samedi 12 mars 2011

La Nurse / The Guardian

   Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood90.com

de William Friedkin. 1990. 1h32. U.S.A. Avec Jenny Seagrove, Dwier Brown, Carey Lowell, Brad Hall, Miguel Ferrer, Natalia Nogulich, Pamela Brull, Gary Swanson, Jack David Walker, Willy Parsons, Frank Noon...

Sortie salles France: 25 Juillet 1990

FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés à la cérémonie des Oscars d'Hollywood. 1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.

                               
Démolie par la critique et boudée par le public de l'époque, cette formidable incursion aux sortilèges maternels est à réhabiliter sans l'ombre d'une hésitation.
Deux ans après Le Sang du Chatiment et juste avant d'enchaîner avec Jade (à réhabiliter !) et les décevants Blue Ship et l'enfer du devoir, William Friedkin réaborde en 1990 le registre de l'épouvante, genre qu'il n'avait plus côtoyé depuis 1973 avec son mythique l'Exorciste ! Le Pitch: Un couple récemment installé dans une bourgade de Los-Angeles engage une nurse pour la naissance de leur bébé. Mais cette dernière de prime abord séduisante, avenante et rassurante s'avère une adoratrice des forces du mal pour le compte d'un arbre maléfique adepte de nouveaux-nés. Avec une trame aussi troublante renvoyant aux contes d'antan comme le précisera un des enfants à l'orée du métrage pour sa lecture de Hansel et Cretel, William Friedkin nous concocte une série B horrifique sans d'autres ambitions que de tenter de nous inquiéter efficacement par le biais d'un scénario linéaire sans revirement il faut avouer. Si bien qu'à cause d'une filmographie exceptionnelle en proies aux thématique du Bien et du Mal, peu de critiques et de spectateurs lui pardonneront ce petit film largement sous-estimé lors de sa sortie. A tort, car aussi mineur soit-il, La Nurse parvient à distiller l'inquiétude, l'angoisse, la peur et la fascination à travers ce personnage de Gardienne férue d'un arbre maléfique pour lui offrir le sacrifice de nourrissons en guise de vie éternelle. Et ce à travers le parti-pris plutôt étonnant dans son format de série B sans prétention d'y préconiser un vérisme documenté, notamment grâce à la prestance particulièrement expressive de l'attachante interprétation, méconnue, mais irréprochable. Et sur ce dernier point, La Nurse ne déçoit pas quant à la progression dramatique de la psychologie parentale mise à épreuve d'une suite d'évènements et révélations improbables que le spectateur observe avec une attention sensiblement tendue.  


Jenny Seagrove incarnant le rôle de Camilla avec une beauté aussi sensuelle que reptilienne comme le prouve son immoralité insidieuse vouée aux causes du Mal. Une figure féminine dérangeante donc qui pourrait également évoquer la gouvernante de La Malédiction de Richard Donner ou de manière plus factuelle la tentatrice de The Kiss qu'eut endossé la toute aussi sublime Joanna Pacula. Son regard bleu attirant et son allure concupiscente attirant le spectateur comme le souligne cette séquence où Camilla sort dévêtue de son bain sous l'oeil timoré du mari épris de voyeurisme. Le couple vedette interprété par les méconnus Dwier Brown et Carey Lowell demeure aussi convaincant que d'imprimer sans ambages ce portrait insouciant de jeunes parents débordant d'amour et d'attention pour leur nouvelle progéniture mais qui, par la somme d'évènements troubles et de révélations audios insensées (les messages téléphoniques), vont ensuite redouter l'horrible machination qui se dessine lentement autour d'eux. Et si Friedkin se contente de livrer un récit limpide sans aborder de réflexion, il se rattrape également au niveau de son esthétisme à filmer les éléments d'une nature onirique. A l'instar de superbes séquences picturales sorties tout droit d'un conte pour adultes (Camilla nue au creux de l'arbre, ses promenades nocturnes fantasmagoriques, les rêves insolites du père de famille et ce dernier plan final où, d'un abord de fenêtre, un hibou nous observe sur un bosquet). Quant au final, oppressant et terrifiant, il adopte la tournure d'un cauchemar furibond où l'on retrouve la maestria du maître dans sa manière véloce de filmer des scènes chocs détonantes sans sombrer dans le ridicule (Camilla volant subitement dans les airs, l'intense séquence du type apeuré recroquevillé chez lui par la cause d'une meute de loups et enfin ce final complètement fou donc avec ce combat à la tronçonneuse contre un arbre tentaculaire que n'aurait renié Ashley, clin d'oeil à la saga Evil-Dead).


Oeuvre à la fois étrange, ombrageuse et angoissante pâtissant d'un scénario prévisible mais rehaussée d'une efficacité pour son déroulement narratif, son réalisme vérité et sa distribution infaillible, La Nurse mérite le détour au gré d'images singulières filmées en caméra mobile, voire parfois même agressives, pour nous captiver sans l'ombre de dérision (ou alors si peu si je me réfère au trio de violeurs crapuleux). Et c'est ce qui fait tout le charme de cette série B horrifique finalement crédible à mettre en exergue les odieuses stratégies d'une sorcière maternelle adepte d'une obsession écolo. 

P.S: A privilégier la VOSTFR par son saisissant degré de réalisme. 

*Bruno
04.07.10.
13.09.22

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