jeudi 10 mars 2011

LA RAFLE

                                            

de Roselyne Bosch. 2009. FRANCE. 1H55. Avec : Anne Brochet, Gad Elmaleh, Isabelle Gelinas, Mélanie Laurent, Jean Reno, Sylvie Testud.

L'ARGUMENT: Ce film évoque l'arrestation par des policiers français, le 16 juillet 1942 et la détention au Vélodrome d'Hiver, dans des conditions épouvantables, des treize mille cent cinquante-deux victimes de la rafle du Vél d'Hiv, avant leur déportation, au bout de quelques jours, vers le camp de transit de Beaune-la-Rolande (Loiret) puis le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.
                   
POINT DE VUE RESPECTUEUX: Roselyne Bosch est une productrice, réalisatrice et scénariste française.
Son premier essai: "Animal" sorti en 2005 était un thriller européen insatisfaisant qui ne manquait pourtant pas d'ambition.

"La Rafle décrit le destin de 13 152 juifs condamnés à une mort certaine dans les chambres à gaz et fours crématoires commandité par le plus grand criminel nazi de tous les temps : Adolph Hitler.
L'action se déroule à Paris, pendant l'été 1942, la France est sous l'occupation allemande, les juifs sont obligés de porter l'étoile jaune et s'attèlent déjà à subir les regards et réflexions haineuses de quelques voisins français racistes.
Dans la nuit du 15 au 16 juillet, leur destin va basculer à cause d'un accord entre Hitler et le général Pétain qui décideront d'arrêter et de déporter des milliers de juifs.

                     

Le film suivra le cheminement de ces quelques familles emmenées de force dans un gigantesque vélodrome d'hiver qu'on appelait aussi familièrement le Vél’ d'Hiv’ où elles seront stockées et entassées.
Précarité, Insalubrité, chaleur étouffante, pas de nourriture ni eau jusqu'au moment où un groupe de pompiers de Montmarte décideront de leur porter secours et ouvrir les vannes pour hydrater les miséreux. Ils accepteront également de "faire passer" les lettres que certains juifs avaient écrit en les enfouissant discrètement dans leurs poches.
Au bout de deux jours, ils sont déportés dans un camp de concentration, Beaune-la-Rolande, en France avant leur dernière escapade dans un camp d'extermination.

Difficile de rester insensible, inerte et sans voix face à la force d'un tel fait divers aussi abominable dans l'horreur humaine de tout ce qu'il délivre de plus lâche, radical et abjecte.
Mis en scène sans effet de style ni grandiloquence, "La Rafle" est un bouleversant et vibrant témoignage contre un génocide impensable régit par deux nations dont notre cher pays donneur de leçon sera honteusement complice avec l'amabilité des forces de l'ordre. Un ordre totalitaire sournoisement mené par un général français dénué de la moindre aptitude à reconsidérer la dignité humaine et sa propre éthique douteuse.
Le film raconte avec beaucoup d'humilité et de compassion sans discours moralisateur des conditions de vie déplorables et l'organisation hiérarchisée de ces milliers de juifs errants, affamés et assoiffés, totalement désorientés par leur potentiel avenir incertain, réfugiés dans un camp mortifaire suintant la sueur et la puanteur des excréments accentuées par la chaleur estivale d'un sombre été.

                   

Certains de ses enfants réduits à l'esclavage se lieront d'amitié avec quelques infirmières françaises volontaires et le film va également s'attacher à nous familiariser en particulier avec l'une d'entre elles: Annette Monod campée par la délicate et rayonnante Melanie Laurent dans un rôle tout en finesse pour cette jeune volontaire courageuse pleine de pudeur, acharnée à vouloir coûte que coûte porter secours à ces milliers de prisonniers traités comme du vulgaire bétail où même certaines mères juives seront humiliées, bafouées, battues à mort devant les regards apeurés de leurs enfants par une police française extrémiste réduite à l'aveuglante animosité.
Il y a aussi le Dr. David Sheinbaum interprété par un Jean Reno épris d'humanité dans son lourd regard compatissant qui en dit long sur son impuissance à pouvoir élever sa voix contre une dictature fasciste.
Gad Elmaleh dans le rôle du père juif Schmuel Weismann se révèle plutôt étonnant et tout à fait crédible dans la peau d'un personnage humble de père de famille docile, fier de porter ses origines.
Quand à Sylvie Testud dans le court rôle de la mère juive Bella Zygler, elle opte avec son naturel habituel dans un jeu fragilisé envers son profil psychologique face à l'horreur de cette guerre honteuse qui l'entrainera dans une chute tragique.

                   

Malgré un jeu théatralisé si coutumier auprès de nos comédiens traditionnels pour la composition française, "La Rafle" est un film rare qui force le respect dans notre paysage cinématographique si conforme et balisé.
Un drame de guerre profondément émouvant tout en modestie qui interpelle au plus profond des tripes devant l'authenticité d'un récit terrifiant retranscrit avec une belle vérité, consolidé par l'humanité désespérée de chaque personnage (et tous les enfants sont remarquables !).
L'un des plus beaux films Français que j'ai pû voir sur l'holocauste nazi depuis le chef-d'oeuvre de Robert Enrico: "Le Vieux Fusil".
Petit bémol pour le visuel de l'affiche publicitaire terne et stéréotypée qui méritait tellement plus d'honneur et de respect devant la qualité indiscutable du traitement du film.

NOTE: Lors de sa première semaine de diffusion, le film s'est classé premier en France par le nombre d'entrées (812 932 soit 1 350 spectateurs par copie). La fréquentation augmente la semaine suivante avec plus de 900 000 entrées, pour totaliser 2 470 000 entrées en quatrième semaine.

27/07/10.

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