de réconcilier les rancoeurs et sauver l'avènement d'un nouvel enfant.

                                            

Naomi Watts incarne avec sensualité et un charme désenchanté sous-jacent le profil instable d'une jeune avocate courtisane et indépendante, incapable d'assumer un foyer familial à cause d'une mère absente depuis sa naissance. Son instinct maternel d'entreprendre malgré tout la naissance d'un enfant et le fait de retrouver sa mère biologique sont une manière rédemptrice de pouvoir offrir un regain d'intérêt à sa vie esseulée éludée d'un amour pur et épanoui. Et ce, même si son nouvel amant (Samuel L. Jackson) semble avoir la maturité nécessaire pour s'y accorder avant de se défiler au moment le plus opportun. C'est Annette Bening qui compose le rôle fragile d'une quinquagénaire taciturne et caractérielle, victime d'avoir enfanté dès son plus jeune âge un enfant qu'elle s'est vue contrainte et forcée d'abandonner. Sans doute le personnage le plus empathique du trio du fait d'une vie morne jalonnée de déceptions amoureuses mais surtout une femme à l'aube du 3è âge, rongée par la culpabilité à cause d'une fille qu'elle aura trop longtemps dénigré. Enfin, Kerry Wahington (les 4 Fantastiques / The Dead Girl) interprète avec conviction une jeune femme de couleur déterminée à adopter un enfant en guise d'infécondité mais lâchement abandonnée et trahie par deux évènements fortuits. Son impatience, son pessimisme illégitime et son manque de courage envers un enfant qu'elle ne connait pas seront malgré tout privilégiés par la présence cette-fois ci fructueuse d'une mère aimante et attentionnée qui aura l'intelligence maternelle d'inculquer à sa fille son éthique liée au devoir parental, aux sens des valeurs mises en exergue dans la dignité humaine.

                                        

Superbement interprété par trois actrices candides, Mother and Child est un drame fébrile réalisé avec modestie et pudeur compromis à la filiation générationnelle de femmes engagées à rendre leur vie plus harmonieuse par l'entremise de la fécondité. Dans une mise en scène dépouillée de sentiments lacrymaux, Rodrigo Garcia dépeint avec vérité mesurée le témoignage de ses femmes versatiles et refoulées blâmées par la faute de parents irresponsables. Mother and Child démontrant que l'innocence infantile est la période de la vie la plus précieuse, qu'il faut à tous prix en préserver sa pureté par l'amour conjugal engagé dans une relation de confiance et d'équilibrée épanoui.

28.03.11
Bruno Matéï.
                                       

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