vendredi 25 février 2011

THE TOWN (The Town, Prince of Thieves) version longue: 2H31


de Ben Affleck. 2010. U.S.A. 2H31. Avec Ben Affleck, Rebecca Hall, Jon Hamm, Jeremy Renner, Blake Lively, Slaine, Owen Burke, Titus Welliver, Pete Postlethwaite, Chris Cooper, Dennis McLaughlin...

Date de Sortie :  France: 15 septembre 2010     U.S.A: 17 septembre 2010

FILMOGRAPHIE: Ben Affleck (de son vrai nom Benjamin Geza Affleck) est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain né le 15 août 1972 à Berkeley, en Californie.
  • 2007 : Gone Baby Gone
  • 2010 : The Town
CHARLESTON'S GANG.
Ben Affleck assisté au poste de metteur en scène avait beaucoup surpris les réfractaires de l'acteur charmeur à la trogne un peu trop lisse, avec un premier film réussi à la réalisation soignée pour un thriller dramatique poisseux, d'après le roman de Dennis Lehane (Mystic river).
Trois ans plus tard, il remet le couvert et enchaine avec un polar stylisé, dense et nerveux, dans la droite lignée de Heat ou Le solitaire, réalisés tous deux par Michael Mann.


Dans la ville de Charleston, une bande de braqueurs chevronnés menée par Doug MacRay font irruption dans une banque. Après avoir dévaliser les coffres, ils prennent la fuite en compagnie de la directrice de l'établissement afin de couvrir leurs arrières puis décident de la libérer en la laissant saine et sauve près d'une plage.
Surveillée par la bande de malfrats, la jeune fille va se laisser séduire par Doug MacRay qui va subitement en tomber amoureux après l'avoir rencontré de manière aléatoire dans une laverie.
Mais cette idylle naissante pourrait sérieusement compromettre au groupe leurs exactions illégales de grande envergure.

Ben Affleck nous entraine ici dans les rouages perfides d'une organisation consciencieusement structurée. Une équipe de malfaiteurs chevronnés spécialisés dans les braquages de banque et de fourgons blindés.
Un patrimoine familial hérité depuis des décennies dans la ville de Charleston située à Boston auquel l'un des leaders des plus notoires (le père de Doug) s'est malencontreusement déchu de ses droits illégaux pour écoper de longues années derrière les barreaux.
C'est à la suite d'un nouveau braquage audacieux que l'un des membres va tomber amoureux d'une jeune femme et ainsi, sans songer aux conséquences préjudiciables, entrainer la chute irrémédiable de sa petite famille octroyée à la corruption et le crime. Une hiérarchie mafieuse, castratrice et sournoise qui s'oppose sans restriction à l'infidélité autonome du désengagement professionnel quand l'un des leurs envisage de démissionner et refuse d'obtempérer au dernier coup faramineux comploté. Car Doug soudainement épris de sentiments souhaite mettre un terme à sa carrière de braqueur inflexible pour définitivement raccrocher sa vie incriminée et partir dans les bras de sa dulcinée vers de lointaines contrées. ATTENTION SPOILER !!! Mais il aura fallu que sa compagne apprenne la véritable identité de celui-ci pour faire voler en éclat ses ambitions salvatrices. L'ultime recours pour Doug serait alors de renouer avec ce troisième braquage singulier pour sauver la vie de celle qui chérie, menacée de mort par le gang de Charleston. FIN DU SPOILER.


Avec un scénario assez orthodoxe et une légère impression de déjà vu, Ben Affleck réussit malgré tout à captiver et maintenir un intérêt croissant quand à la structure de son récit intense davantage en chute libre dans les méfaits exposés jusqu'au final explosif en apothéose. Un long moment d'anthologie qui laisse le souffle coupé, formant un écho direct à la célèbre séquence de Heat pour son mitraillage orgasmique incessant entre les malfaiteurs contre les forces de l'ordre déployées en plein environnement urbain et devant une foule de citadins lambdas tétanisés de stupeur !
Même si en l'occurrence l'action débute son terrain de jeu dans l'étroitesse d'un parking souterrain lugubre clôturant sa besogne meurtrière effrénée aux abords d'une avenue assaillie par une armada de flics frénétiques armés jusqu'aux dents.
C'est avant tout le profil établi envers ses gangsters adroits et présumés qui fait la force de la narration établie en faveur de leur psychologie tourmentée. En particulier, Doug Mac Ray épris d'amour pour une jeune femme mûre et assumée, souhaitant à travers cette idylle naissante une potentielle rédemption face à ces actes incriminés et ainsi racheter sa lâcheté dans une vie de couple harmonieuse et platonique.
Tandis que les autres témoins alloués au mal ou aux valeurs morales ne sont pas en reste dans leur évolution personnelle, accentuant ainsi la stylisation fascinée d'une saga familiale fatalement déchue de leurs immoralité subversive.


Ben Affleck est loin de livrer une interprétation inoubliable mais se révèle contre toute attente assez convaincant et empathique dans son personnage de braqueur romantique. Une composition sobre et tempérée dans sa psychologie demi-mesurée vouée à la violence docile de ses actes frauduleux mais aussi à sa repentance contribuée par la délivrance de l'amour.
Jeremy Renner volerait presque la vedette à son fidèle homologue pour ce duo d'acolytes n'éludant pas les conflits virils quand Doug décide de fuir sa vie de marginal perverti par le vol répréhensible et l'avilissement du mensonge contraignant.
L'acteur contestataire au charisme authentique dans sa trogne de braqueur téméraire imprègne l'écran de son tempérament froid, agile, violent, voir suicidaire dans son ultime baroud d'honneur.
La séduisante Blake Lively dans un second rôle moindre de jeune mère facile, paumée et esseulée, secrètement amoureuse de Doug, apporte une jolie prestance dans son effervescence nonchalante.
Une composition poignante et désabusée pour un beau portrait de femme marginale entachée par son marasme et cette quête exutoire assumée en derniers recours pour racheter ses pêchers mais aussi sauver la vie inconstante de sa petite fille candide.


SUR LA ROUTE DE LA PERDITION
The Town se révèle donc un excellent polar, intense et nerveux qui doit beaucoup à la psychologie fouillée de ses personnages, en dehors de séquences d'action virtuoses jamais racoleuses, entièrement élaborées à l'évolution du récit qui culmine son point d'orgue dans une longue séquence apocalyptique furieusement effrénée.
Ben Affleck apporte également une petite touche insolite d'originalité à propos de l'accoutrement vestimentaire établie pour nos braqueurs de banque, masqués de façon volontairement grand guignolesque et saugrenue. 
Son final en demi-teinte qui laisse entrevoir une lueur d'espoir pour un homme pénalisé par son passé prohibé, abdiqué à la solitude, achève une oeuvre maitrisée et fascinante sans verser dans la mièvrerie édulcorée que l'on aurait pu futilement craindre à la vue d'un sujet rebattu.

13.02.11.
Bruno Matéï

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