dimanche 6 mars 2011

DOG POUND

                                          
                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site allocine.fr

de Kim Shapiron. 2010. France. 1h31. Avec Adam Butcher, Shane Kippel, Mateo Morales, Lawrence Bayne, Alexander Conti, Tim Turnell, Dewshane Williams, Shawn Doucette, Slim Twig, Trent McMullen...

BIO: Kim Chapiron est un réalisateur français né en 1980 à Hô-Chi-Minh-Ville.
Dog Pound est son second long-métrage après la bombe Sheitan (on aime ou on déteste !) sorti en 2005 et qui fit sensation un peu partout dans le monde.

Les nerfs à vif
A travers la description ultra réaliste d'un univers carcéral américain pour jeunes délinquants, Kim Shapiron nous embarque dans un voyage au bout de l'enfer dont personne ne sortira indemne !
C'est le parcours carcéral de trois nouveaux détenus qui nous est décrit: Davis, 16 ans, trafiquant de drogue. Angel, 15 ans, voleur de voiture et surtout Butch, 17 ans, transféré pour avoir mutilé l'oeil d'un officier dans son ancienne enceinte de détention. Dans cet établissement pour mineurs où règne la loi du plus fort, nos détenus vont rencontrer la dure réalité d'une épreuve de force, où haine et agressivité seront les maîtres morts face à l'impromptu. Surtout lorsque le leader Banks et ses deux complices s'amusent à brimer chaque nouveau détenu pour accéder à la notoriété.

Dans un âpre souci d'authenticité, le réalisateur nous immerge à travers un climat d'insécurité omniprésent au sein de cet enfer blafard. Un climat poisseux régit par la barbarie auquel nos jeunes héros vont devoir traverser pour tenter d'y survivre. Face à tant d'humiliations et de violence quotidiennes, difficile de garder son sang froid et rester de marbre par ces multiples bravades de haine. Le choix est simple: soit on subit devant l'affront de la provocation, soit on se révolte dans la plus brutale des ripostes ! Et à ce jeu là, Butch, adolescent passionné par les jeux du cirque, est une bombe à retardement prêt à imploser à tout moment dans sa révolte intrinsèque. Un jeune garçon désoeuvré, discret et loyal mais laminé par l'injustice et la dictature. Sa nouvelle condamnation à Enola Vale en est le microcosme carcéral érigé sous le principe de l'autorité punitive et du totalitarisme. A travers une narration particulièrement éprouvante pour l'intensité des règlements de compte et la déliquescence morale de l'anti-héros, Kim Shapiron emploie la radicalité, la violence rugueuse sans espoir de rédemption et ce jusqu'à l'ultime point d'orgue au paroxysme du chaos. Il dénonce avec lucidité et un réalisme documentaire l'impuissance d'une hiérarchie incapable de réhabiliter des adolescents livrés à la loi du plus fort dans un milieu hostile particulièrement insidieux.

Niveau distribution novice, ils portent le film sur leurs épaules avec une affliction humaine glaçante !!! Ils ne jouent pas leur rôle, ils le vivent, à l'instar du jeune héros Alexei Kravtchenko de l'inoubliable Requiem pour un massacre de Elem Klimov (Un rôle si difficile et traumatisant qu'après le tournage, il sombra dans une grave dépression !). Ces ados véhiculant aux spectateurs avec souci de vérité leur détresse, leur désengagement face à une société intolérante où l'amour et l'empathie en sont totalement bannis ! Dans la peau de Butch, Adam Butcher est LA révélation ! Il insuffle un jeu instinctif d'émotion primitive ! Il livre avec une stoïcité viscérale ses pulsions vindicatives de haine face à la riposte de la violence lors d'un élan de survie. Son regard meurtri et impassible, bafoué par l'iniquité, hante la mémoire du spectateur par tant de réprimandes infondées. Sans connaître son lourd passé et les raisons punitives pour lesquelles il fut interné, nous sommes bien conscients que ce jeune rebelle avait sans doute été défavorisé par une démission parentale, voire peut-être également des actes de maltraitance laissées en cicatrice.

Demain les mômes
Dans une ambiance immersive de désuétude et d'hostilité, Dog Pound est un uppercut qui met KO après le générique ! Une descente aux enfers abrupte par l'émotion qu'elle nous distille avec la volonté de nous immerger dans la déchéance humaine de détenus indomptables. La mise en scène avisée, autopsiant ces conflits d'autorité avec lucidité et refus de pathos ou de complaisance. Dès lors, il est impossible de sortir indemne d'un tel fardeau retranscrit avec autant de colère et de rancoeur par des acteurs criants de dignité !

NOTE: 2010 : Meilleur Nouveau Réalisateur (Best New Narrative Filmaker) au Festival de Tribeca (fondé par Robert De Niro) pour Dog Pound.

Dédicace à Philippe Nahon
01.09.10

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