mardi 15 mars 2011

LOVELY BONES

                            

de Peter Jackson. 2009. 2H15. U.S.A. Avec Saoirse Ronan, Stanley Tucci, Mark Wahlberg, Rachel Weisz, Susan Sarandon, Rose McIver, Nikki SooHoo, Reece Ritchie, Amanda Michalka, Jake Abel...

L'ARGUMENT: Brutalement assassinée par un voisin dans sa demeure familiale, la jeune Susie Salmon observe de l'au-delà ses proches lutter contre leur chagrin, les policiers patiner dans leur enquête et son tueur, qui continue de sévir en toute impunité.

                    

MON AVIS: Après la colossale et monumentale entreprise de la mythique trilogie du "Seigneur des anneaux" ainsi que le superbe remake généreux de "King-Kong", notre néo-zélandais préféré revient à une forme de cinéma beaucoup plus intimiste, personnelle et posée, à la manière du magnifique "Créatures Célestes" qui savait associer avec subtilité et poésie, fantastique et drame psychologique tiré à la base d'un fait divers sordide.

Adapté du roman "La Nostalgie de l'Ange" d'Alice Sebold, "Lovely Bones" emprunte également le drame psychologique et la touche fantastique pour nous conter l'histoire tragique d'une jeune fille de 14 ans sans histoire, Susie Salmon (interprétée par l'étonnante Saoirse Ronan toute en fragilité) , issue de parents exemplaires dans l'union affective et l'amour paisible du cocon familial parmi son frère et sa soeur. Mais son destin va brusquement éclater pour chavirer du côté sombre et obscur de la mort brutale essentiellement gratuite à cause des agissements morbides d'un pédophile meurtrier campé par l'incroyable Stanley Tucci. La scène de séquestration bien que totalement suggérée incommode, dérange et affecte l'esprit dans son climat déviant et méprisant hautement malsain.
A cause de sa brutale disparition subite, ses remords envers son criminel et son refus d'accepter la réalité de sa propre mort, Susie va se retrouver dans l'attente de l'entre deux mondes, observant le douloureux chagrin de sa famille endeuillée et attendre éperdument que son assassin sera arrêté et condamné pour son impardonnable crime.

                   

Peter Jackson aborde la thématique du deuil familial, de la perte d'un être si cher et attendri, la difficulté de surmonter l'obstacle d'une disparition aussi innocente envolée en pleine adolescence.
L'impossibilité d'effacer ce pénible chagrin viscéral, de vivre continuellement sans être accompagné de celui ou celle que l'on a tant idolâtré, adulé avec l'apparition de cette douloureuse plaie mise en exergue dans notre coeur à tout jamais. Nos protagonistes fidèlement représentés et perdus dans les vagues de la mélancolie et l'injustice se seront plus jamais les mêmes mais c'est aussi dans la mort endeuillée que leur nouvelle raison d'être et de respirer pourra se réapprovisionner, réévaluer leur nouveau sens de l'existence. Continuer à persévérer, évoluer et aimer passionnément ceux qui nous entourent et nous approuve.
La thème du deuil sera aussi abordé du point de vue de cette chère disparue Susie et nous allons voir et comprendre à travers un récit fantasmagorique nimbé de poésie en état de grâce et d'apesanteur qu'il est tout aussi difficile pour la victime mise en cause d'accepter son inévitable départ à l'aube d'une liaison amoureuse. Il y a d'abord cette haine rancunière de refuser que son complice soit en totale liberté et continuer ainsi son immonde série de meurtres crapuleux. Susie va observer également la difficile et pénible évolution de sa famille en appel d'oxygène. Un père déterminé à retrouver l'ultime coupable présumé, une mère effondrée refusant d'être le témoin et se soustraire à ce jeu malsain du gendarme et du voleur et une soeur plus futée et couillue qu'elle ne parait pour oser pénétrer dans la demeure de l'enfer, se procurer un carnet personnel essentiel dans une séquence à haute tension d'anthologie que n'aurait surement pas renié le maitre Hitchcock.

                    

Peter Jackson réalise avec une acuité de sensibilité aigue un récit dramatique bouleversant mais florissant car débordant d'humanité et d'optimisme, contrebalancé par des fulgurances visuelles d'une poésie atypique qui nous remplit les yeux éclairés et lumineux.
"Lovely Bones est tout simplement un hymne à la vie terrestre et celle sensitive inidentifiable, une déclaration d'amour à ceux que l'on aime, à la liberté éternelle d'embrasser comme au premier baiser innocent au plus profond de l'âme ceux qui nous sont proches et digne de confiance.
Une raison de vie supplémentaire après la perte, un but atteint dans la création, la persévérance, l'envie de croire à notre étoile qui démontre aussi pour les plus malchanceux que la mort n'est qu'un passage dans un autre "ailleurs". Et même si les pince sans rire, les aigris, les bien pensants et les athées pourraient pouffer de rire et trouver l'ensemble un rien naif, puéril, voir désuet c'est peut-être aussi pour leur faire oublier à eux même que quelque part un coin de leur innocence, leur âme d'enfance, cette période d'émerveillement si féérique s'est envolée, dissoute, évaporée au profit d'un semblant de maturité surestimée et snobée, teinté d'une pointe d'orgueil.

Je répondrai en priorité à ceux qui ne veulent pas y croire : je vous souhaite simplement à tous une longue vie de bonheur. Comme le monde parfait d'un pingouin immobile dans une boule de neige.

A Barney et Pascal...

15.06.10

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire