jeudi 3 mars 2011

HOUSE

             

de Nobuhiko Obayashi. 1977. Japon. 1H32. Avec Kimiko Ikegami, Kumiko Ohba, Yôko Minamida

BIO: Nobuhiko Obayashi (Obayashi Nobuhiko, né le 9 janvier 1938) est un réalisateur japonais, scénariste et monteur de films et de publicités pour la télévision qui est bien connu pour son style visuel surréaliste.
Il fut particulièrement reconnu pour ses films sur le passage à l'age adulte. Des films tels que Exchange Students (1982) et Futari (1991) développent ce thème tout en conservant les éléments de fantaisie surréaliste propre à son univers visuel.
House est son premier long-métrage.
 
                         

L'ARGUMENT: Une jeune fille contrariée fuit le cocon familial après que son père veuf se soit remis avec une nouvelle dulcinée.
Elle décide alors de partir en voyage chez sa tante, en compagnie de quelques amies. Arrivées dans la demeure, d'étranges phénomènes ne vont pas tarder à sa manifester.

MAGICAL MISTERY TOUR !!!
Attention film ovni ne ressemblant à rien de connu, au risque de donner une migraine pour les non avertis !
Dire que le film dâte de 1977 et que Sam Raimi a dû s'en inspirer pour son fameux Evil-Dead, il n'y a qu'un pas à franchir !
 
                    

La première demi-heure du film chatoyante et folichonne sera digne d'un épisode de Candy ! Sept jeunes filles partent en autobus dans une campagne retirée pour retrouver la demeure esseulée d'une tante solitaire introvertie, vivant seule avec son chat siamois.
Cette première partie rose bonbon mélange allégrement scènes niaises et enfantines avec en arrière plan visuel des planches animées, des paysages dessinés à la main dans des couleurs festives arc en ciel. Pour un peu on se croirait renouer avec l'univers du Magicien d'Oz au pays du soleil levant !
La suite vire de bord tout en restant dans le même esprit visuel avec un florilège de séquences chocs macabros humoristiques d'une inventivité hallucinée !
Imaginez un peu sa singularité foisonnante dans sa folie visuelle contagieuse ! Une jeune fille part chercher un pichet d'eau dans un puits pour en sortir une tête tranchée joyeusement égayée de son traitement morbide, valdinguer dans les airs, rebondir de bas en haut et s'en aller taquiner notre camarade éberluée ! Une autre protagoniste se fera gentiment dévorée par son piano pendant que le restant de ses doigts coupées continuera à interpréter une mélodie inspirée ! Des matelas et des draps survoltés vont recouvrir une fille subitement étouffée dans un nuage de plumes démultipliées ! Des lampadaires vivants s'empressent de kidnapper deux de nos héroïnes funambules et lunatiques ! Une tête et une bouche géante traversent la pièce devant nos charmantes invitées stupéfaites des tailles pharaoniques ! Une vitre se brise et se laisse dégouliner des lambeaux de sang fluides et clairs comme de l'eau colorée ! Comme la tête d'une demoiselle se fissurant, telle des bouts de verre déliés pour laisser place aux flammes de l'enfer !
 
                           

Dans un mélange atypique de fantastique onirique, féérie, poésie et terreur parodique, nos sept fidèles japonaises déconcertées mais tout aussi amusées de cet incroyable spectacle infatigable vont facilement se laisser entrainer pour être happées par des forces diaboliques qui se permettent le contrôle absolu sur la réalité des faits.
Les effets spéciaux cheaps, amusants, débridés et désuets ajoutent un charme kitch qui concorde parfaitement à l'esprit cartoonesque du film. Les idées toutes plus frappadingues les unes que les autres pleuvent à foison jusqu'à un final raisonné, tout en calme contenu, d'une philosophie cristalline sur le sens de l'amour.
La partition musicale en demi-teinte souvent mélodieuse et doucereuse tandis que de temps à autre pop et jazzy accusent bien cette ambivalence d'un univers indéfinissable, mis en scène dans des moyens techniques divers et variés comme l'effet d'animation cartoonesque, les scènes vétustes en noir et blanc, l'emploi du ralenti saccadé, les arrêts sur image ou les planches dessinées à la main.
 
                    

LA MAISON DES 1000 TOURS.
House est un film fantastique hors du commun qui ne pourra pas plaire à tout le monde du fait de son climat insolent vraiment particulier, psychédélique et insolite, totalement livré à l'abandon d'un imaginaire expansif et déchainé, entre un Tsui Hark sous ecstasies et un Sam Raimi filmant son film la tête à l'envers avec une affection pour le merveilleux et le kitch criard assumé.
  
                    

22.09.10.

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