lundi 7 mars 2011

LES CHAROGNARDS (The Hunting Party)

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotion.com

de Don Medford. 1971. U.S.A. 1h51. Avec Oliver Reed, Gene Hackman, Candice Bergen, Simon Oakland, Ronald Howard, L.Q. Jones, Mitch Ryan, William Watson, G.D. Spradlin, Rayford Barnes, Bernard Kay...

BIO: Il s'agit du second film de Don Medford (né en 1917) qui aura livré une courte carrière de 2 longs-métrages avant de s'atteler à la télévision avec une pléthore de séries T.V. issues des années 70 et 80 (les envahisseurs, l'homme qui tombe à pic, des agents très spéciaux, la 4è dimension, l'homme à la carabine, Alfred Hitchcock présente...)


Le pitch: Au Texas, un gangster et sa bande décident d'enlever la femme d'un notable pour pouvoir apprendre à lire et écrire, celle-ci exerçant la profession d'institutrice. Mais son mari, dangereux pervers névrosé décide avec ses fidèles acolytes de mener une chasse à l'homme impitoyable.

Deux années après la sortie du chef-d'oeuvre de Peckinpah qui aura changé à jamais le visage de l'Ouest américain par son réalisme d'une violence incongrue, Don Medford surenchère un nouveau western aride qui va franchir une nouvelle étape dans le sordide et le sadisme. Cette violence âpre nous plongeant dans une traque sanglante d'une sauvagerie rarement vue à l'écran en cette époque glorieuse des années 70 (on pourrait même d'ailleurs y voir une forme de résonance horrifique à Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper réalisé 3 ans plus tard, pour les derniers instants de décadence d'un corps convulsé qu'on mène à l'abattoir !). Car Les Charognards, titre français on ne peut plus explicite que son homologue américain (La Partie de Chasse) s'avère une lente descente aux enfers chez des anti-héros pourchassés par des ordures encore plus lâches et intraitables. D'entrée de jeu, le prologue nous met dans le vif de la crudité par son effet de surprise, cette estocade barbare où l'on assiste à l'égorgement d'un boeuf ainsi que son dépeçage. Une séquence extrême inédite dans un western traditionnel, filmée en alternance avec une relation sexuelle sauvage forcée entre deux amants !


Pas de demi-mesure, on sent que le film ne sera pas l'habituel western ludique où des cow-boys héroïques vont courser des indiens mais qu'il s'inspire plutôt de la brutalité d'un Peckinpah avec sa mythique Horde Sauvage ! Après avoir enlevé la femme de Ruger, Calder, bandit illettré va peu à peu se lier d'affection avec sa prisonnière du désert après l'avoir violé de la manière la moins brutale. Une scène suggérée pour autant pénible à regarder dans ce jeu malsain de regards complices. Ruger, notable sadique, orgueilleux et débauché décide donc de supprimer un à un les membres de la bande de Calder jusqu'à ce que les plaines du Texas ressemblent à une nécropole, hécatombe de chair agonisante sous un soleil écrasant jonché de scorpions. Les balles meurtrières fusant tous azimuts sans laisser une once de répit aux victimes ! Elles perforent la chair, laissant voler en éclat les giclées de sang dans un effet de ralenti pour mieux en saisir sa spectaculaire brutalité. Oliver Reed incarne le rôle de Calder, bandit tolérant le moins litigieux de cette galerie pathétique de salopards. Le plus ambitieux également quand on sait qu'à la base, l'enlèvement de cette jeune femme n'était qu'à but pédagogique pour son apprentissage analphabète. Un homme équivoque dans sa personnalité à double tranchant, s'humanisant au fur et à mesure de son chemin de croix. Ruger, riche notable d'apparence respectable est magnifiquement campé par Gene Hackman, antagoniste apitoyé sur la perversité. Si bien qu'il ne trouve son contentement que dans une complaisante torture, autant pour ces proies ingénues que de ses hors la loi sans vergogne. Melissa est endossée par la ravissante Candice Bergen. Un personnage noble d'une acuité humaine fragile, victime candide partagée entre ses désirs de fuite pour renouer avec un mari psychotique et son affection expansive envers Calder délibéré à défendre sa bande autant que celle qu'il aime.


Un dernier râle avant de mourir
Avant-coureur des Chiens de Paille, de Délivrance et surtout de La Chasse Sanglante (Open season) de Peter Collinson, réalisé 3 ans plus tard, Les Charognards demeure un chef-d'oeuvre du western poisseux imprégné d'amertume. Un chemin de croix implacable qui ne trouve sa raison d'être et d'exister que dans l'agonie du châtiment tant et si bien que les fuyards ne trouveront le repos méritoire qu'au sein d'une délivrance morbide. Le final lapidaire, à bout de souffle, se clôturant notamment lors d'une marche du désert fertile en désespoir. D'ailleurs, le terme "The End" se révèlera d'une certaine manière un soulagement pour le spectateur entaché d'un arrière goût de sang amer dans la bouche.

25.08.10
Bruno Matéï

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