dimanche 6 mars 2011

LE DERNIER TRAIN DU KATANGA (The Mercenaries / Dark of the Sun)

             

de Jack Cardiff. 1968. Angleterre; U.S.A. 1H40. Avec Avec Rod Taylor, Yvette Mimieux, Peter Carsten, Jim Brown, Kenneth More.

BIO: Jack Cardiff  (18.09.14 / 22.04.09) est un directeur de la photographie et réalisateur britannique. Il possède à son actif 9 films réalisés entre 1953 et 1974 dont Les Drakkars (1963), Le Liquidateur (1965) et surtout pour les amateurs d'horreur, son dernier film sorti en 1974, The Freakmaker. Plus connu en France sous le titre de The Mutations, il n'eut même pas l'honneur de sortir en salles chez nous. C'est en vhs dans les années 80 que les amateurs auront l'opportunité de le connaitre.

Le Dernier Train du Katanga, basé sur une partie de faits réels (la décolonisation du Congo belge), est l'adaptation d'un best-seller de Wilbur Smith.

L'ARGUMENT: En 1960, en Afrique, dans un Congo en guerre, le Capitaine Curry est chargé avec son équipe de mercenaires de rapatrier en train des colons occidentaux menacés à une mort certaine dans la région du Katanga. De plus, il doivent également récupérer des diamands d'une valeur de 50 millions de dollars dans un coffre blindé d'une compagnie minière.

HEROS OU SALOPARDS.
Passé discrètement sous silence depuis des décennies, Le Dernier Train du Katanga ne bénéficia jamais des honneurs qu'il méritait ! Peut-être à cause d'une affiche explicite incitant à un combat sans merci à la tronçonneuse et du fait de sa violence rêche et brutale peu coutumière dans le genre ludique alors que le film ne vire jamais dans le racolage ou l'outrance gratuite. La violence sera avant tout ici un moteur pour mieux dénoncer toute son abominable horreur, son poison vénéneux qui s'injecte sans avertir chez nos soldats en cas de guerre des combats.

                    

La première partie du film nous entraine de plein pied dans le fameux train de tous les dangers pour sa destination du Katanga après nous avoir présenté les différents personnages (un docteur alcoolo, un ancien nazi et un sergent congolais) qui auront pour mission de sauver une poignée d'innocents avec une cargaison de diamants à la clef !
Dès le début de leur trajet nos mercenaires vont être tiraillés par un avion hostile qui ne leur laissera pas un instant de répit. Séquence d'action spectaculaire, efficace, adroitement dirigée.
Après un affront inopiné à la tronçonneuse entre notre capitaine Curry et cet ex-officier SS, la suite nous amène dans la fameuse région du Katanga et c'est là que le clou de l'action va intervenir à grand renforts de gunfights et d'explosions en tous genres.
Car le hic qui va chambouler toute l'opération c'est que le coffre fort possède une minuterie et qu'il va falloir attendre 3 heures de plus pour pouvoir s'approprier les diamants. En effet, le banquier n'avait pas prévu que nos mercenaires seraient arrivés si précipitamment.
Et la pire des situations de se produire dans un déchainement de violence commise entre les rebelles "Simbas" et nos mercenaires chevronnés.
Un combat sans merci va alors s'engager pour la survie des colons occidentaux pris en otage contre leur gré où rien ne se déroulera comme prévu.

                                           

En dosant habilement suspense, confrontation de nos personnages marginaux et action haletante, intense et brutale, Le Dernier Train du Katanga est une formidable machine de guerre qui ne relâche pas d'un yota l'intérêt du spectateur pris dans une aventure violente et barbare mise en cause par la sauvagerie d'africains impitoyables dans leur manière de combattre avec leur plus primitive bestialité.
La trame passionnante est loin d'être un film de guerre pétaradant dans le seul but ludique de distraire son spectateur à grand coup de scènes explosives anthologiques. Cette narration intelligente reste à hauteur d'homme contrebalancée dans les conflits psychologiques où ces fameux mercenaires ne sont pas aussi dignes d'éloges. Et plus la trame va s'amonceler, plus l'ambiance deviendra davantage poisseuse, aigrie, désenchantée dans la résultante d'une immoralité impertinente.

                    

Le capitaine Curry formidablement taillé sur mesure pour Rod Taylor est le personnage le plus fascinant et intéressant à examiner dans sa ligne de conduite imparable, son expérience indétrônable dans les situations de danger à haut risque et sa froide rigidité à combattre tête baissée dans les lignes ennemies imposées. La force du scénario et de l'évolution de son personnage sera qu'il devra payer un lourd tribut en fin de parcours désespéré. Un être anéanti, dissous, habité par la haine et la guise de revanche.
Son équipier c'est le Sergent Ruffo interprété par l'acteur black Jim Brown, le personnage le plus humble et loyal dans sa conscience équitable, son sens des valeurs et son humanité retranscrite avec tact et tempérence.
Quand au salopard de l'histoire, l'immonde Capitaine Henlein joué par le génial Peter Carsten est totalement abjecte en nazi sadique sans scrupule, uniquement appâté par le gain et capable de commettre les pires crimes envers ses successeurs ou ces 2 enfants du clan des Simbas venus espionner nos mercenaires. C'est lui qui affrontera à la tronçonneuse le capitaine Curry dans un combat singulier jamais vu dans un film de guerre (surtout pour l'époque !), d'autant plus que la séquence se révèle assez réaliste et intense dans les acharnements de survie. On évitera de spoiler les autres exactions dramatiques commises en sa défaveur tout en évitant aussi de dénoncer son potentiel destin.
Pour adoucir les moeurs, il y a aussi la charmante Claire campée par Yvette Mimieux, personnage féminin docile et fragile, retrouvée par notre troupe héroïque en inadvertance dans un état de choc semi conscient, en tout début de métrage. Elle compose avec frivolité une femme modeste, retenue, éprise de douceur dans son regard nonchalent par toutes les horreurs dont elle sera portée en témoignage.

                    

Le final anxiogène, acerbe et profondément tragique impose un lourd regard condamné sur l'homme devenu animal dans sa fatale intériorité, résultat lamenté d'une violence aveugle auquel aucun de nos protagonistes ne sortira vainqueur.

LEGITIME VIOLENCE.
Le Dernier Train du Katanga est un vrai classique du film de guerre totalement oublié, n'ayant jamais eu la prospérité d'être réévaluer pour ce qu'il est véritablement ! Un sombre témoignage lucide et dur, un triste constat sur l'inutilité de la guerre et cette violence instinctive enfouie en chacun de nous, capable de nous gangréner jusqu'à y perdre l'âme. A moins de trouver une rédemption permissive dans un tribunal arbitraire. La superbe partition musicale de Jacques Loussier, aux accents proches d'une mélodie atypique d'Ennio Morricone ajoute une aura supplémentaire à l'ambiance rêche qui s'évapore du film.

06.09.10

2 commentaires:

  1. Un putain de film de mercenaires à voir obligatoirement ! je l'avais vu à l'époque sur FR3 et il m'en est toujours resté une trace dans un petit coin de ma tête ! Y a des films qu'on n'oublie pas.
    Et quelle finale...
    Un Must

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